MARX et MARXISMES EN DIVERSITE au fil des décennies - I .
I comme premier propos de décantation sur le sujet car il est prévu une suite
Les variantes des théorisations et des pratiques sociales issues de Marx sont surprenantes au fil des décennies. L’étude de Marx a donné plusieurs développements. J’en donne diverses versions historiques grandes ou petites , pas toutes au même niveau. Certaines plus élaborées que d'autres qui mobilisent néanmoins !
Il y a eu dans les Suds des marxismes de libération d'ailleurs fort différents, libération tout à la fois de l'impérialisme du Nord et des bourgeoisies compradores et nationales. Je n'en dis rien faute de place mais aussi de savoir conséquent sur le sujet : soyons modeste !
XX
J’ai connu, au plus près de moi, le marxisme UNIVERSITAIRE axé sur la démarche critique de connaissance du réel, de sa dynamique historique mais dépourvu de toute perspective historique que ce soit le socialisme (ou l’Etat est encore là quoique transformé) ou le communisme (qui n’existe nulle part et n’a jamais existé).
Il y eu aussi dans les années 60 à 80 un marxisme CATHOLIQUE nommé théologie de la libération ou des croyants mélangeaient Marx et Jesus, le premier pour la connaissance du capitalisme comme force matérielle orientée vers le profit et la cupidité humaine par des capitalistes exploitant des ouvriers et ouvrières, Jésus étant en quelque sorte l’agent éthique derrière le prolétaire appelant à servir l’humain directement sans passer par la case exploitation pour le profit. En résumé évidemment !
Petite parenthèse : J’ai moi-même fait un parcours de ce genre mais avec abandon de Jésus pour le seul Marx avec Darwin (par dessus l'épaule de Patrick Tort jadis ) en adoptant d’abord le marxisme ,assez édulcoré , d’Erich FROMM de facture très humaniste car peu instruite du Capital (il évoque assez peu ce livre) et des rapports sociaux qui vont avec . De lui je suis passé à tous les théoriciens de la Théorie critique de l’Ecole de Frankfort avant d'arriver à la LCR .
Le monde du travail m’a ramené à Marx et à l’exploitation de la force de travail par le capital ce que je nomme le classisme (qui n’est donc pas que discrimination ou oppression ni même domination hors de la sphère de production). Le marxisme peut en effet évoquer ou appréhender des dominations diverses via les processus historiques (patriarcat, féodalisme, etc) mais il ne doit pas oublier son "coeur de métier" dans la sphère de production et ses rapports sociaux de classe.
Les marxismes à échelle mondiale :
J’ai eu écho aussi du MARXISME-LENINISME appréhendé avec des variantes à partir des oeuvres de Lénine et notamment "L’Etat et la révolution" (que j’ai pu étudier jadis en faculté de droit et science politique à Rennes - si si ) : on trouve un marxisme-léninisme foncièrement révolutionnaire contre la violence inouïe des bourgeoisies capitalistes et de leurs appareils répressifs (pour parler comme Althusser) mais il existe aussi un marxisme-léninisme exclusivement à usage anti-impérialiste faisant silence (instrumentalisation bien visible) sur les contre-révolutions des dictateurs soit-disant « communistes » : Staline, Mao, etc.
La dictature du prolétariat n’est pas la dictature contre le prolétariat : certains contre-révolutionnaires n’ont fait que copier les dictatures capitalistes qui fonctionnent pour partie au consentement (la carotte) pour partie à la répression (la matraque et pire encore).
Le marxisme révolutionnaire de TROTSKY a trois phases celle pré-révolutionnaire (avant 1917 : En 1905, Trotsky formula sa théorie de la révolution permanente ), celle proprement révolutionnaire (1917-1922 en lien avec Lénine) et celle contre la contre-révolution stalinienne qui mis des bolcheviks au goulag et instaura une dictature contre le prolétariat russe et la paysannerie.
Et puis il y a le trotskisme de la IV Internationale (1938) et par la suite les branches du trotskisme (1952). J'en connais plus une branche (cf le livre "C'était la Ligue") que les autres courants (un peu LO, un peu le lambertisme - c'est obligé de connaitre un peu à force de militer) et c'est dommage de n'avoir pas approfondi en son temps mais peu importe ici. Il y a des "fondamentaux" comme la Révolution permanente, le programme de transition, internationalisme, opposition au "socialisme dans un seul pays" et perspective d'une autre société mondiale .
Marx pour un autre monde
Ce dernier point cité sert de passage à certain-es (dont moi) à un marxisme de type ALTERMONDIALISTE articulant de façon non dogmatique différentes émancipations : combat social du peuple-classe 99% (le "we are 99%" de 2011 aux USA) contre le combat classiste constant des bourgeoisies partout dans le monde, y compris aux Suds (domination de classe dans et hors le travail-emploi). Combat social lié au combat écologique , au combat anti-raciste, anti-sexiste (féminisme des 99%), etc - Multiplicité donc des résistances selon les expériences et des émancipations (dites plurielles) mais rien avec le 1% d'en-haut , rien avec le capital ! Ce qui nous distingue de nombre de partis politiques près aux compromis nationaux voire aux collusions (pantouflage et rétro-pantouflages ) des élites valant corruption du souci de l'intérêt général et de la satisfaction des besoins sociaux populaires.
On trouve aussi un marxisme versus Rosa LUXEMBOURG qui met l’accent sur la démocratie nécessaire au peuple et l’on trouve derrière elle une filiation vers le marxisme autogestionnaire, le marxisme des conseils des soviets.
Bricolage théorico-pratique : On peut aussi détacher le trotskisme du léninisme (pour partie) et le rapprocher du luxembourgisme pour accroitre le poids de l'auto-organisation du prolétariat face à une possible bureaucratisation de parti .
L'altermondialisme a aussi une branche BOURDIEU qui montre une critique acerbe des dominations. Lire Bourdieu par dessus l'épaule de Fabien Granjon est enrichissant (cf son article sur Contretemps )!
Reste des difficultés avec la combinaison de Marx avec l’ISLAM .
Je viens de lire "Le Hezbollah - un fondamentalisme religieux à l’épreuve du néolibéralisme" de Joseph Daher et on y trouve plus de force d’aliénation sociale et de genre donc de femmes subalternisées mais aussi des hommes astreinst de façon rigide au virilisme et au masculinisme car toute lutte s’exerce sous le prisme exclusif de la religion islamique - et pas une interprétation pro-égalité - c’est à dire sous une forme exclusivement identitaire et non pas en termes de rapports sociaux de classe avec proposition de libération du salariat exploité, quitte à ce que ce soit mélangé avec des éléments de religion. Il n’existe pas à ce jour selon moi de théologie de la libération à partir de Marx et de l’islam. Evoquer le grand Satan des USA et d’Israel n’a rien à voir avec un mélange Marx et Islam , ni même Lénine et Islam.
Dire cela n’autorise pas le confusionnisme ambiant assimilant l’islamisme comme doctrine ultra-réactionnaire contre les femmes et les homosexuels à un islam occidentalisé, beaucoup plus débarrassé des oripeaux oppressifs et guerriers notamment avec un islam faisant la double promotion de la liberté des femmes y compris en matière de divorce comme de voilage ou non et d'égalité entre l’homme et la femme.
Christian Delarue
nb : Issu d'une note fcbk légère car sans date de naissance et décès des personnages cités ni les liens (à mettre donc)