Le Sénégal est connu dans la sous-région ouest-africaine comme étant le plus stable. Il est une exception et fait la fierté de l’Afrique pour n’avoir jamais connu de coup d’État militaire. Et pourtant, ce n’était pas évident, puisqu’il y a eu l’épisode casamançais.
Cependant, l’alternance démocratique au sommet de l’État y est une réalité depuis 1980. Mais aujourd’hui, les Sénégalais s’interrogent. Avec le regain de tension politique qui résulte de l’affaire Ousmane Sonko, les Africains s’inquiètent.
Alors, on est endroit de se demander ce qu’il adviendra de ce pays que la presse aime à qualifier, avec raison « de démocratie exemplaire ! », « de vitrine démocratique ! », « d’exception sénégalaise ! ». Analysons de près ce qui s’est passé dans ce pays au plan politique, depuis le départ d’Abdoulaye Wade et l’accession au pouvoir du Président Macky Sall.
Le Président Macky Sall, il faut l’avouer, est un homme habile et dynamique. Du moins, c’est ainsi qu’il est perçu. Dès les débuts de son mandat, l’espoir était grand et l’espérance forte. Il avait été une victime du Président Wade dont il avait été autrefois un très proche et souvent le bras séculier. Victime donc de la persécution et de l’acharnement de son ancien mentor, il est arrivé au pouvoir, porté par une opinion qui ne supportait pas cette injustice et qui en avait assez de la vieille garde, incarnée par M. Wade et son système. Mais, ce qu’il faut que les Sénégalais sachent, c’est que Chris Yapi a découvert que l’intrusion d’Alassane Ouattara dans la vie politique sénégalaise est en train de déteindre négativement sur le comportement du Président Macky Sall. En créant une amitié au forceps avec le président sénégalais, Alassane Ouattara s’attèle à dévoyer la bonne marche démocratique de ce pays.
Ce que les Sénégalais doivent d’abord savoir, c’est que pour son propre malheur, c’est le Président Abdoulaye Wade qui l’a activement soutenu dans sa conquête du pouvoir en Côte d’Ivoire.
En effet, à la première occasion et comme à ses habitudes, Alassane Ouattara l’a trahi . Le Président ivoirien n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts. Dans la perspective de son troisième mandat, il a compris qu’il était plus rentable pour lui de se rapprocher de Macky Sall, qui l’intéressait. Il a donc tout fait pour effacer son amitié avec son ancien bienfaiteur Abdoulaye Wade et le voua aux gémonies.
Pourtant, aussi bien politiquement que financièrement, Abdoulaye Wade l’aidé à devenir président. Comment cela s’est-il déroulé ?
Premièrement, au cours de la crise post-électorale de 2010-2011, le Président Wade pesa de tout son poids avec le Président Compaoré du Burkina Faso, au sein de la CEDEAO, pour que celle-ci reconnaisse la victoire d’Alassane Ouattara, qui pourtant semblait controversée.
En effet, au sommet de la CEDEAO à Abuja, le tandem Compaoré-Wade contre le petit Cap Vert, demanda que non seulement la CEDEAO prenne acte de la victoire de Ouattara et exigea que l’organisation sous-régionale adoptasse le principe d’une force de la CEDEAO pour déloger Laurent Gbagbo du pouvoir.
Mieux, ce sont les présidents Wade et Compaoré qui tordirent le bras à l’UEMOA le 22 janvier 2011, pour dégager le gouverneur Philippe-Henri Dacoury-Tabley à Bamako. Ils mirent la BCEAO à la botte du Président Ouattara qu’ils considéraient comme le président élu, asphyxiant du coup le gouvernement Gbagbo. En outre, pour la campagne présidentielle d’Alassane Ouattara de 2010, Abdoulaye Wade lui avait donné 4 milliards de Francs CFA comme contribution personnelle. Mais, voyons comment il a trahi le Président Wade, son bienfaiteur.
Alassane Ouattara, il faut le souligner, a tout de suite soutenu le candidat Wade dans le cadre de son élection présidentielle pour un troisième mandat en 2012, après modification de la Constitution par ce dernier. À l’époque, Il avait un mépris souverain pour Macky Sall, en qui il ne voyait qu’un piètre politicien, inapte pour la fonction présidentielle. Sa préférence et son choix était donc le candidat Wade et il ne cessait de le proclamer auprès de ses visiteurs du soir. Aussi, quand fut venu le temps de la campagne présidentielle, c’est tout naturellement qu’il contribua financièrement à la cagnotte électorale de son bienfaiteur. Aucun kopeck ne fut accordé au candidat Macky Sall.
À la surprise générale, un second tour s’imposa. Les convictions d’Alassane Ouattara vacillèrent, son amitié aussi. Discrètement et à l’insu du Président Wade, il donna une bien maigre contribution au candidat Sall, tout en espérant qu’il échoue. Cependant, il faut que je signale que cette pratique, il la tient de feu le Président Félix Houphouët-Boigny. On le sait, ce dernier avait l’habitude de financer tous les camps engagés dans le scrutin. Ainsi, il était sûr d’être l’ami du prochain président élu. Au Sénégal, on connaît la suite. Macky Sall remporta le scrutin au grand ahurissement du président ivoirien.
