Mon histoire personnelle avec Pierre Castel est particulière et en dit beaucoup, non pas sur moi, mais sur ce passé colonial africain qui ne passe pas et qui permet à un Français d'origine espagnole qui s'est fait sur le dos des Africains en se gavant de leurs richesses de se croire tout permis comme les Colons d'autrefois, convaincu que Noir c'est noir, que les différences entre la personne africaine et lui sont non seulement tellement immenses et nombreuses que même la fille de son plus ancien compagnon de route peut être traitée comme une vulgaire fille publique de Douala.
Je raconte cet épisode humiliant et douloureux non pas pour mettre en scène ma personne, mon vécu, mon handicap et mes douleurs, mais pour mettre la lumière où elle doit être : sur Pierre Castel, le Groupe Castel et une cruauté institutionnelle que tant d'Africains connaissent par cœur qui est violemment négrière et validiste. Ensauvagement, quand tu nous tiens.
Fin 2018, Pierre Castel a offert une démonstration parfaite de ce que 25 années au service d'un empire africain enseignent sur la valeur humaine des Africains handicapés. Cette leçon, orchestrée dans le hall de ses bureaux parisiens du huitième arrondissement, mérite d'être décortiquée pour comprendre les mécanismes d'une cruauté systémique.
La mise en scène
J'arrive de Bruxelles, avocate en situation de handicap, fille de Victor Fotso, le partenaire africain de Pierre Castel depuis 60 ans. Je suis naïve et trop américaine dans ma manière de penser pour comprendre l'omniprésence du Colonial, même dans les milieux huppés et les cercles de pouvoir. Mon père se meurt, la famille s'effrite, et je viens chercher de l'aide auprès de celui que je crois être un dernier et seul ami dans un monde où l'amitié et la loyauté n'ont pas de place. Mais Castel, je le crois, est de la vieille époque et il ne peut pas ne pas s'identifier à la fin de vie impitoyable de mon père en intervenant. Je ne sais pas encore que je vais assister à une représentation théâtrale parfaitement rodée.
Acte I : La méprise et le mépris
La concierge appelle les bureaux. Julie Guilbert, assistante personnelle de Pierre Castel depuis des décennies, descend. "Monsieur Castel n'est pas là," affirme-t-elle. "Et vous ne le reverrez jamais."
Acte II : L'humiliation
Face à mon insistance, Julie Guilbert passe à la phase suivante de son script. Elle se met à boiter grotesquement, imitant ma démarche, tout en me demandant pourquoi, "en tant qu'avocate," je ne travaille pas au lieu de "venir embêter Pierre Castel."
Des années de formation institutionnelle viennent de produire leur chef-d'œuvre : la moquerie publique du handicap comme outil de management. Madame Guilbert est une excellente élève. Elle joue son texte parfaitement. En la voyant imiter sans embarras, avec une joie mauvaise, ma manière de clopiner, je sens que quelque chose de grave mais d'habituel se passe, mais je ne le comprends pas parce que je sais le voir mais pas l'accepter. En situation de handicap depuis l'âge d'un mois, née au Cameroun, je connais tout cela par cœur et ne peux accepter qu'il soit possible de le vivre dans l'arrondissement le plus chic de Paris.
Acte III : La confirmation
Sous le choc, j'appelle la ligne directe de Pierre Castel. Il décroche - confirmant sa présence dans l'immeuble et l'orchestration de cette comédie. "Je n'ai pas le temps !" crie-t-il alors que je lui rappelle que je viens de loin, avant de raccrocher brutalement.
Acte IV : La fuite
La concierge d'origine africaine me confirmera qu'il est sorti par l'issue de secours, évitant soigneusement le hall où une femme en situation de handicap africaine attend depuis plus de huit heures juste pour lui parler de son plus vieil "ami" africain qui est sur le point de mal finir, maltraité par un système que Castel maîtrise puisqu'il est au top de la pyramide.
L'analyse tactique
Ce qui s'est déroulé ce jour-là n'était pas de la méchanceté spontanée. C'était l'application méthodique d'une échelle de valeurs forgée en plus de 60 années d'exploitation africaine.
La formation du personnel : Julie Guilbert n'a pas improvisé cette cruauté. Plus de vingt-cinq ans dans le Groupe Castel et l'entourage de son fondateur lui ont enseigné exactement ce qui lui plaît et ce qu'il attend de ses employés, surtout les plus proches et les mieux rémunérés : la déshumanisation efficace des Africains qui osent réclamer un traitement égal en oubliant leur place.
