Il aura donc fallu attendre le 10 octobre pour enfin entendre l'intégralité du débat réunissant Philippe Meirieu, Stanislas Dehaène et Blanche Lochmann sur le plateau du "Monde Festival". Manifestation au demeurant passionnante par la variété des sujets proposés et la qualité des intervenants.
Ce débat est ici:
https://abonnes.lemonde.fr/festival/video/2018/10/10/monde-festival-donner-l-envie-d-apprendre-un-jeu-d-enfant_5367373_4415198.html
Je trouve néanmoins TRES dommage que Le Monde ait choisi - et choisir, c'est prendre parti en éliminant - de ne diffuser pendant plus d'une semaine que l'intervention de Stanislas Dehaène, président du conseil scientifique de l'Éducation nationale, mis en place par le Ministre actuel de l'Education Nationale. Les propos de Stanislas Dehaène sont donc, de facto, institutionnels.
"Il faut faire un monde pour les hommes libres" disait Bernanos. Commençons par laisser librement choisir les Hommes d'entendre l'intégralité d'un débat d'idées sans en choisir certaines à leur place.
Je prends donc la liberté, au sens presque propre de l'expression, de résumer ici le propos de Stanislas Dehaène. Afin tout simplement de mettre celui-ci sous le regard critique. Ce qui est très rarement fait.
1- je sais comment fonctionne tous les cerveaux;
2- ils fonctionnent tous de la même manière à partir de là, je sais exactement ce qui doit être imposé à tous les élèves et enseignants;
3- je ne fais pas de politique, je dis ce que dit la science, les autres sont des idéologues;
4- comme je suis néanmoins humain, je noie mes prescriptions standardisées dans un bouillon de « confiance »;
5- Ça tombe bien : je travaille pour un ministre qui prône, avec beaucoup d'autorité et au nom de la science, l’école de la confiance.
CQFD! Terrifiant, mais ça marche !
Très récemment, il m'a été conseillé d'être "prudent" lorsque je relaie, défends et soutiens les interventions de Philippe Meirieu.
Dans les circonstances que traverse l'Ecole - au sens large - actuellement, il me semble beaucoup plus intéressant d'analyser les raisons qui peuvent - qui doivent? - pousser à l'imprudence.
En effet, si la prudence va bien à l'optimisme, au bonheur, à ces moments privilégiés peu propices aux imprudences, elle va beaucoup moins bien au périodes dangereuses et menaçantes. Il s'agit alors de s'opposer aux risques, sans jamais les ignorer, les contourner. Pire encore! les fuir!
La prudence ne serait alors que "l'alibi des lâches*"!
Christophe Chartreux
* Georges Bernanos, "La Liberté, pour quoi faire?"
Post-Scriptum: je ne dirai rien des interventions de Blanche Lochmann tant elles sont éloignées des réalités et tant elles caricaturent la pensée de Philippe Meirieu. La présidente de la Société des Agrégés semble n'avoir lu que de très rares livres de ce dernier. Qui plus est, très mal!