Depuis l'élection présidentielle, depuis la nomination de Jean-Michel Blanquer au Ministère de l'Education Nationale, il semble, à la lecture de la presse, que tous les problèmes dénoncés avec tant de force par divers syndicats, associations et journalistes engagés sur le sujet aient disparu.
Disparu comme par enchantement.
Quelques exemples, de mémoire?
- les postes non pourvus dans le 9-3? Plus une ligne!
- les effectifs de classe à la hausse en ce2, cm1, cm2 et tous les problèmes que cela pose et posera en aval? Rien. Il faut sans doute au moins ce silence pour pouvoir imposer le plan com' au sujet des CP à 12 élèves en REP+, réduction d'effectifs qui, imposée seule, n'est d'absolument d'aucun effet.
- les faits divers "éducation", qui pourtant sont tout aussi nombreux qu'à l'époque où Najat Vallaud-Belkacem était, à ce sujet, toutes les semaines attaquée dans Valeurs Actuelles, Le Point et par Natacha Polony ou autres chroniqueurs "experts"? Il n'y en a plus! Ils sont pourtant, sur le terrain, les mêmes et tout aussi nombreux.
Désormais, plus personne ne va "chercher" le Ministre dans des domaines qui ont tellement servi pendant les cinq années précédentes. Servi à démolir systématiquement toutes les actions mises en place et à ne mettre en lumière médiatique que le négatif quand le positif faisait trois lignes, voire aucune. Je pense - entre autres - au dispositif "Plus de Maîtres Que de Classes" aujourd'hui menacé et même, à bas-bruit et dans la plus grande discrétion, détricoté.
Alors, un magazine comme Le Point se régale... La dernière couverture de l'hebdomadaire ne titrait-elle pas, parlant de Jean-Michel Blanquer: "L'homme qui veut arrêter les bêtises"? Oubliant les bêtises dont fut co-responsable le même homme:
- 80 000 postes supprimés;
- semaine de 4 jours (une aberration française d'une stupidité rare!);
- la mort de la formation initiale;
Et quelques autres...
Rassurer les français
Sans doute les français sont-ils aujourd'hui "rassurés" par les messages (de com') envoyés depuis la Rue de Grenelle.
Haro sur le "pédagogisme" (le terme fut TRES VITE utilisé par le néo-Ministre), "retour" aux fondamentaux (pour rappel, la France est le pays qui consacre le plus grand nombre d'heures au "Lire-Ecrire-Compter" dans l'OCDE). Rentrée en chantant (?). "Retour" des classes euro et du latin. Autonomie des établissements. Lecture des Fables de La Fontaine, ce doux souvenir de l'école d'avant, celle où tout allait mieux. Utilisation des neurosciences quand il ne s'agit la plupart du temps que de "neuromythes"...
Il faut, c'est la doxa ministérielle, rassurer les français. Leur dire que "la culture est de retour dans l'école"! Vous n'avez plus rien à craindre de l' "abominable" Najat Vallaud-Belkacem!
Car il faut le dire: La Fontaine a été choisi à des fins strictement politiques. Ce symbole de la "culture française" - auteur que je vénère mais que je n'ai vraiment apprécié qu'en licence de lettres car, enfin, je ne l'apprenais plus par coeur mais je le comprenais en en découvrant les entrées et les secrets qu'aucun enfant de CM2, sans acquis historiques, philosophiques ni littéraires ne saurait apprécier - devient l'objet d'un "culte ancien" imposé par l'Etat au nom d'un procès qui s'annonce:
celui du quinquennat passé.
Rien de plus... Rien de moins...
Et c'est d'une indicible tristesse!
Christophe Chartreux