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Billet de blog 3 janvier 2013

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Pierre MOSCOVICI de 1995 et les trois ruptures.

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Pierre MOSCOVICI de 1995 et les trois ruptures.

Dans "Quelle économie pour l'emploi?" , ouvrage collectif rédigé et publié en 1995 (Atelier éditeur), Pierre Moscovici propose de "mobiliser la société pour l'emploi" (titre de sa contribution). Rien que le titre sonne un brin a-critique car toute la "société" - terme très englobant - ne se mobilise pas pareillement pour l'emploi.

Mais Pierre Moscovici commence par une auto-critique. Il dit franchement que les socialistes au gouvernement ont le plus souvent privilégié ce que les économistes nomment "les grands équilibres économiques" (budget, taux d'intérêt,...)  et donc la surveillance des "indicateurs" : inflation, balance commerciale, masse monétaire, etc...

Pour lui, c'est désormais évident, l'emploi doit être "un choix pour la société toute entière". Ah ce rêve d'unité sous le capitalisme ! Ce n'est non seulement pas gagné mais peu probable ! Et même si c'était le cas il y aurait encore de gros désaccords. Le patronat de l'époque (1995) comme la finance d'aujourd'hui n'ont pas les même objectifs intermédiaires qu'un gouvernement vraiment à gauche. Quant à l'objectif d'emploi, on sait que les uns, le patronat, proposent plus du travail flexible et précaire alors que les autres, les travailleurs salariés, souhaitent et même revendiquent un travail stable, sécurisé et bien payé. On sait tous cela.  

 Quels sont alors les trois ruptures proposées par P Moscovici en 1995 : 1 sortir du monétarisme, 2 rompre avec le budgétarisme, 3 freiner la flexibilité salariale "à outrance". A ce titre, il faut refuser les SMIC régionaux ou les SMIC par profession. C'est bien que le "SMIC Jeune", refusé en février 1994, ait laissé une odeur de poudre auprès des politiques adeptes de flexibilités diverses. 

Il explique ce qu'est le "budgétarisme" : c'est, dit-il, la "doctrine financière dominante de Bercy" qui défend "trois lois d'airain de la technocratie" : "le déficit tu ne toléreras", "la dépense publique tu haïras", "l'impôt tu combattras". On retrouve là les obsessions de la droite. NKM vient encore ce matin même de les énoncer sur une radio. Il y a peu (en nov 2012) dans un discours pour sauver la France malade (1) elle replaçait ce tryptique dans le cadre de la "guerre économique", dont on sait qu'elle est une guerre de classe. On sait même grâce à Warren Buffet qui la mène et qui l'a déjà gagné. NKM propose donc dans la droite ligne sarkozyste de rendre les riches plus riches et d'approfondir la "tiers-mondisation" des sociétés avec encore plus d'inégalité sociale et territoriale, moins de justice sociale et de cohésion sociale.

Pour ces trois ruptures, P Moscovici proposait alors "le retour de la puissance publique" sous les auspice de Marx, Keynes et Baker (qui a théorisé sur le capital humain). Il privilégie la demande solvable et donc les salaires de tous les salariés et pas, comme la droite, les cadeaux aux entreprises (politique de l'offre qui ne va qu'aux riches et aux couches relativement aisées).

En économie, on a comme guide politique soit une politique de l'offre, soit une politique de la demande. Les français qui, selon certains, ne veulent pas s'instruire en économie devrait donc commencer par comprendre cela. Et surtout, semble-t-il pour la droite, c'est qu'une politique keynésienne de la demande par les salaires est une politique socialiste fatalement en échec du fait de l'internationalisation des échanges. Il reste encore la RTT mais cela serait de l'utopie de gauchistes, tout comme la sécurisation de l'emploi. Vive l'utopie!

Christian DELARUE

 1) Le discours de Nathalie Kosciusko-Morizet | La France Droite

http://lafrancedroite.fr/discours-de-nathalie-kosciusko-morizet-diner-des-fondateurs-de-la-france-droite/

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