La gauche, et au-delà toutes celles et tous ceux qui souhaitent un véritable projet de société sous-tendant toutes les réformes de l'école, devront poursuivre et amplifier le mouvement de refondation de l'école initié par, peu s'en souviennent, l'ENSEMBLE des mouvements pédagogiques et de la quasi totalité des syndicats.
Il y a urgence. Ce sont les pédagogues et les pédagogies qu'on "assassine".
Poursuivie par Vincent Peillon, Benoit Hamon et Najat Vallaud-Belkacem, la refondation de l'école est nécessaire, perfectible, urgente. Elle devra illustrer concrètement une des plus belles promesses d'égalité républicaine, la plus enthousiasmante, la plus difficile aussi:
donner à TOUS les enfants les moyens de réussir à l'école. A TOUS les enfants! Dans l'EGALITE républicaine et non l' "égalitarisme" agité en épouvantail.
L'Ecole a très longtemps permis au plus grand nombre de vérifier le bien-fondé de cette promesse d'égalité. Pourtant, au fil des années, la garantie d'égalité républicaine s'en est allée vagabonder pour ne plus exister vraiment. Un "idéal" au sens sens rimbaldien du terme:
"Mon paletot aussi devenait idéal"... Idéal parce qu'en loques, quasiment inexistant, invisible et inutile...
Aujourd'hui, le chiffre est connu et admis: un fils de cadre a douze fois plus de chances d'ouvrir les portes d'une grande école qu'un enfant d'ouvrier.
La gauche ne peut accepter cette précarisation permanente, acceptée de manière fataliste. N'oublions jamais que la grande majorité des jeunes qui choisissent les populismes, qui votent RN(Ex FN), sont peu ou pas diplômés, ne parlent pas une langue étrangère et ont vécu la relégation dès les bancs de l'école.
Celle-ci, comme celles et ceux qui la servent au quotidien, ne sont pas responsables de tout. Seule, l'Ecole - comme l'enseignant - ne peut pas effacer les effets de situations contextuelles: familles, habitat, environnements divers, fragilités linguistiques, etc.
Mais l'école - comme l'enseignant - peut (doit) réformer ce qui ne fonctionne plus, transformer ses manières éducatives devenues souvent postures, accepter les différenciations.
Bien évidemment, l'institution DOIT elle-aussi s'engager à aider l'école - et les enseignants - en rééquilibrant des écarts de tous ordres devenus intolérables entre Professeurs d'école et professeurs du secondaire, en investissant dans le PRIMAIRE comme cela n'a jamais été fait, en assurant une formation initiale et continue de très haut niveau. Ce sont là des objectifs qu'il FAUDRA inscrire dans le marbre du projet à venir.
Ce n'est absolument pas ce qui se construit en ce moment.
Nous assistons d'abord et quasi uniquement à la déconstruction d'un passé honni, à la reproduction de réformes qui ont fait la preuve de leur inutilité, voire de leur dangerosité, à quelques mesurettes très éloignées des véritables enjeux mais qui ont le "mérite" d'être des sujets "populaires" (Le téléphone portable à l'école), à l'affaiblissement de l'Ecole par une diminution des moyens humains et structurels, à un manque de confiance criant à l'encontre des enseignants, au "massacre" des pédagogies préférées à une fièvre "évaluationniste".
A cela, il n'existe qu'une réponse: la refondation de l'école, une refondation AVEC les enseignants, les personnels de l'éducation au sens large, les parents, les associations. Une refondation qui offre, au-delà de réformes urgentes, un projet de société répondant à la seule question qui vaille d'être posée:
quel monde voulons-nous pour nos enfants? Une start-up nation géante ou un monde à visage humain respectueux de la planète?
Christophe Chartreux