En regardant une vidéo de la Première dame du Cameroun danser sur une chanson de sa fille unique, je me suis demandé si d’autres saisissaient le sens ou plus exactement le non-sens de la scène. Bien entendu, il faut apprécier le geste d’une mère qui est d’autant plus touchant qu’il confirme les qualités de Chantal Biya en l’humanisant. Toutefois, il y a un hic : Madame Biya ne danse pas seule et a à sa gauche une femme dont l’âge et l’expérience interrogent sur sa décision de parasiter un moment privé avec un affichage tapageur d'une proximité qui apporte un soutien public et de poids à une prédation sans précédent. Toute la symbolique de l’affaire Bopda en quelques secondes qui montre le mal camerounais : une caste dirigeante hors sol qui fabrique, nourrit et chérit ses monstres sans que la prédation ne repulse. Dans un pays normal, « l’amie » serait restée hors caméra afin de ne pas exposer l’épouse d’un Chef d’État. Au Cameroun, on peut être prédateur, une Bopda, partager l’intimité de la Première dame et l’afficher.
C’est dans ces détails que se cache le diable. Il faut donc creuser, mettre les pieds dans les plats non pas pour médire et divertir, mais informer en montrant comment un univers huppé dans lequel existe un entre-soi quasi incestueux produit des monstres. Le Cameroun a été réduit à une boite de nuit où les privilégiés s’amusent et la majorité les amusent en subissant. Le mérite n’existe plus. Ce qui compte est le relationnel et ce qu’on a puisqu’être est avoir même malhonnêtement sans aucun savoir, aucune valeur et éducation. La profession favorite est « opérateur économique » et pour être intégré, quand on n’y naît pas, il faut être choisi, devenir la « chose » ou le « jouet » de ! Le mal et la prédation sont admis. Arrivisme, social climbing, griotisme et danse du ventre. Les exemples sont Rastignac, Falstaff et Donatien Koagne.
A une semaine de la fête de la jeunesse au Cameroun et près d’un mois de la journée internationale des droits des femmes, il est indispensable de raconter la prédation camerounaise autrement en personnalisant pour contextualiser et nommer les choses. Le but est de dépeindre l’environnement d’un fait divers dont le sensationnalisme et les contours graveleux tuent dans l’œuf un débat pressant sur l’évidement moral et politique camerounais. Il pourrit ses sociétés en commençant comme presque toujours par le Cameroun d’en haut et sa populace tellement gâtée qu’elle est devenue irresponsable. Il n’est donc pas question d‘attaquer Madame Biya, la face la plus humaine de l’iceberg. Mon féminisme et mon histoire m’empêchent de la rendre coupable d’un monde-là où elle n’est pas née et a dû se battre avec les armes qu’elle a pour ne pas être dévorée. Le sujet est la monétisation sauvage des relations de pouvoir qui conduit à des liaisons dangereuses. Avoir les bras longs de jour comme de nuit mène à des dérives. Qui est cette dame d’une soixantaine d’années qui met, sans aucun état d’âme, à son niveau la Première dame du Cameroun ? Il y a une histoire qui n’est pas que privée et a un intérêt public puisqu’elle illustre cette satanée impunité des prédateurs guindés. La question posée est celle de l’exemplarité, de la justice et des valeurs républicaines. Raconter est fondamental donc histoire ? Racontons !
