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Billet de blog 15 septembre 2013

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La notion de « programme » doit être profondément transformée...

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A propos des programmes scolaires...

La notion de « programme » doit être profondément transformée...

Une réflexion doit être menée autour de la notion de discipline scolaire et derrière    elle, la question des « programmes ». Deux pistes peuvent être explorées :   - D’une part,  scinder les programmes traditionnels en « unités »  présentant une cohérence soit de contenu, soit de compétence  (démarche    proche de la mise en œuvre des « unités de  valeurs » à l’Université au début des années  soixante-dix) - D’autre part, la  piste plus ambitieuse proposée par Edgar Morin consistant à  articuler les enseignements des disciplines autour de    grandes  questions que se pose tout être humain : l’identité  terrienne, la condition humaine, qu’est-ce que comprendre un  phénomène, comment se construit le savoir, etc. ?    Rappelons  qu’en mars 1998, au moment de la consultation nationale « Quels  savoirs enseigner dans les lycées ? », Edgar Morin avait  proposé au Ministère de l’Éducation nationale    l’organisation  de journées thématiques qui ont regroupé plus d’une soixantaine  d’enseignants et de chercheurs de renom. L’idée de départ –  qu’Edgar Morin défend inlassablement –     était de prouver qu’une  autre façon de considérer les savoirs et leur enseignement était  possible. Les réalités et problématiques du monde d’aujourd’hui  sont    multidimensionnelles et complexes. Or leur enseignement se fait  à partir de disciplines compartimentées, elles-mêmes souvent  fragmentées en spécialités disjointes : l’élève    étant  supposé opérer de lui-même des liens, des articulations. Or, le  défi est au contraire de permettre à chaque humain d’accéder à  cette culture complexe en proposant une    cohérence d’ensemble. Les  disciplines ne sont pas un objectif en soi, elles sont des outils  intellectuels pour penser le Monde. Le savoir (dispensé par  l’École) doit répondre    aux questions essentielles de la  conscience humaine : qui sommes-nous, d’où venons-nous, où  sommes-nous, comment fonctionne le monde, comment évolue-t-il ?  Comme le souligne    Edgar Morin, ces journées avait pour objet de  relever un défi : « favoriser  l’émergence de nouvelles humanités à partir des deux polarités  complémentaires et non antagonistes,    la culture scientifique et la  culture humaniste » ;  permettre ainsi à chaque humain « de se reconnaître humain  et de reconnaître en autrui un être humain complexe ; de     devenir apte à se situer dans son monde, sur la terre, dans son  histoire, dans sa société ». (Le  défi du XXIe siècle. Relier les connaissances,  p. 15).  

Treize ans après, l’analyse garde toute sa  pertinence ; treize ans après, l’École est inchangée.  L’élève subit un enseignement toujours aussi    fragmenté et une  journée de collégien  ressemble  à un inventaire à la Prévert : calcul algébrique, étude du  devoir argumenté, exercices de flûte  -aujourd'hui  de    chant choral-, dialogue en anglais… se succèdent au gré des  emplois du temps. Qu’a « construit » ce collégien au  terme de sa journée ? La question lui est-elle d’ailleurs  posée         

Placer la question du sens au cœur de la rénovation à mener est une urgence. On se doute    des réticences (pour ne pas dire plus) que cela engendrerait : nous avons déjà souligné – pour la simple inscription des matières dans les perspectives du Socle commun – combien les territoires    disciplines résistent. C’est un processus de longue haleine qu’il conviendrait d’initier : refonder cette École du XXIème siècle ne peut s’envisager que sur une dizaine d’années, et donc obtenir    l’adhésion du corps social pour que les alternances politiques ne viennent pas altérer le processus.   Et pourtant, dans les deux cas, les bénéfices d’une telle révolution scolaire seraient considérables. Il s’agirait de permettre à l’élève d’être dans une    spirale positive de construction des savoirs :  - l’élève peut continuer d’avancer dans les matières où il réussit sans s’ennuyer à refaire la même chose là où il échoue. En cas de difficultés,    l’élève va à son rythme ;  - cela « remixe » les groupes et oblige à tisser des liens plus nombreux avec d’autres d’âges très différents.      

Pour le développement de « matières» ouvrant la voie à la diversité En arts plastiques, musique, langues étrangères (autres?...), des élèves d’âges différents seront regroupés pour échanger, comparer, confronter leurs    talents. Un élève n’est pas différent d’un autre uniquement par l’âge. Il l’est aussi par ses qualités propres et un enfant de 11 ans peut avoir beaucoup plus de possibilités en arts plastiques,    en musique, en langues (voire dans toutes les autres matières) qu’un autre de 14 ou 15 ans. L’inverse est évidemment vrai.   Tous ces temps de rencontres, de dialogues informels seront facilités par :  

- d’autres rythmes scolaires hebdomadaires et annuels. Repenser les vacances d’été en les organisant par zones n’est pas une utopie, avec néanmoins les    réserves que pose cette utopie aux parents divorcés ne vivant pas dans les mêmes régions.  - Quant à l’organisation au quotidien, et en distinguant le primaire du secondaire, après une large consultation des chrono-biologistes, des    personnels éducatifs et fédérations de parents d’élèves, il faudra notamment se poser la question de savoir s’il est bien raisonnable de continuer à encadrer (au sens propre du terme) les élèves    de collège dans un emploi du temps de 32 heures (!!!) réparties sur cinq jours avec une heure pour déjeuner et, en collèges ruraux (très nombreux), le car de 17h07 à ne surtout pas    manquer… Et un retour à la maison aux environs de 19h pour ceux en fin de parcours... Les pistes que nous lançons ici sont à étudier très en détail avec les professionnels concernés car les questions sont multiples :  

- comment organiser ces enseignements pour ne pas recréer de nouveaux cloisonnements ?  

- à partir de thématiques ?  

- d’un projet pluridisciplinaire d’une Unité éducative ?  

- d’un concours impulsé par le ministère mettant les établissements en concurrence pour la réalisation concrète du projet ?  

Il peut s’agir également de modules tournés vers une thématique nécessitant la collaboration de plusieurs disciplines : module de civilisation anglaise,    allemande ou espagnole ; module d’expression orale… La richesse des projets déjà en œuvre dans de nombreuses écoles montre que l’imagination, la capacité à innover et à créer et l’énergie    pédagogique ne manquent pas : il suffirait d’une politique volontariste pour accélérer le mouvement

Christophe Chartreux www.profencampagne.com

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