Le débat qui agite l’institution Ecole est centré sur la refondation du collège. Enfin pas tout à fait... Il est surtout questions d'interdisciplinarité, de classes bilangues et de lettres classiques. Il s'agit là de sujets essentiels, de problématiques capitales. Hélas, quelques uns, certains syndicats très représentatifs ont choisi ce cheval de bataille pour unique monture. Il s'agit là d'une erreur. Peut-être d'une stratégie.
L'Ecole - au sens large - vit en circuit fermé. Un circuit fermé à double tour sur l'entre-soi. Une fois les orientations de l'Education Nationale définies par le Parlement sont-elles actées, l' Ecole vit sa vie. A part. Dans un no-man's land de non droit accepté, toléré, presqu'une habitude... Une de plus...
Quelques exemples?
un établissement scolaire sur trois n'a pas mis en place le Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC). C'est pourtant une loi. Personne ne se soucie qu'elle soit si mal respectée;
deux établissements sur trois ne forment pas les délégués d'élèves. Personne ne s'en inquiète;
d'après l'Inspection Générale, dans un établissement sur deux, l'accueil des parents se fait de manière très désinvolte;
dans de très nombreux établissements le règlement n'est pas élaboré collectivement ni présenté et expliqué aux élèves;
la recherche documentaire n'est que très peu travaillée et les professeurs-documentalistes, bien peu reconnus, doivent batailler ferme pour collaborer avec les autres professeurs.
En revanche, la SEULE question qui soit réellement débattue et vérifiée c'est que tout élève de sixième a bien quatre heures de mathématiques dans son emploi du temps.
(Ces données sont empruntées à Philippe Meirieu in Un pédagogue dans la cité ; entretien avec Luc Cédelle, page 272, ed Desclée de Brouwer).
C'est donc dans ce circuit fermé, ce vase clos, cet entre-soi qu'une partie de la réforme "collège 2016" occupe un peu des discussions dans les salles des professeurs. En même temps, les autres thèmes, auxquels le projet de refondation s'attaque, ne sont pas ou si peu abordés.
On peut -on doit!- critiquer la réforme portée par Vincent Peillon, Benoit Hamon et aujourd'hui Najat Vallaud-Belkacem. Pas assez de ceci... Trop de cela... Pas assez rapide... Trop lent... Tout peut être débattu. Mais voilà, tout ne l'est pas. Seuls quelques sujets choisis, imposés, envahissants, aveuglants sont sur la table médiatique.
Pourtant, ne s'en prendre qu'à eux ou ne louer qu'eux est une erreur fondamentale.
Il est impossible de vouloir refonder l'école sans RELIER ensemble toutes les problématiques : depuis les rythmes scolaires (et pas seulement en primaire) jusqu'à l'architecture scolaire en passant par la formation et les programmes. Entre beaucoup autres...
Il est dangereux de laisser ce débat sur la refondation entre les seules mains des enseignants et de leurs représentants. Il faut urgemment l'ouvrir aux monde associatif, culturel, aux professionnels et bénévoles des mouvements d' Education populaire, aux entreprises. L’École est un sanctuaire. Soit... Mais un sanctuaire ouvert !
Manifestement les débats actuels ne prennent pas le chemin de l'ouverture d'esprit. D'un naturel enthousiaste et optimiste je crois en la possibilité historique d'une véritable refondation. Refondation qui permettra à l'Ecole d'entrer et de faire entrer ses élèves dans le XXIe siècle balbutiant.
Il serait suicidaire de vouloir freiner en permanence toute velléité de changement sous prétexte que telle ou telle proposition viendrait bousculer des années, parfois des siècles, d'habitudes qui, c'est leur point le plus commun, ont toujours favorisé les adultes en se souciant assez peu des enfants dont on exige pourtant toujours plus de « performances »...
Christophe Chartreux