Celle qui se dandine sur une chanson de Brenda Biya avec sa mère est Julienne Djuiga Fotso, une femme de Fotso Victor devenue politique et personne d’influence. Mélange tropical et villageois d’Isabelle Balkany et d’Alexandre Benalla qui vit du nom Fotso et de ses relations. So what? Le ‘what’ ici est son rôle majeur dans la déchéance de mon père et la captation de son patrimoine. Une procédure de divorce violente et malsaine qu’elle réussit à faire oublier tout comme ses machinations et appropriations frauduleuses. Ces liens avec la Première dame utilisés de manière éhontée pour combattre frontalement un Fotso Victor vulnérable. Tellement préoccupé par ses manigances, qu’une des dernières fois qu’il voit le mari de Chantal Biya, Fotso Victor lui parle de cette femme qui se mesure à lui en se servant de son épouse. Ce n’est guère un combat féministe pour le droit des femmes dans un mariage polygamique. Une prédation s’annonce à laquelle elle ne peut véritablement participer sans conserver le nom Fotso. La guerre de succession a commencé et un Patriarche demande à un autre de tenir éloigner les Bopda. Peine perdue !
Tout cela serait banal et sans intérêt public, s’il n’y avait pas une captation d’héritage hors du commun menée par cette femme avec Yves Michel Fotso en usant de ses liens avec Chantal Biya pour contrefaire l’Histoire et privatiser l’État. Un fils qui tue son père aidé par une de ses femmes et la sœur à qui elle a appris à perfectionner cette prostitution qui accompagne toujours la prédation. Faux, usage de faux, escroquerie aux jugements, trafic d’influence, corruption, et blanchiment. Pourrissement de la succession de Fotso Victor en distribuant ce qu’on trouve pour avancer de petits intérêts sans aucun égard pour les volontés, la mémoire et l’honneur d’une légende africaine. Il y a ces bruits et ces histoires qu’elle raconte sur moi pour me garder hors-jeu en jouant le rôle de la mère que je n’ai pas pour m’infantiliser avec la fausse bienveillance des charmeurs de serpents. Je ne connais pas Julienne Djuiga Fotso. J’ai dû lui parler une ou deux fois mais cela ne l’a pas empêchée d’affirmer des contrevérités aux personnes d’influence au Cameroun et à la première dame en essayant de me manipuler. Je me souviens des mots de Maître Menye, Maître Mbiam et tant d’autres tentant de me convaincre de me soumettre, de me mettre dans le rang en faisant allégeance à Yves Michel Fotso et à elle. Pourquoi ne l’ai-je pas fait ? Je suis la mère et le garçon manqué de Fotso Victor. Ma mémoire, ma culture et mes valeurs m’interdisent de manger mon père. Il y a également le mépris que j’ai pour l’arrivisme banlieusard qui crache sur l’intelligence convaincu que le culot permet tout, que l’argent maquille éternellement ou juste durablement la bêtise et que le mal peut être magnifié par la fin, un serpent qui danse avec la Première dame ! Comment s’étonner par la suite de la multitude des Bopda, de l’ancrage de la prédation puisqu’ils sont non seulement légitimés mais choyés. Consciemment ou pas, Chantal Biya donne à son amie des droits spéciaux sur le patrimoine de Fotso Victor et intensifie la politisation d’une succession privée.
Ce qui fait de Julienne Djuiga Fotso une Bopda ne sont des griefs personnels mais des actes prédateurs qui sont des infractions. L’intérêt général me force à l’ouvrir en faisant fi de toute prudence. La vérité doit refaire surface en mettant l’autorité judiciaire et politique camerounaises devant leurs responsabilités pour forcer la fin de cette privation de l’État qui favorise les machinations et les cabales. Il est grand temps pour le Cameroun d’en haut de cesser de couver ses monstres même si leur prédation rapporte. Les non-dits, les grandes et petites lâchetés, les liaisons et les amitiés dangereuses avec des personnes de pouvoir, le mélange de genres de mauvais goût permettent de voler, violer, njitaper non seulement en paix mais sous les you-yous des Tchindas et les regards envieux d’une populace d’en bas affamée et une d’en haut affairiste. Je ne cesserai jamais de le dire et de l’écrire jusqu’au sang avec mes larmes. Le vaudeville est une distraction. Ce qui doit attirer l’attention n’est pas l’intime mais les infractions et les violations de l’intérêt général au nom d’intérêts non seulement particuliers mais petits et indécents. Bande donc plus ou moins organisée qui pille et écrase avec l’assentiment évident des pouvoirs publics qui ferment les yeux et regardent ailleurs en légalisant la prédation pour ceux qui ont trop !
