S'agissant des décisions prises par les gouvernements successifs depuis 2012, et quel que soit le Ministre, rien ne va jamais lorsqu'il s'agit de réformer, refonder (au choix) l'Ecole...
Rien n'est jamais satisfaisant... La bienveillance défendue par beaucoup se transforme en bashing permanent souvent, en suspicion encore plus souvent, en procés divers et variés, en doute, en railleries, l'ironie faisant office d'argument, tout particulièrement sur les réseaux sociaux.
Les défenseurs de la refondation la trouvent trop timide... Ses contempteurs la trouvent trop audacieuse, dangereuse, abominable et l'enterrent vivante, à peine nouvelle-née, pas encore sur ses deux jambes. Avant même de marcher, ils lui coupent les pieds. On ne sait jamais!...
Tout le monde voudrait que les choses (les "choses", ce sont toutes ces décisions que les praticiens de l'école voudraient, à juste titre, voir se concrêtiser dans notre vénérable "maison") aillent plus vite, plus fort, plus loin... Mais beaucoup, parmi "Tout le monde", s'agitent avec frénésie, qui dans son syndicat, qui dans les réseaux dits "sociaux", qui individuellement ou en petits groupes influents sur son lieu de travail pour que les "choses" aillent moins vite, moins fort, moins loin.
Ceux-là sont contre tout, toujours. Ils vouent une haine tenace à celles et ceux qui ont l'outrecuidance de dire qu'ils sont pour; même "un peu pour" leur semble être déjà trop. C'est de la trahison! C'est rejoindre le camp des "jaunes"! C'est être aveuglément partisan! C'est être militant! Qu'on se le dise: en 2016, afficher son engagement, quel qu'il soit, est immédiatement tourné en dérision par le camp d'en face. Peu de débats constructifs. Peu de propositions, particulièrement chez les "anti tout" qui sont très prolixes lorsqu'il s'agit de justifier leurs oppositions (s'opposer étant une position parfaitement légitime; la posture l'est tout autant, mais n'est d'aucune utilité), silencieux lorsqu'il s'agit de faire des contre propositions.
Tout cela a récemment mis très en colère l'ami Antoine Prost dans un billet savoureusement juste, paru dans Le Monde et que je vous invite à découvrir ici (ou sur le site du quotidien en suivant le lien):
EXTRAITS Encore une fois se dresse contre un projet de réforme de notre enseignement la cohorte des défenseurs du latin, du grec et des traditions. Voici un demi-siècle que ce scénario se repro...
Il n'est bien entendu pas question de donner systématiquement un blanc-seing à tel ou telle Ministre de l'Education Nationale. S'engager et affirmer son soutien à une politique peut (doit!) s'accompagner de propositions, d'avertissements. Et cela ne manque pas si chacun se donne la peine de les chercher.
Hélas, les propositions et avertissements nécessaires ne sont la plupart du temps que des attaques frontales, voire personnelles. Vincent Peillon, Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem les ont reçues et continuent de les recevoir pour la dernière titulaire en date du maroquin de l'Education Nationale.
C'est ainsi et cela a toujours été ainsi me direz-vous. Et vous aurez raison. Si par malheur pour notre Ecole la droite venait à appliquer son funeste programme (sans parler du Front National!), je serais le premier à utiliser les armes et arguments que je dénonce ici. Vous voyez, je suis lucide.
MAIS, si cela a toujours été ainsi, RIEN n'interdit d'adopter des attitudes différentes lorsqu'il s'agit soit de combattre, soit de soutenir tel ou tel projet. Avec honnêteté, respect des uns et des autres, volonté de construire avant celle de bloquer ou défaire.
La refondation de l'école, comme toutes les décisions politiques prises dans le domaine de l'éducation, souffre du manque de temps. Le temps politique n'étant pas le temps scolaire. Une décision montre ses effets à cinq ou dix ans. Les alternances démocratiques viennent souvent couper les élans.
Si l'on y ajoute nos propres attitudes, je dis bien "NOS", c'est l'Ecole qui meurt d'attendre...
D'attendre quoi? Elle-même n'en sait plus vraiment grand-chose...
La réussite des ELEVES peut-être...
De tous les ELEVES!
Christophe Chartreux