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Billet de blog 5 mars 2016

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De l'utilisation du téléphone portable en classe...

Le téléphone portable est devenu cet "appendice" incontournable pour des milliards d'humains. A l'échelle de nos élèves collégiens et lycéens, cet appendice est non seulement devenu indispensable, vital, véritable marqueur social mais aussi très polyvalent quant aux multiples fonctionnalités qu'il met à disposition de ses utilisateurs.

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Le téléphone portable est devenu cet "appendice" incontournable pour des milliards d'humains. A l'échelle de nos élèves collégiens et lycéens, cet appendice est non seulement devenu indispensable, vital, véritable marqueur social mais aussi très polyvalent quant aux multiples fonctionnalités qu'il met à disposition de ses utilisateurs.

Parmi ses formes d' utilisation, il y a les plus connues: téléphone, horloge, appareil photo, envoi et réception de messages, jeux...

Et puis il en est d'autres, très utiles à la majorité, l'immense majorité, de nos élèves...

C'est le magazine L'Obs, dans sa livraison en date du 3 mars, qui donne la parole à nos chers ados, "petites poucettes" expertes et experts. Et l'on apprend ce que nous supposions, ce que parfois même nous avons surpris, en le sanctionnant bien sûr! "Vous ne respectez pas le réglement intérieur! Donnez-moi ça! Vous le récupérerez ce soir avant de partir!"... Eh oui car, et ils le savent bien, un autre réglement interdit toute confiscation d'objets appartenant à nos élèves (à l'exclusion d'objets pouvant présenter un danger pour l'intégrité physique d'adolescents ou d'adultes dans l'enceinte des établissements).

Toute aussi évidente est l'interdiction d'utiliser ces merveilleuses petites machines pendant les cours! La moindre sonnerie intempestive surprenant et perturbant toute la classe entraîne une enquête immédiate et le retrait de l'objet devenu prise de guerre.

Et pourtant, si vous saviez... Mais vous savez, n'est-ce pas?....

(J'emprunte la suite, en le résumant, à l'article de L'Obs cité plus haut, pages 34 à 39. Il est signé Céline Cabourg et Boris Manenti).

Les smartphones sont la plupart du temps sagement éteints et rangés au fond du cartable ou de la poche d'un blouson.

Plus souvent, beaucoup plus souvent, ils sont dans la trousse ou "travestis" par la coque innocente d'une calculette. En mode "photo" et/ou "vidéo". On se prend en selfie en barrant l'image d'un bandeau "Espagnol". On envoie un message incompréhensible au commun des adultes mortels: "JPP (Mais non! Pas Jean-Pierre Papin!! "J'en Peux PLus") de ce cours de maths!". Immédiatement repris et/ou surligné d'un nombre certain d'émoticones, en train de sourire ou faisant la gueule... Les possibilités sont infinies). Plus rarement, car plus risqué, on filme ses profs, de dos. Pas par méchanceté la plupart du temps. Par défi, par ennui, par habitude...

Et puis on textote. Jusqu'à 300 messages par...jour! Y compris lorsqu'ils sont à 10 mètres les uns des autres. Pour dire quoi? Critiquer tel ou tel enseignant, (le mot critique s'entend aussi de manière positive. Si si! Cela arrive et plus souvent qu'on l'imagine), évoquer les amours, les parents, les potes... Le portable devient confident. Il sèche les larmes. Et puis il a cette vertu incomparable de permettre de s'ennuyer ensemble, le succés du hastag #jemefaisiech (Je me fais chier) en fait foi.

Le téléphone (portable) offre aussi de multiples occasions de tricher. Ne levez pas les bras au ciel. Nous avons TOUS triché un jour. Voire même plusieurs jours! Si si, souvenez-vous...

