APRÈS LA CHUTE D’IBK AU MALI : LE PLAN DE RIPOSTE D’ADO DÉVOILÉ
Hier matin, Alassane Dramane Ouattara s’est réveillé en se demandant s’il ne vivait pas un cauchemar éveillé. Avec la chute soudaine et rapide du Président malien IBK, ses pires craintes se sont réveillées et ses angoisses les plus cachées ont refait surface. Cette épouvante qui étreint le Président Ouattara a un nom : le coup d’État militaire. Lui-même fervent faiseur de coup d’État en Côte d’Ivoire et soutien actif des tentatives de coup d’État au Burkina Faso, au Gabon et en Guinée-Bissau est, comme par ironie, celui qui en a le plus peur depuis son accession au pouvoir. Il vit comme une horreur absolue, le fait que lui, le super-héros venu du FMI, puisse échouer entre les mains de bidasses révoltés, qui vont lui donner des taloches sur son crâne dégarni.
C’est pourquoi, quand il a reçu le coup de fil d’Hamed Bakayoko, lui confirmant ce qu’il craignait le plus, à savoir la fin du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita, son monde s’est écroulé et son univers mental a été pulvérisé.
En effet, en prenant son café le matin, il s’imaginait encore capable de renverser la situation et de faire plier la junte militaire qui avait déboulonné le régime malien.
N’est-il pas l’homme qui a gagné tous ses combats, comme il se plait à dire ? Il n’avait aucun doute là-dessus : il réussirait à effaroucher suffisamment les soldats mutins, tenir en respect le peuple malien et maintenir IBK Président de la République. Il n’en doutait pas : il remporterait cette autre bataille et en sortirait avec l’auréole du héros.
Hélas, les choses se sont passées autrement. IBK a été arrêté, a annoncé sa démission, limogé le gouvernement et prononcé la dissolution de l’Assemblée nationale. Et, comme on peut l’imaginer, Ouattara est entré dans une forme de furie grave. Il a estimé que les choses n’en resteraient pas et que les soldats putschistes ne devraient pas l’emporter aussi facilement. Il a appelé plusieurs chefs d’État ouest-africains pour les rallier à sa posture de fermeté vis-à-vis du peuple malien.
À un chef d’État, choqué, dont nous tairons le nom, voici en gros ce qu’il a dit : « c’est inacceptable de laisser un groupe de bandits venir renverser Ibrahim. Ils sont incapables de combattre les djihadistes, mais sont suffisamment courageux quand il s’agit de s’en prendre à un président civil, démocratiquement élu. Laisser faire ces gens, ce serait donner un blanc-seing à mes soldats, mais aussi aux autres, pour faire ce qu’ils veulent. Il ne faut pas laisser germer cette mauvaise graine dans nos pays ». Et d’ajouter : « encore heureux que chez moi, c’est une bande d’idiots illettrés, qui aiment juste l’argent, qui ne bougeront pas ».
À force d’activisme auprès de ses pairs de la sous-région et auprès du Président français, pour obtenir un front commun contre les soldats maliens, il a fini par obtenir un communiqué musclé de la CEDEAO, dont il avait déjà dicté les grandes lignes à l’Ivoirien Jean Claude Brou, son ancien ministre devenu Président de la Commission de la CEDEAO. Avec le Président français Emmanuel Macron, la tâche fut plus difficile. Ce dernier, très réticent désormais avec tout ce qui vient d’Alassane Ouattara, depuis le grave reniement dont il s’est rendu coupable, vis-à-vis de son engagement de ne pas briguer un troisième mandat, a choisi de ne pas s’impliquer dans ce dossier. Il a demandé au Président Ouattara de voir cela avec son ministre des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian. Maigre consolation pour Alassane Ouattara qui voulait embarquer Emmanuel Macron dans ses délires et lui faire épouser sa ligne politique. C’est un communiqué de condamnation par principe, rédigé du bout des doigts et prononcé du bout des lèvres que Le Drian fit publier.
