Le contre-feu parfait : on fustige les « irresponsables » (« les imbéciles », bientôt, on les appellera les criminel-les !) qui osent braver le confinement, tout-es seul-es sur une plage, dans une forêt, une rue déserte, …
Plutôt que de se retourner vers les vrai-es responsables du désastre hospitalier, qui ont organisé la pénurie depuis des années, qui ont mis à la poubelle les milliards de masques que nous avions en réserve, qui ont attendu deux mois avant de réagir, en nous demandant de sortir, aller au théâtre (hein, M’sieu Macron ?), en répétant que ce virus donnait une grippette, …
Alors, orchestré par le gouvernement et relayé à l’envi par les medias, on nous assène ces images « terribles » de gens dehors.
En revanche, là, pour sauver les entreprises, point de confinement : pour Dame Pénicaud, « arrêter de bosser, c’est du défaitisme » ! C’est tellement plus facile d’envoyer au casse-pipe tout-es ces fainéant-es de salarié-es. Non pas pour sauver la population, non ! Pour sauver leurs profits ! Les profits du MEDEF et de ses actionnaires, qui mènent la politique du pays.
Il est beaucoup plus important, en cette période de confinement, de continuer à fabriquer des voitures, de faire fonctionner Amazon, plutôt que, puisque « nous sommes en guerre », de reporter tous les efforts sur la production des moyens de santé seuls capables d’enrayer l’épidémie. Produire en urgence des respirateurs, des masques, des tenues de protection, des tests,…
Mais tout cela aurait déjà dû être fait par nos gouvernant-es. Nous savons maintenant que ce virus (ou un autre) allait arriver, les autorités en ont connaissance depuis des années. Rien n’a été fait, bien au contraire : toutes les politiques ont été tournées vers la casse de tous les services publics (vous savez, ceux-là même qui sont au front aujourd’hui pour soigner les malades ! Et que l’on demande d’applaudir chaque soir à 20 heures, quel cynisme !), la casse du code du travail et la protection des salarié-es, la casse des systèmes de solidarité (retraites,…).
Qui sont alors les « irresponsables » dans cette histoire ? Les quelques badauds qui ne peuvent rester des journées entières confinés dans un espace réduit et surpeuplé ? Les femmes victimes de violences conjugales, emprisonnées avec leurs bourreaux ? Les alcooliques, les toxicos, qui vont tourner en rond chez eux au risque de graves menaces sur leur entourage ? Les enfants, souvent entassés dans leurs appartements ? Les SDF, les migrant-es ?
Ou les pyromanes, qui ont allumé cet incendie par leur incurie et qui demandent maintenant aux autres de l’éteindre, au péril de leurs vies (bien sûr, pas la leur, elles/eux sont bien protégé-es et soigné-es) ? Ca rappelle quand même vaguement quelque chose, non, ces puissant-es qui déclenchent des guerres et qui envoient se battre les gueux pour défendre leurs intérêts…
Mais cette politique de courte vue, d’égoïsme forcené, de capitalisme dévorant voit, espérons-le, son déclin. A nous, toutes et tous, de le précipiter, en répondant par notre solidarité et notre sens du bien commun et de la démocratie.
Nous n’avons pas besoin de ces rapaces…
Eric Charles