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Billet de blog 27 janvier 2018

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La France des petits chefs...

Pour toi qui m'as servi un soir et que je ne connais pas...

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Hier soir, un ami passe à la maison avec sa fille de 9 ans... Cela dure un peu... On discute... La petite commence à avoir faim et je propose d'aller lui acheter un petit burger au "fastfood" d'à coté. Pas très diététique certes mais je sais qu'elle adore...

J'entre... Très peu de monde... Je passe la commande. Une jeune fille de 20 ans, à peine, me sert très gentiment. Derrière elle se tient un autre employé. Il semble être son supérieur. Il scrute chacun de ses gestes. Après quelques secondes seulement, les réflexions désagréables, à haute et intelligible voix, commencent à pleuvoir. Tout ce qu'elle faisait ne lui convenait pas. Il l'humiliait. Avec délice manifestement.

Croisant alors son regard, il me dit, avec un sourire de petit chef imbu de sa fausse puissance et très satisfait d'en user et d'en abuser:

"Heureusement que je suis là, hein monsieur?"..

Et là, il n'aurait pas du...

Je l'ai regardé droit dans les yeux et lui ai dit, glacialement calme, ce que je pensais de sa manière de faire, de se comporter avec cette "gamine" qui débutait manifestement.

"Vous vous rendez compte que si elle se trompe, c'est parce que vous lui faites peur? Peur! Que vous l'humiliez en public? Vous devriez avoir honte de vous comporter ainsi! Honte monsieur!"

Il a vu que j'étais en colère. Il n'a pas répondu. La jeune fille me tend ma commande. Je la remercie. Je lui dis en souriant:

"Bon courage et bonne fin de journée. Vous n'avez rien à vous reprocher".

Deux larmes coulaient sur ses joues...

Des "petits chefs" comme celui-là dans ce type d'entreprises, il y en a dans toute la France. Ils fonctionnent au mépris; ce petit chef étant sans doute lui-même méprisé par son supérieur et ainsi de suite. Alors tout le monde humilie tout le monde. Tout le monde méprisant tout le monde pour "faire son trou" et creuser jusqu'au bas de l'échelle, jusqu'aux "gamines" qui, elles, n'ont plus personne en dessous. Elle sont au fond du fond du trou!

Ce genre d'emploi fait certes vivre (ou survivre) bien des gens. Mais il entraîne aussi des comportements, des méthodes de "management" inacceptables. Beaucoup aujourd'hui, dans cette France qui place la réussite financière en "étalon" du bonheur, souhaitent voir se multiplier ce type de "boites", de startup où l'on fonctionne en "openspace", où les anglicismes font de la francophonie, soi-disant défendue par le Président de la République, une cacophonie et où tout le monde fait semblant d'être satisfait de son sort, sur ORDRE! N'a-t-il pas été décrété récemment qu'il FALLAIT être heureux, arborer le sourire, chanter en chorale pour faire de l'Ecole un lieu convivial et dogmatiquement merveilleux, quelles que soient les conditions de travail.

Sauf que le bonheur ça ne se décrète pas... Les larmes, ça se provoque souvent et avec facilité...

Voilà pourquoi nous sommes de gauche... Parce que nous savons encore être révoltés par des petits chefs passant leurs nerfs sur d'autres employés qui, elles et eux, ne peuvent pas se révolter.

Alors faisons-le encore et encore. Pour toi qui m'as servi un soir et que je ne connais pas...

La fille de mon ami a bien aimé son burger quand même...

Christophe Chartreux

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