Dans ce monde-là, celui du pouvoir et de l’argent, la forme a pris le dessus sur le fond, la quantité sur la qualité, la force sur la puissance et enfin la démesure sur la pondération. L’élégance et la nuance ont disparu. Tout a été tellement corrompu et perverti que l’intelligence et la pensée sont des menaces. Parler, protester, dire non est dangereux. Les dénonciations sont hystérisées et conduisent à un ostracisme violent puisque les sociétés camerounaises ont intégré ce mode de fonctionnement aidées par des médias asservis. La rage, la haine, l’aigreur, la folie… tout sera dit pour mettre la vérité sous terre au nom de l’amour du pays et d’une africanité zombie. Patriotisme et l’identitaire du ventre. Disons-le, ce n’est pas le nombre de victimes or la prédation qui fait que Bopda « tombe » mais le vacarme grandissant qui aurait pu, devrait inciter les médias à approfondir leur relation avec le Cameroun et l’Afrique sans faire du terrain tel Albert Londres. Dans mon histoire, il y a pourtant non seulement du piment et des épices mais du chocolat, du foie gras et du barbecue texan : abus de faiblesse et de confiance, appropriation frauduleuse, faux et usage de faux, malversations financières, recel et blanchiment de Yaoundé à Paris en passant par Genève, Chypre, les îles vierges Britanniques et Singapour. Mais chut, la Première dame du Cameroun se trémousse mal entourée. C’est mignon et fun alors on danse ! What a wonderful world!
Cette impunité est trop sucrée pour ne pas griser et produire de l’hubris. Il faut le dire cash avec plus de force. Yves Michel Fotso est un Bopda qui a réussi aidé par des njitapeurs, des complices et des entremetteurs tels que Julienne Djuiga Fotso qui vendent chers l’accès à la Première dame et d’autres gens d’en haut. Produits et protégés par un système perverti où le sexe est d’abord et surtout de dominer. Héritiers avec un besoin œdipien de tuer et de remplacer le père par tous les moyens, à tout prix et très vite, la fortune familiale expropriée, les femmes, les armes, la politique, la fortune publique, les honneurs, les risques, le bluff, le bullshit et la chute qui au Cameroun n’est pas la fin car tout s’achète et se blanchit avec ce bras long de jour comme de nuit. Les Bopda ne sont jamais réellement bannis puisqu’ils savent distribuer et se rendre utiles en gardant les secrets.
Une fois de plus, j’ai songé écrire vainement à Chantal Biya pour faire cette fois-ci du Samuel Eto’o en lui disant, « « Maman, » les membres de la cour lorsqu’ils ne sont pas que des courtisans et des intrigants refusent de participer à la vulgarisation du Chef et de sa famille ! Une Première dame ne danse pas publiquement avec une rouée !» Mais je ne suis pas entendable dans un monde qui a en horreur la singularité particulièrement lorsqu’elle l’empêche de tourner en rond et de manger en paix. J’ai toujours pensé Chantou plus vraie, moderne et humaine. parce que venant d’ailleurs, d’en bas, elle a su s’imposer. L’histoire, je la termine donc niaisement en lui demandant d’avoir enfin juste un mot public pour les victimes, les personnes en situation de faiblesse même sans renier ses amitiés en cessant toutefois d’envoyer le message qu’avoir sa préférence rend intouchable. C’est cela aussi le « bad bitch anthem! »
Comme le Njitap, il n’est pas possible de domestiquer, d’apprivoiser le Bopda. Le monstre se retourne toujours contre son créateur. Les serpents n’ont pas d’amis et ne dansent que pour jouir sans entraves avant de mordre ceux qui les nourrissent. Fotso Victor l’a compris trop tard.