La rencontre entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo a eu enfin lieu. Les deux camps en avaient assurément besoin. Alassane Ouattara est confronté à la dure réalité du troisième mandat. Nous savons tous que même si la communauté internationale ne dit pas grand-chose publiquement, elle n’en pense pas moins. Elle est dans sa majorité opposée aux troisièmes mandats, qui foulent aux pieds les principes démocratiques les plus élémentaires qu’elle entend défendre. Mais sous la pression de la diplomatie française, elle tolère dans le pré carré de celle-ci des gens comme Alassane Ouattara ou Deby Itno. Les institutions financières internationales, quant à elles, sont plus regardantes et préoccupées. Craignant une brusque dégradation du climat politique et social, comme c’est le cas en général dans les pays où les dictateurs locaux se sont essayés à la pratique du troisième mandat, elles ont gelé leurs concours financiers en attendant d’y voir plus clair. Le FMI et la Banque mondiale, en effet, classent la Côte d’Ivoire dans la catégorie des pays à haut risque. Alassane Ouattara, acculé, a besoin de desserrer l’étau.
De plus, la France lui met la pression pour qu’il donne des gages d’ouverture et de stabilité, car elle a peur que la caution qu’elle apporte au régime de Ouattara ne lui soit préjudiciable dans le concert des nations, s’il s’avère que son protégé n’est qu’un dictateur obtus et fermé à toute forme de dialogue. Devant cette double pression de la communauté financière internationale et de la diplomatie internationale représentée par Paris, Alassane Ouattara n’avait d’autre choix que de jouer l’ouverture. Il lui fallait donc cette rencontre avec Laurent Gbagbo et des photos d’eux, les montrant souriants, s’embrassant et s’avançant les mains dans les mains. Cette rencontre était une véritable opération de cosmétique politique, destinée à redorer le blason de la Ouattarie et à montrer que le pays fait des progrès dans la voie de la réconciliation et de la paix. Ce que le Président Gbagbo ignorait peut-être, c’est qu’Alassane Ouattara plus que lui, avait absolument besoin de cette rencontre.
En effet, il entend rencontrer le président français Emmanuel Macron à l’Élysée, début septembre prochain. Or, cette audience est conditionnée par la présentation de gestes d’apaisement concrets et d’ouverture envers l’opposition. Les discussions entre l’ancien et le nouveau chef d’État ivoirien sont une preuve concrète que le régime sort de son enfermement autoritaire et s’engage dans un dialogue constructif avec l’opposition. Alors, après Laurent Gbagbo, la France entend obtenir d’Alassane Ouattara qu’il continue les discussions avec l’autre partie de l’opposition qui n’a pas encore été reçue.
Pour ce qui est de Laurent Gbagbo, il avait lui aussi besoin de cette rencontre. Il espère, après cette discussion presque d’égal à égal avec Alassane Ouattara, prendre la stature de chef de file de l’opposition, face à un Henri Konan Bédié qui tient ce rôle jusqu’à ce jour. Le Président Gbagbo, qui est plus fin tacticien, a accepté de bon cœur d’aller à cette rencontre, au nom des dividendes qu’il pourrait en tirer. Au-delà du statut de chef de fil de l’opposition, il a compris qu’il pouvait manœuvrer habilement pour obtenir la libération de tous ses militants emprisonnés et intégrer le dispositif politique national presque normalement. N’oublions pas qu’Alassane Ouattara tenait au-dessus de sa tête la peine de 20 ans de prison comme une épée de Damoclès. Il a rapidement compris qu’il pouvait profiter de l’exposition médiatique que provoquerait cette entrevue, pour renforcer son crédit auprès de sa base en Côte d’Ivoire et au-delà. Alors, il a publiquement insisté devant les micros et les caméras, sur l’impérieuse nécessité de libérer ses militants incarcérés, embarrassant l’actuel chef de l’État qui a botté en touche.
Ainsi, chacun est allé à cette rencontre avec son agenda caché personnel. Mais dans les faits, au titre des résultats concrets, cette rencontre fut plus symbolique qu’autre chose. Il n’y eut aucun aparté, aucune séance de travail et aucun sujet qui fâche n’a été abordé. Ni la question du troisième mandat, ni celle de la démocratisation de la Côte d’Ivoire n’ont été mises sur la table. On a eu droit à des séquences de franches rigolades, de tapes dans le dos, d’accolades, sans plus. Le bal des hypocrites a été parfaitement exécuté devant les caméras.