Après les larmes de crocodile versées pour pleurer la défaite de son bienfaiteur Abdoulaye Wade, Alassane Ouattara ne tarda pas à lui tourner le dos, sans état d’âme.
Il lui fit des entourloupes dignes des scénarios de la mafia. L’exemple le plus remarquable, c’est le cas Karim Wade, le fils du Président Wade.
En effet, voyant ce dernier empêtré dans la tourmente des affaires et subissant le courroux judiciaire du nouveau pouvoir, Alassane Ouattara décida de donner un coup de pouce à Macky Sall. Si vous avez observé, Karim Wade a gagné tous les procès intentés contre le régime Sall devant les juridictions internationales, sauf à la cour de justice de la CEDEAO. Eh bien, c’est Alassane Ouattara qui est personnellement intervenu auprès du magistrat ivoirien qui dirige cette institution, pour débouter le fils Wade. Ce fut sa deuxième trahison.
Karim Wade, qui un temps fut réfugié au Qatar, décida de rentrer dans son pays. Alassane Ouattara, qui pourtant s’était proposé pour faire une médiation entre les deux camps, fut celui qui conseilla l’intransigeance à Macky Sall. Il lui demanda en l’occurrence de lui interdire d’atterrir à Dakar, comme ce fut le cas pour Guillaume Soro à Abidjan, le 23 décembre 2019. Cette information est authentique et ne pourra être démentie. On peut interroger Karim Wade sur ces points et il pourra les confirmer, car il le sait lui-même. Depuis lors, son soutien à Macky Sall n’a point faibli. Il le conseille activement et de la plus mauvaise manière.
À présent, intéressons-nous aux manœuvres politiciennes de Macky Sall que le Président Ouattara a inspiré. D’abord, il lui a suggéré d’écarter ses éventuels adversaires à la future élection présidentielle sénégalaise de 2024. Mais là où Alassane Ouattara a été abominable, c’est l’encouragement et l’insistance pour que le Président Sall fasse un troisième mandat. Il argue qu’il existe la jurisprudence Wade.
Pour rappel, en 2001, un an après son élection pour sept ans, Abdoulaye Wade avait en effet changé la Constitution pour instituer un quinquennat renouvelable une fois. Après sa réélection en 2007, il avait de nouveau fait modifier la Loi fondamentale pour rétablir le septennat. Et s’était présenté pour un troisième mandat qui avait finalement causé sa perte. Grâce à la révision constitutionnelle que Macky Sall avait adoptée en 2016, au cours de son premier mandant de sept ans, il pourrait lui aussi dire que son premier mandat, de 2012 à 2019, « ne compte pas » et que selon la nouvelle Constitution, il n’avait effectué qu’un seul mandat, celui de 2019-2024. À cet effet, il n’aurait qu’à sortir la décision rendue par le Conseil constitutionnel en 2012 pour soutenir sa position.
Suivant ainsi les prescriptions de son aîné Alassane Ouattara, Macky Sall s’est mis à limoger à tour de bras dans son entourage, tous ceux qui se posaient des questions sur la simple probabilité d’un troisième mandat. Ainsi, il limogea d’abord Sory Kaba, Directeur des Sénégalais de l’extérieur au ministère des Affaires étrangères, qui avait déclaré que le Président Sall ne pouvait constitutionnellement faire un troisième mandat. Puis, il limogea Moustapha Diakhaté, ancien chef de la majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), de son poste de Ministre-conseiller à la Présidence, pour avoir déclaré que Macky Sall est un homme honnête, qui ne ferait pas un troisième mandat. Exactement comme Alassane Ouattara demanda à Guillaume Soro de rendre le tablier de la présidence de l’Assemblée nationale. Ce dernier avait commencé à émettre des interrogations sur la légalité du projet présidentiel d’effectuer un troisième mandat.
De même l’opposant Ousmane Sonko, qui est arrivé troisième à la dernière présidentielle, fut limogé de son poste d’Inspecteur des impôts et radié de la Fonction publique par décret présidentiel. Aujourd’hui, cet opposant radical, qui fait figure de dernier vrai opposant politique au Sénégal, est visé par une procédure pénale pour viol. L’objectif est de lui infliger une condamnation pénale qui lui barrerait définitivement la route de la prochaine présidentielle.
Chris Yapi en collaboration avec Abdou Mbacké depuis Dakar.
TENSIONS POLITIQUES AU SÉNÉGAL : QUAND ALASSANE OUATTARA CONSEILLE UN TROISIÈME MANDAT À MACKY SALL.
Visionnez cette publication sur la Chris Yapi TV Officiel : https://youtu.be/BJ1Sa5I1oE0
Chris Yapi en collaboration avec Abdou Mbacké depuis Dakar.