De toutes ces années de participation au microcosme du club , je retire une confirmation de mon pessimisme sur l’espèce humaine, celui-ci étant finalement une assez bonne représentation de celle-là.
De là quelques considérations parmi d’autres sur les raisons de ce pessimisme.
- la primauté de l’émotionnel sur le rationnel et du rêve comme déni de la réalité.
- être adulte ne signifie rien de plus qu’une disposition légale.
- l’agressivité reste la réponse la plus fréquente à tout commentaire ressenti comme une remise en cause de son “Weltanschauung” confondu avec sa personne.
- L’absence chez beaucoup d’intervenants d’expérience professionnelle incluant des responsabilités économiques et de gestion humaine (confrontation des faits et des idées).
Sur ce point je prendrais l’exemple des enseignants qui me semblent être nombreux dans ce club. C’est un métier difficile qui requiert une aptitude à former sans déformer dont je ne pense pas qu’elle puisse être apprise, mais développée à partir d’un désir existant. Cela est en plus compliqué par le “monstre” qu’une certaine idée de la France a créé: l’Éducation Nationale, monstre qui résiste à toute entreprise de réforme.
Le résultat: quelle image avons-nous des enseignants qui ont marqué notre parcours éducatif?
La mienne étant particuliére dans ce sens que pour suivre les mutations paternelles, j’ai été amené à fréquenter un nouvel établissement chaque deux ou trois ans, j’ai donc eu beaucoup de “maîtres”.
Ce qu’il m’en reste : c’est un ennui profond mêlé de révolte et quelques bons souvenir de maîtres qui accrochaient leur audience par leur passion d’enseigner et surtout le respect des élèves .
Mais, hors ce petit groupe, que de maîtres qui n’y croyaient plus (à la Bernard Haller ici), que de maîtres qui se vengeait de leur mal-être en humiliant leurs élèves, que de maîtres dont on ne voyait que le dos, occupés à remplir le tableau du cours à une vitesse difficile à égaler dans la reproduction sur un cahier!
Les modèles j’ai dû les chercher ailleurs, entre autres parmi les intellectuels: là aussi beaucoup de découvertes, et beaucoup de déceptions. Les déceptions se sont faites jour au fur et à mesure de mon entrée dans la vie active et la découverte de la dissonance presque systématique entre l’homme et l’Oeuvre.
Tout cela en a résulté en questions sur cette étrangeté fascinante par certains côtés, mais finalement désespérante qu’est l’espèce humaine.
Et plutôt que de construire un mur de certitudes j’ai choisi (?) de vivre mes incertitudes. Cela n’a pas été sans douleurs et remises en question affectant vie personnelle et professionnelles.
N’ayant plus de responsabilités - autres qu’envers moi-même - mon besoin de reconnaissance et l’envie d’aider d’autres à cheminer en bénéficiant de ce que j’avais appris hors des livres m’a conduit à participer à ce sous-produit d’internet que sont les forum de discussion.
Objectif partiellement atteint - pouvait il en être autrement? - mais deux obstacles d’ordres différents m’ont persuadé qu’il était temps de passer à autre chose.
Le premier, connu mais ainsi confirmé, est qu’il est vain de répondre à des questions qui ne sont pas (souvent par déni) posées.
Le second, insidieux est l’addiction, qui transforme un désir en besoin, en l’espèce pernicieux, d’autant plus qu’elle s’accompagne de frustration croissante
Conclusion: il est temps d’arrêter et de se tourner vers des “produits de substitution” qui, heureusement, ne manquent pas.
Merci à tous et à toutes.