Alassane Ouattara qui avait rassuré IBK et ses proches de sa détermination à les maintenir au pouvoir, qui leur avait juré que des troupes internationales seraient mobilisées pour leur porter assistance, s’est trouvé face à son échec. IBK a été arrêté. Les militaires ont gagné et ont obtenu le soutien de la population. Mais, le Président Ouattara ne veut pas s’arrêter sur cet échec. Car, en vérité, il ne se bat pas pour IBK, mais pour lui-même. Un coup d’État réussi au Mali pourrait donner des idées aux militaires ivoiriens. Il sait que la situation socio-politique est explosive à Abidjan. Il sait que l’armée grogne, vu le nombre de morts chaque jour dans le pays, du fait des milices civiles, armées et entretenues par son régime.
En dehors des réunions de la CEDEAO, dont il commence à douter de l’efficacité à cause des intérêts diplomatiques des uns et des autres, il a décidé de mettre en place une cellule de crise dédiée exclusivement au traitement de la situation malienne et de ses possibles répercussions sur son propre pouvoir. Hier, Alassane Dramane Ouattara a convoqué une réunion d’urgence avec cette cellule pour voir comment préparer une riposte à la mesure de l’offense et qui devrait être fatale à la junte militaire et au peuple malien.
Cette réunion dont Chris Yapi va vous dévoiler les grandes lignes est importante et doit être portée à la connaissance de ceux qui gouvernent maintenant le Mali.
La réunion qui s’est tenue au palais présidentiel avait pour objet unique : mise en place d’un plan de gestion de la crise au Mali avec les acteurs internes locaux et ceux en charge des questions de défense en Côte d’Ivoire, afin d’éviter la propagation des effets de la révolte sur le sol ivoirien. Après discussions, la réunion a validé deux niveaux de ripostes coordonnés :
- Le niveau national, en collaboration avec les forces militaires légalistes du Mali. Ce volet a été confié au Général Diomandé Vagondo, Ministre de la Sécurité ;
- Le niveau africain, confié à Hamed Bakayoko et Téné Birahima Ouattara dit Photocopie.
Concrètement, le Général Vagondo est chargé d’entrer en contact avec des militaires maliens qui ne sont pas partisans de ce coup d’État. Il doit les encourager à faire un contre coup d’État dit coup d’État de la rectification. Alassane Ouattara estime qu’à partir du moment où les chefs d’État de la CEDEAO regardent le putsch au Mali sans rien faire, ils ne feront rien également si d’autres militaires font un autre coup d’État. Dès que des volontaires seront trouvés et prêts à s’engager, le Général Vagondo leur fournira les moyens dont ils ont besoin pour passer à l’action : argent, renseignements, armement, etc.
Hamed Bakayoko et Photocopie, quant à eux, sont chargés de continuer à faire du lobbying auprès des chefs d’État africains hésitants, pour qu’ils rallient la position extrême qui a été de fermer les frontières avec le Mali. Cette équipe de crise doit rendre compte deux fois par jour au Président Ouattara, sur l’état d’avancement des missions qui lui ont été confiées. La junte qui vient de prendre les rênes du Mali doit donc prendre ses dispositions et être très vigilante, car Alassane Ouattara va tenter un coup d’État de la rectification dans ce pays.
Beaucoup de présidents ouest-africains s’interrogent sur la panique et la frénésie qui se sont emparés d’Alassane Ouattara depuis le début des évènements au Mali. Aux réunions, il parle du Mali comme s’il était le président de ce pays. La plupart sont choqués de la condescendance avec laquelle il parle du peuple et des militaires maliens. Certains de ses pairs estiment qu’il ne faut pas aller trop vite en besogne et que par exemple, pour fermer toutes les frontières avec un pays contre lequel on n’est pas en guerre, il faut obtenir l’aval de leur parlement. Mais, le Président Ouattara n’en a cure. Il veut faire payer au Mali le mauvais exemple qu’il donne à la Côte d’Ivoire.
Pourtant, lui qui se prétend houphouétiste devrait se rappeler cette vieille sagesse du Président Félix Houphouët-Boigny : « la paix dans son pays commence par la paix chez le voisin ». Qu’il résume dans cette belle phrase : « quand la case du voisin brûle, il faut se dépêcher de l’aider à l’éteindre ». Alassane Ouattara, lui, active le feu.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
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