Le colonial ne passe pas
Les histoires d'argent sont toujours très difficiles à raconter. Elles ne sont jamais véritablement que des histoires d'argent, surtout lorsqu'à leur centre, il y a l'Afrique, le colonial, oui, ce satané passé qui ne passe pas mais dont il devient de plus en plus périlleux de parler vu une inculture entretenue et une contre-narration niaise mais tellement confortable puisqu'elle déculpabilise ceux qui volent l'Afrique en habituant les Africains à se voir avec le regard du colon, en acceptant leur propre mise sous tutelle, en disant comme le réclamait avec un paternalisme particulièrement viriliste le Président Macron : merci.
La banalité des sociétés africaines
L'histoire que je m'évertue à essayer de raconter n'est pas que lourde, elle est complexe et belle en démontrant, comme le dit si justement Jean-François Bayart, la banalité des sociétés africaines en confirmant que les Africains, ou plutôt certains Africains, ont toujours participé dans un système de prédation dont leur continent et les leurs sont le festin. Oui, l'histoire de Victor Fotso, de Fotso Victor, est celle d'une réussite exceptionnelle qui confirme toutes les règles… presque, qu'elle montre aussi ce qui est méconnu de l'Afrique même en fin 2025 : sa capacité à produire des génies avec un degré de sophistication hors norme. Le hic est bien entendu, comme toujours, l'avidité du système qui essaie à tout prix non seulement de les broyer mais de les effacer de l'Histoire en cassant les grandes successions africaines.
Le rôle très français de Société Générale
Ici, Société Générale joue un rôle, pardonnez-moi le mot, très français : elle s'étend et prospère en Afrique, surtout dans sa partie francophone, en vendant très bien le savoir-faire, la stabilité et la légalité, non seulement française mais occidentale, dans des sociétés africaines spoliées, explosées et déracinées. Comment être un milliardaire en Afrique sans devenir un peu français, suisse, américain, bref en n'exportant pas sa fortune pour la sécuriser dans des banques qui promettent de vous traiter avec les mêmes égards que Castel, Bolloré ou, mieux, Trump ?
Ce qui est arrivé à mon père et m'arrive à moi, son héritière en situation de handicap que Société Générale vampire sans aucun scrupule, me force à avoir une réponse négative. Il est impossible, ou juste extrêmement difficile, d'échapper au paternalisme financier dans lequel les banques sont des instruments de domination. Société Générale, en jouant avec les lois françaises, certaine qu'elle est trop bien ancrée dans le système, peut donc profiter de la fortune d'un Africain mort comme un vieux nègre sans médaille à Neuilly, à l'Hôpital Américain de Paris, en regardant sa fille en situation de handicap qui est son héritière être massacrée par une violence financière sans précédent.
Les Africains, ces sauvages, immatures, incapables d'entrer dans l'Histoire, de gérer leurs familles, leurs pays, leur continent et surtout leurs fortunes. Cachez cette monstruosité qu'on ne saurait voir puisque le faux africain est toujours officiel, l'État en Afrique est victime, complice et bourreau, que Société Générale peut dire aux Africains qu'elle plume : qu'ils mangent de la brioche. Aucune conscience, même professionnelle, aucune éthique puisque le juridisme froid, sans humanité, est possible.
Les faits sont simples
Victor Fotso meurt le 19 mars 2020. Tout de suite, un récit officiel se crée avec la bénédiction, pour user d'un euphémisme, du Cameroun et de ses anciens partenaires tels que Pierre Castel pour justifier le dépeçage de sa fortune en cassant sa succession et en instrumentalisant son africanité, une vie privée que des incultes et des imbéciles qualifieraient d'exotique. Ce mensonge et ce faux d'État ont permis à des banques, sept jusqu'ici, de jouir des milliards de mon père sans rien dire à son héritière et surtout en assistant à l'usage d'une violence financière par leurs complices pour non seulement la sevrer mais la faire renoncer volontairement à ses droits.
On a donc militarisé mon handicap, saccagé ma vie professionnelle et ma vie privée. Cela a été public puisque, alertée de cette éventualité par mon père avant sa mort, je suis devenue un personnage public afin de ne pas finir étranglée comme un mouton dans le noir. Je sais que la seule manière de ne pas être totalement broyée était de m'exposer et de refuser le silence. J'ai donc résisté avec cette force qu'ont tous ces êtres à qui on montre qu'ils ne sont rien et qui, parce qu'ils n'ont pas le choix, résistent pour montrer, comme dit la chanson, qu'ils existent. Et oui, même lorsqu'il est question d'Afrique, le handicap compte, tout comme les valeurs et la loi.
La réponse de Société Générale : un mois pour admettre, puis l'obstruction
Après avoir déposé une plainte devant les Nations Unies et l'Union Africaine, j'ai tout simplement frappé à la porte des banques, dont Société Générale. Il lui a fallu près d'un mois, non pas pour me répondre qu'elle n'avait aucun rôle dans cette histoire, cette affaire, mais pour admettre qu'elle a des avoirs de Victor Fotso, pour tout de suite retourner les choses en espérant n'avoir pas à justifier sa conduite, sa part dans une activité criminelle pendante, en me demandant de prouver que je suis bien l'héritière et en dressant, comme toutes les autres banques, des procédures afin de faire durer le crime et de ne pas avoir à être transparente.
Société Générale fait appel au colonial pour justifier le faux, persévérer dans l'illégalité, certaine de son impunité puisque la victime a beau être avocate, avoir été victimisée par un silence complice, elle n'est qu'une femme africaine, noire, en situation de handicap. Un poids, deux mesures, possible parce qu'il n'y a pas de tollé, juste un silence, de l'indifférence et même, de la part de beaucoup, dont trop d'Africains, une joie mauvaise à voir des Africains qu'ils estiment injustement privilégiés être ramenés au bon vieux statut de nègre. Camerounais, c'est Camerounais. Africain, c'est Africain. Noir, c'est Noir !
Le pari de Société Générale contre le mien
Le pari de Société Générale est que le système, la machine infernale, finira par prendre le dessus définitivement sur moi puisqu'elle a toujours raison. Le mien est que le faux est trop grossier, les conspirateurs trop nombreux et que l'association de malfaiteurs ne peut pas perdurer tellement elle a été suffisante et donc bête en pariant tout sur la vulnérabilité, l'absence d'intelligence et le manque de sophistication non seulement d'un Africain qui ne savait ni lire ni écrire, mais celle de sa fille qui, parce qu'elle ne sait pas marcher, ne pouvait être qu'une sale infirme.
Mon message : résistance jusqu'à la mort
Mon message à Société Générale est le même qu'à Catherine Thérèse Crochet, qu'à Pierre Castel, qu'aux six autres banques, à savoir Barclays, HSBC, JP Morgan Chase, Bank Frick, LGT Bank et la LLB : en piétinant des valeurs qui ne sont pas qu'occidentales mais universelles, en humiliant mon père, en marchant sur ma jambe de travers, vous avez rendu une chose inéluctable, ma résistance jusqu'à la mort !
Je ne négocierai pas. Je ne lâcherai pas parce qu'il est grand temps qu'une personne, même en se sacrifiant, vous rappelle que même dans le monde hobbésien de la finance internationale, même lorsque la proie est parfaite et africaine, il y a des interdits !