Un article sur la perception du risque (souvent confondu avec le danger) qui éclaire les malentendus dans les controverses relatives aux innovations issues de la science:
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2408
En voici la conclusion:
"Un constat s’impose : l’importance prise par le risque et sa perception face aux innovations issues de la science. Avec pour effet de réduire la plupart des débats sur leur pertinence et leur utilité à une polémique sans preuves : la possibilité qu’il y ait des risques, affirmation récurrente irrécusable, occultant la discussion sur leur probabilité et leurs conséquences observables, tout en le réduisant à l’acceptabilité de l’innovation fondée sur la perception des risques. Le déplacement de la controverse, de la contestation de la validité scientifique d’une théorie à la possible nuisance de ses applications, fournit aux détracteurs de l’innovation un arsenal d’arguments bien plus mobilisateurs que son maintien dans l’arène scientifique.
Alors que faire face à ce qui s’apparente à une impasse ? Tout d’abord éviter la sempiternelle dénonciation de l’irrationalité du jugement perceptif profane. Elle est à la fois erronée, vaine et contreproductive. En prenant ces jugements au sérieux, l’important est d’en identifier les déterminants et la dynamique ainsi que sa distribution dans la population qui se croit exposée. Cette approche devrait être un préalable à toute tentative d’en réduire l’impact paralysant. Ensuite, penser qu’il suffit d’informer sur l’innocuité d’un produit comme réponse à une perception irréaliste de risques jusqu’ici non observés est également l’erreur la plus fréquente mais toujours renouvelée.
Trois décennies de travaux ont permis de mettre un terme à l’illusion cognitive qui postule, contre toute évidence, qu’on percevrait et on agirait face au risque en fonction de la connaissance qu’on en aurait. Enfin, l’une des rares pistes prometteuses capable de modifier la perception des risques, et ainsi d’améliorer le niveau d’acceptabilité, serait de rééquilibrer le débat au profit des bénéfices potentiels du produit ou de l’activité innovante. Mais ce faisant, il quitterait l’arène scientifique originelle pour se déployer dans celle de la communication sur le risque et du marketing social, disciplines en plein développement dans certains pays, mais encore balbutiantes en France."