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Billet de blog 22 mars 2025

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Ce qui dysfonctionne dans l'Ecole et ce que l'on pourrait (devrait) améliorer...

Qu'est-ce qui dysfonctionne? J'aurais tendance, en étant un peu iconoclaste et provocateur, à répondre : TOUT!

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Ce qui dysfonctionne dans l'Ecole et ce que l'on pourrait (devrait) améliorer...

Préambule nécessaire : se poser la question - très politique mais pas seulement - suivante : qui a intérêt au maintien en l'état d'un système éducatif qui dysfonctionne ? Car il s'agit de cela. Aussi.

La réponse est simple: une "élite" qui grâce à ce système, qui ne dysfonctionne que pour certains mais pas pour elle, trouve un outil très pratique lui permettant de conserver des places : celles des pouvoirs: politique/économique/financier/universitaire et de reproduire - Bourdieu/Passeron, critiqués ces derniers temps par une partie de la sociologie contemporaine, ont néanmoins éclairé ce concept prégnant en France de "reproduction" - les conditions nécessaires à la "conservation" de ces pouvoirs entre les mains de cette élite. Les rares exemples de "réussite" générée par le fameux ascenseur social vont même jusqu'à être utilisés pour justifier cette construction élitiste. Avec ce sous-entendu: "Vous voyez bien que le système fonctionne pour toutes et tous". Tout cela en oubliant les milliers d' "échoués" et d' oubliés pour lesquels on a tout prévu, jusqu'aux voies de garage où ils sont parqués en attendant qu'ils aient atteint l'âge de la fin de scolarité obligatoire en France : 16 ans.

Alors qu'est-ce qui dysfonctionne? J'aurais tendance, en étant un peu iconoclaste et provocateur, à répondre : TOUT!

Mais essayons de dresser une liste la plus honnête possible. Une "liste du pire" en quelque sorte: (charge à chacun de développer comme bon lui semble évidemment):

- un système rigide et hiérarchisant à TOUS les niveaux ;

- une formation initiale qui n'est pas "mauvaise" mais qui ne correspond de plus en plus qu'à un projet de société libérale avec pour maîtres-mots les expressions suivantes: adaptabilité; souplesse; profs 2.0; neurosciences à-tout-va; disponibilité ; etc.

- un système dichotomique : soit l'élève réussit - il conviendrait de définir ce que le système français exige des élèves pour parvenir à cocher tous les critères de "réussite" - soit il échoue ;

- l'absence d'évaluation des pédagogies menées. Ou, lorsqu'elles ont lieu, un manque de diffusion des résultats ;

- un système qui, en plus de les reproduire, accroit les inégalités sociales au lieu de les réduire. L'école n'étant pas seule responsable de cet accroissement des inégalités;

(Voir à ce sujet: https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/01/07/l-ecole-n-est-pas-seule-responsable-de-la-panne-de-l-ascenseur-social_6025007_3224.html )

- un système qui n'accepte très souvent qu'une réponse juste de la part des élèves. Alors qu'il existe souvent plusieurs réponses pouvant être considérées comme justes ;

- une mise en compétition des élèves via un système d'évaluation/notation obsolète. Pire: tous les élèves sont "mesurés" avec des outils identiques. La différenciation existe dans le premier degré, quasiment pas dans le secondaire (difficile à réaliser lorsqu'un effectif dépasse 25 élèves);

- l'utilisation du "redoublement". La France est le pays de l'UE qui en fait l' usage le plus important. Avec des résultats TRES médiocres mais le poids des traditions dans le système scolaire français dépasse de beaucoup celui des bilans, fussent-ils négatifs;

- La pédagogie idéale des enseignants français consiste encore trop souvent - à mon avis - à vouloir transformer un ENFANT (pré-ado/ado) en "élève modèle". En ELEVE bien plus qu'en futur ADULTE émancipé. En France, le "bon élève" n'est pas celui qui "s'élève" librement mais celui qui obéit docilement aux consignes. La prise d'initiatives est très souvent mal considérée, voire sanctionnée.

Anecdote: lorsque certains collègues ont appris que j'autorisais mes élèves à aller chercher un manuel dans l'armoire au fond de la classe ou à aller jeter quelque chose à la poubelle sans m'en demander l'autorisation, ils m'ont observé d'un oeil "sévère" (sans agressivité aucune). Pourtant cela fluidifie beaucoup le déroulement d'un cours et aucun élève n'abuse jamais de cette "liberté qui n'est qu'un apprentissage.

- une hiérarchisation des disciplines (et leur absolue séparation!). Les EPI ont été mal acceptés parce qu'ils étaient considérés en rupture avec le sacro-saint "champ disciplinaire" français;

- une accumulation des savoirs. Ce que doit retenir un élève français en collège à l'issue d'une journée est tout simplement dément. 70% de ces savoirs - c'est une appréciation personnelle qui n'a rien de scientifique - sont parfaitement inutiles;

- l'oubli de l'apprentissage de compétences pourtant nécessaires et enrichissantes:

Exemple: le bien-être, la méditation, la gestion de l’avenir, la gestion du temps, la philosophie...

- une inadaptation de l'Ecole - au sens large - française aux défis informatiques de demain. A l'exception de pionniers courageux mais souvent isolés, les enseignants restent éloignés de l'outil informatique et le limitent à l'appel, au cahier de texte "Pronote" et à la rédaction de leurs cours par ordinateurs.

Christophe Chartreux

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