Le message institutionnel : Chaque geste était calculé pour transmettre un message simple : "Voici votre place dans notre hiérarchie. Africaine, handicapée, que vous soyez avocate, la fille d'un partenaire du patron, vous ne faites pas partie de notre monde et demeurez une négresse."
L'efficience validiste du système : Pierre Castel n'a sans doute pas eu besoin de donner d'ordres. Il a sans doute communiqué le fait qu'il avait de moi toutes les informations nécessaires pour capter l'héritage de Victor Fotso qui n'en avait plus pour longtemps. J'étais un mouchoir jetable. Son assistante savait parfaitement quoi faire, comment le faire, et pourquoi le faire. C'est cela, la culture du Groupe Castel.
La révélation du masque noir d'un négrier pourtant Empereur en Afrique
Ce moment révèle qui est vraiment Pierre Castel et quelles sont ses véritables convictions sur l'Afrique, le continent qui l'a fait, et les Africains qui continuent de l'enrichir sans exiger une relation équitable ou juste respectueuse. Pas le philanthrope qui pose avec des dirigeants africains. Pas l'homme d'affaires respecté des salons parisiens. Mais l'homme qui a passé quasiment toute sa vie à considérer les personnes, surtout lorsqu'elles sont vulnérables, noires et différentes, comme une ressource exploitable, leurs familles comme des variables ajustables, et leurs enfants handicapés comme des déchets.
Le mauvais calcul : Pierre Castel a commis une erreur fatale ce jour-là. Il a révélé sa véritable nature devant une avocate formée aux États-Unis au droit international, capable de documenter, analyser et poursuivre ses crimes.
Il pensait me ramener à l'état de la nature en me montrant quelle était ma véritable place. Son hubris et son masque noir m'ont fourni, durant les 9 ans de notre "relation," la preuve de ses plus d'un demi-siècle de racisme systémique.
Les témoins
Cette performance n'a pas eu lieu dans le secret :
- Julie Guilbert : actrice principale, témoin de l'institutionnalisation de la cruauté
- La concierge d'origine africaine : témoin de toute la pièce et surtout de la fuite de Pierre Castel par l'issue de secours
- Les autres employés présents : témoins de la banalisation de la déshumanisation
La valeur légale
Cette séquence constitue aujourd'hui une pièce maîtresse de ma plainte pénale déposée le 30 septembre 2025 à Genève. Elle démontre :
Le savoir : Pierre Castel est un homme de réseaux extrêmement bien informé. Il savait tout : qui j'étais, quelle était ma situation et même ce que subissait Victor Fotso qui ne pouvait que finir comme il a fini à Neuilly, tel un vieux nègre sans médaille à l'Hôpital Américain de Paris.
La capacité d'agir : Il était présent, disponible, et financièrement capable d'aider.
Le refus délibéré : L'orchestration de cette humiliation prouve l'intentionnalité de sa cruauté.
Le pattern systémique : 25 ans de formation de son personnel pour déshumaniser les Africains.
L'héritage de 2018
Ce jour-là, Pierre Castel était certain d'être le maître absolu du temps et de son histoire en Afrique. L'humiliation était le point d'exclamation qui devait fermer un chapitre gênant de son empire africain. En urinant sur des valeurs qui sont universelles et qui interdisent l'instrumentalisation du handicap, il a plutôt ouvert le dossier de sa condamnation.
En effet, cette démonstration de cruauté institutionnelle révèle plus que cette face cachée qu'il masque si bien avec l'aide de trop de dirigeants africains. Elle expose la mécanique d'un système qui, pendant plus de 60 ans, a traité l'Afrique comme un terrain de jeu, les Africains comme des sous-traitants, et leurs héritiers comme des problèmes à éliminer.
La leçon de 2018 : Quand un milliardaire forme ses employés à mépriser publiquement une femme africaine en situation de handicap, il révèle non seulement qui il est, mais comment il a bâti sa fortune.
Les conséquences en 2025 : Cette cruauté méthodique est désormais une pièce à conviction dans un dossier pénal suisse. Pierre Castel découvre aujourd'hui que le vilain petit canard boiteux qu'il pensait écraser en 2018 était en réalité une avocate internationale capable de le traîner devant la justice suisse.
Il voulait me remettre à ma place. Au nom de tous les miens, je vais lui montrer quelle est la sienne : sur le banc des accusés.
La justice suisse décidera si la cruauté envers une personne en situation de handicap constitue un crime, même quand elle est orchestrée par un milliardaire français contre une Africaine.
Mais l'Histoire a déjà rendu son verdict sur Pierre Castel : coupable de plus de 60 années de racisme systémique, désormais documenté pour l'éternité.