Donc elles et ils trichent. Par exemple, ce sont les 4e D qui, les chanceux, reçoivent via Snapchat la photo du contrôle (voire du corrigé, c'est mieux!) réalisé deux jours plus tôt par les 4e A. C'est aussi, classique, le portable posé sur la chaise pendant telle interro de physique. Assis(s) dessus il est facile d'aller y chercher les réponses sur Internet. Adèle, 14 ans et élève modèle à Paris, balance les astuces des autres:

"Certains enregistrent des bouts de cours au dictaphone. Le jour de l'interro, ils font passer le fil de l'écouteur dans la manche de manière à ce qu'il ressorte au niveau du poignet". Puis on passe la bande-son et roule ma poule...

Les devoirs (ah les devoirs-maison! Ces incontournables exercices évalués ou pas qui permettent d'approfondir les connaissances, et tout et tout...) sont l'occasion aussi de "travailler en équipe". Les groupes et conversations groupées sur Facebook révèlent alors un potentiel insoupçonné. Parfois (et même souvent) de manière très utile: échange de photos de notes prises en cours et que l'on "exporte" vers un camarade malade, donc absent; explications autour de tel ou tel exercice. Il arrive aussi qu'un devoir, fait par l' "intello" de la 2nde  B, parvienne aux 31 camarades "amis" et autres "followers". Charge à ceux-là de maquiller un peu les choses, histoire de ne pas être accusés d'avoir copié-collé. Sophie, d'Angers: "Il faut changer des mots pour ne pas se faire capter"...

Voilà, en partie, ce que nous apprend l'enquète (excellente) de L'Obs.

J'en tire la conclusion et les quelques "leçons" suivantes. Elles sont toutes personnelles.

Il faut AUTORISER et UTILISER le portable à des fins PEDAGOGIQUES. Surtout pas pour faire "djeun", surtout pas pour "gadgetiser" sa séance! Pour travailler en ajoutant un outil qui peut être très utile.

J'ai tenté l'expérience, inversant la consigne:

"Demain, vous apportez vos téléphones, toutes et tous! Et vous les poserez devant vous, très visibles, allumés et en mode silencieux."

Aucun jamais ne l'oublie! Contrairement à tel ou tel devoir à rendre, à tel ou tel manuel. Vous entendez souvent: "M'sieur (M'dame), j'ai oublié mon livre". Vous n'entendrez JA-MAIS: "M'sieur (M'dame), j'ai oublié mon portable". (Pour les très rares élèves qui n'en ont pas ou que leurs parents y opposent un interdit - c'est leur droit -, ceux-là se serviront du portable du voisin.

Au début de l'expérience, il y a toujours effervescence! Il arrive même d'être un peu débordé. Ce n'est pas grave. C'est même tout à fait normal. Tel un nageur emporté par les rouleaux, laissez-vous submerger, laissez-vous emporter par la houle... Vous surnagerez et, très vite, retrouverez le calme.

Bien évidemment, il ne s'agit pas, surtout pas, d'utiliser l'objet en permanence ni pour n'importe quelle raison. Il ne s'agit pas non plus de les autoriser à utiliser leur portable sans VOTRE autorisation, sans VOS consignes, sans des OBJECTIFS préalablement définis et UTILES aux tâches demandées.

Vous vous apercevrez alors que vos élèves, le portable bien en évidence devant eux et devant vous, l'utiliseront de manière bien plus constructive. Constructive de savoirs. Tout simplement.

Quant à l'utilisation des portables et groupes de discussion à la maison, il faudrait - voeu pieux - revoir toute l'approche que nous (moi le premier!) faisons des devoirs-maison.

Mais ça, c'est un autre débat...

Je vous laisse! J'ai un message!...

Christophe Chartreux

                                        __________________________________________

Quelques chiffres (empruntés à l'article cité)

93% des 12-17 ans ont un téléphone portable;

100% des 12-17 ans ont accès à Internet;

79% des 12-17 ans sont inscrits sur au moins un réseau social;

94% des 13-19 ans regardent des vidéos sur Internet;

5h30 mn par semaine: c'est le temps moyen passé par les 7-12 ans sur Internet;

13h30 mn par semaine: c'est le temps moyen passé par les 13-19 ans sur Internet;

Plus de 50% des collégiens surfent sur Internet dans leur lit.

Sources: Credoc; Statista; Ipsos

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