On l’a vu, on l’a senti. Le Président Gbagbo était à son aise. Il était décontracté, dès son arrivée au palais présidentiel, allant même jusqu’à taquiner au passage, le personnel qu’il reconnaissait. Il s’y est présenté en véritable chef des lieux.
Quant à Alassane Ouattara, il était crispé dans son costume, portant le masque du coupable, bégayant, ne sachant où se mettre. Tandis que Laurent Gbagbo l’amenait sur le terrain politique, Alassane Ouattara, lui, a balayé d’une seule phrase la crise que notre pays a subi avec son lot de plus de 3 000 morts. Par contre, il s’efforçait de ramener la discussion à une sphère privée, appelant son interlocuteur « jeune frère, mon ami », avec qui il parle souvent supposément. Un ami, un frère qu’il a fait déporter à la CPI et fait tout ce qui était en son pouvoir pour le maintenir en prison, loin de la Côte d’Ivoire. C’est justement cette culpabilité mal dissimulée qui le poussa à présenter des condoléances malvenues au Président Gbagbo, comme pour redorer son blason. Écoutez-le plutôt.
Ce faisant, Alassane Ouattara avoue et reconnaît la bonté de Laurent Gbagbo qui a été humain de le laisser rentrer en Côte d’Ivoire pour enterrer sa mère alors qu’il était en exil. Pourtant, le même humanisme n’a pas prospéré chez lui, quand il s’est agi de la mère du Président Gbagbo alors qu’il était incarcéré à la CPI. Alassane Ouattara n’avait pas autorisé son retour en Côte d’Ivoire pour les obsèques de sa mère, évoquant des questions de sécurité pour les populations ivoiriennes, le personnel de la CPI et pour Laurent Gbagbo lui-même. De ce fait, la CPI n’a pas eu d’autres choix que de refuser cette liberté provisoire, alors que Jean-Pierre Bemba, emprisonné durant la même période que le Président Gbagbo à la prison de Scheveningen, a bénéficié de deux permissions de sortie, une à l’occasion du décès de son père et l’autre, lors des obsèques de sa belle-mère.
Ces condoléances au Président Gbagbo cachaient bien mal l’aveu du malfrat. Croyant bien faire, Alassane Ouattara s’est rendu plus détestable, apparaissant sous son vrai visage d’homme sans cœur, décapiteur de tête pour le pouvoir.
C’est ainsi le destin de ceux qui veulent toujours écraser les autres. Imaginez que dans la nuit, vous ayez voulu assassiner votre femme d’un coup de fusil et que la providence lui sauve la vie. Vous ratez donc votre cible. Quel sera votre visage le matin devant la famille ? Vous l’aurez compris, c’est bien la posture d’Alassane Ouattara face à Laurent Gbagbo. Voilà pourquoi il était gêné et défait. Disons que Woody de Mama en fin tacticien a plutôt bien manœuvré. Comme dans une partie de dame, chacun a avancé son pion sur le damier. Mais, pour celui qui a suivi la conférence de presse, on peut dire que la balle est désormais dans le camp d’Alassane Ouattara. C’est maintenant à lui de libérer les prisonniers politiques et de laisser tous les fils de la Côte d’Ivoire de retourner au bercail. Autrement dit, Alassane Ouattara est mis au pied du mur.
C’est pourquoi dès que Laurent Gbagbo a quitté le palais présidentiel, comprenant qu’il avait été dominé, il a aussitôt convoqué ses collaborateurs pour une séance de débriefing à son domicile. L’analyse du Ministre Cissé Bacongo, nommé expressément et précisément parce qu’il a de bonnes relations avec Laurent Gbagbo, était parmi les plus attendues. Quelles qu’en soient les conclusions pour l’heure, les deux hommes ont entamé ce mardi 27 juillet 2021, une partie de poker menteur dont seul l’un d’entre eux, remportera la partie. Fatalement, l’un devra disparaître au profit de l’autre. C’est la loi de la nature. Que dis-je, c’est la loi de la politique ivoirienne.
Mais, avez-vous remarqué comme moi, l’absence du supposé Ministre de la Réconciliation, M. Kouadio Konan Bertin, à cette audience ? Cela est une preuve, si besoin en était, qu’il y avait anguille sous roche. Qui vivra verra.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
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