Taiwan autonome : futur Etat ?
Taiwan n'est qu'un territoire autonome et nullement un Etat indépendant et souverain reconnu comme tel au plan du droit international. Il y a rattachement à la Chine au plan international et une autonomie de décision en interne.
La situation diffère du territoire colonisé sahraoui (article II même jour )
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/031125/territoire-sahraoui-autonome-ou-souverain
Quatre points sont rapidement évoqués sans les références d'appui.
I) La base :
Ce territoire hautement autonome dépend officiellement de la Chine continentale face à une potentielle volonté d'indépendance totale et reconnue par de nombreux Etats et surtout l'ONU.
Cela n'est pas uniquement issu du fait que cela figure dans une disposition constitutionnelle chinoise qui l'atteste. L'ONU ne dit rien de Taiwan . C'est aussi issu de l'absence de reconnaissance des autres nations, dont la France . Enfin une résolution de l'ONU - la 2758 - indique que Pékin représente l'ensemble chinois et Teipei ne figure dans aucun régistre officiel de l'ONU.
II) Chine: "Ensemble chinois" et Empire : comme Russie ?
Empire ce n'est pas ici l'impérialisme de proximité façon Russie contre sa périphérie et encore moins façon USA qui intervient lui loin de chez lui.
Empire se rapproche de la situation de la Russie au sens de contrôle des voisins et derrière de l'impérialisme politique récurrent des USA. Mais Poutine envoie ses troupes en Ukraine et dans d'autres Etats périphériques auparavant. Ce que ne fait pas la Chine à Taiwan .
Autonome signifie qu'une identité taiwanaise propre est reconnue par la Chine et que cette identité propre s'est affermie avec le processus de démocratisation interne qui trouve cependant sa limite au fait qu'il n'a pas la maîtrise de son destin à l'international .
Il y a plusieurs modèles ou niveaux d'autonomie.
III) Points décisifs pour une évolution :
- A noter que Taiwan quoique région autonome chinoise dispose d'une armée propre, ce en plus d'un classique gouvernement propre et une culture nationale propre. Ce point n'est pas banal.
- Autre aspect concernant la liberté interne : Taiwan dispose d'un droit de grève et de manifestations en lien avec un droit syndical mais ce droit reste très très formel, non réel et effectif car les syndicalistes restent très pénalisés et les manifestant-es aussi !
A noter que la Chine continentale, tout comme la Russie, ne disposent pas de réels syndicats "lutte de classe" , critère décisif pour caractériser un régime politique non autoritaire.
- S'y ajoute aussi l'abolition de la peine de mort et d'autres points pour éviter la pente de la démocrature illibérale versus néo-fascisme contemporain ou versus société de contrôle totalitaire de type néo-stalinienne.
IV) Syndicalisme mondial et triptyque des libertés dans le monde :
On se répète : Ces trois points ci-dessus - droit syndical effectif et développé, droit de manifester et droit de se mettre en grève collectivement - constituent pour tout syndicaliste un critère de société civilisée ou les conflits de classe sont reconnus. On ne réprime pas les syndicalistes de façon brutale ou subtile. S'y ajoutent les autres droits sociaux reconnus par l'OIT
(Cf livre de Bernard Thibault : La troisième guerre est sociale (contre le patronat mondial écrit-il en 2016
L'idée d'un Statut du travail salarié (NSTS) ou Sécurité sociale professionnelle (SSP) avec transférabilité des droits lors de mobilité professionnelle (licenciement, chômage, etc), dispositif tel que décliné en France notamment par la CGT, mériterait de l'être ailleurs sous d'autres cieux, en tenant compte des niveaux de développement économique mais sans que l'économie soit un alibi pour abaisser les droits sociaux. La dignité humaine est au-dessus des fétiches économiques courants : marché, concurrence, rentabilité, etc...
V) Menaces de guerre :
Cette liberté et cette démocratisation peuvent être mobilisées à Taiwan (et ailleurs) au titre du "droit des peuples à disposer d'eux-mêmes" en vue d'un passage de haute autonomie à indépendance et souveraineté et donc qualité d'Etat. Mais il y a pas eu demande et la chose parait risquée.
Pékin a annoncé formellement son refus. Déjà, "en cas de provocation" (des USA) Pékin montre à chaque fois, marine militaire à l'appui que les Etats-Unis ne sont pas dans sa zone de leadership (comme dit Trump pour les trois Amériques)
Face au "choc des impérialismes" le passage à l'indépendance apparait donc délicat: Une telle indépendance se réaliserait aussi qu'en passant sous le giron des Etats-Unis qui ne sont pas non plus un modèle de régime souhaitable : il y a en effet consolidation d'une dictature ploutocratique contre le Peuple-classe - 99% qui s'est renforcée avec Trump et sa caste de milliardaires.
VI) Quelle position altermondialiste ?
Nous soutenons les droits humains et notamment ceux du syndicalisme de classe (comme écrit en IV) comme critère de régime politique de libertés civiles et publiques non réservées aux classes sociales possédantes ainsi que les principes de démocratie et ce en lien avec un Etat social et environnemental conséquent mais sans vouloir participer à une aventure militariste et guerrière. Donc ici fort critique des provocations récurrentes des Etats-Unis qui débouchent à chaque fois sur des démonstrations de force de Pékin.
A débattre .