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Billet de blog 6 février 2018

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LAïCITE : Pourquoi vouloir un Etat communautariste ?

Universalisme, laïcité, droits citoyens égaux pour tous. Pourquoi vouloir un Etat communautariste ? Israël et autres Etats non laïques et non universalistes.

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 Universalisme, laïcité, droits citoyens pour tous.

Pourquoi vouloir un Etat communautariste ? Christian Delarue

http://amitie-entre-les-peuples.org/Universalisme-laicite-Pourquoi-vouloir-un-Etat-communautariste-Christian

Penser une base étatique, sur des critères universalistes, sous régime de laïcité (République laïque avec Etat neutre), avec des droits citoyens égaux pour tous les résidents de longue durée, avec des services publics et une protection sociale pour tous et toutes (combat social en complément du combat démocratique et laïque ou "main gauche" de l'Etat selon Bourdieu) semble juste et bon. Il s'agit de créer un État où serait garanti, selon la formule de Hannah Arendt, « le droit d’avoir des droits ».

Y compris pour les Juifs.

Renée Frégosi écrit (1) ceci contre Jérémy Corbin : Cette négation de la légitimité d’Israël à exister exprime plus profondément une haine des Juifs : pourquoi ceux-ci ne mériteraient-il pas d’avoir un Etat ? sinon parce qu’ils devraient être punis pour leurs supposés crimes et réduits de ce fait au statut de paria apatride ou de dhimi (sujet inférieur du califat puis de l’empire ottoman, soumis à des taxes, obligations et interdits spécifiques du fait de sa non appartenance à la communauté musulmane).

En quoi une position anti-communautariste manifesterait-elle une haine des Juifs (ici) ou d’une autre communauté religieuse et culturelle (réciprocité de raisonnement) ? J’ai tendance au contraire de l’auteure à assimiler communautarisme à clôture ethno-raciale avec des communautés différentes côte à côte, mais aussi avec des hiérarchies cachées ou explicites (droits citoyens inégaux) et donc du racisme.

Répondre à cette question - refus d’un Etat juif = haine antisémite - c’est l’objet de ce débat spécifique par delà la position que l’on peut avoir aujourd’hui dans ce conflit. Aujourd’hui je tiens compte du réel et des rapports de force. Il semble donc possible de défendre deux Etats (au lieu d'un Etat binational universaliste et laïque), un Etat pour les Juifs et un Etat pour les Palestiniens, avec dans chacun une perspective progressiste. Pourquoi pas un socialisme démocratique avec patriarcat réduit et racisme limité ? Mais ne fuyons pas la réponse à la question posée plus haut.

XX

Pourquoi vouloir un Etat communautariste, qu’il soit juif ou musulman (ou même athée si on veut pousser la logique universaliste laïque ) ? Ne peut-on défendre de façon universelle et mondialisée la constitution d’un Etat républicain démocratique et laïque - avec diversité culturelle interne - luttant contre toutes les discriminations racistes (et autres) ? Je pose la question à Mme Renée Frégosi (1).

Un antiracisme universaliste et pro-laïcité m’étonne. Il critique l’antiracisme politique, comme je le fais aussi, lorsqu’il s’agit de voir un communautarisme musulman élevé au titre de « nous sommes aussi la Nation » et demain nous pourrons prendre en main les destinées de la France comme nous le faisons déjà dans d’autres pays en y instaurant la Charia. Je caricature le propos pour le rendre plus proche de ce que pense un intégriste politique musulman, que je ne confonds pas avec un intégrisme sociétal (qui se contente de sévir dans la société civile) et encore moins avec un musulman progressiste. Mais quid de l’autre bord ?

Un antiracisme universaliste et pro-laïcité m’étonne. Il s’agit de celui qui accepte que les Juifs (cf la communauté du "peuple juif" et de sa tradition historique proche des juifs religieux) puisse avoir « leur » Etat avec une citoyenneté hiérarchisée (2). Si on peut contester que les musulmans disposent d’un Etat musulman car immanquablement cela entraine de graves discriminations structurelles contre les non-musulmans et des privilèges exorbitants aux musulmans alors on peut réciproquement, parallélisme des formes oblige, contester la constitution d’un Etat juif et pour les juifs avec des droits citoyens à géométrie variable.

En outre, les mouvements citoyens anti-discriminations qui disposent d’une position universaliste et laïque pour des Etats démocratiques à base citoyenne d’égaliberté s’opposent aux tendances diverses mais fortes à constitution religieuse de patriarcats renforcés (hyperpatriarcat) et à l’institution de règles d’infériorisation des femmes. Autrement dit il existe une tendance à la critique du sexisme qui s’exprime dans les Etats démocratiques mais assez peu dans les Etats communautaristes religieux ou l’intégrisme voire le simple conservatisme de moeurs est dominant. Il y a cependant des évolutions positives.

Christian DELARUE

1) Comment l’antisionisme est devenu le nouvel antisémitisme - Renée FREGOSI
http://www.huffingtonpost.fr/renee-fregosi/comment-l-antisionisme-est-devenu-le-nouvel-antisemitisme_a_23264795/

Dans un autre champs théorique et pratique, elle a critiqué récemment le néo-féminisme (nov 2017)

2) On est citoyen israélien de nationalité juive, arable, bédouine, druze, circassienne. Et certains sont plus égaux que d’autres.

Michèle Sibony précise en oct 2017 : "Nous remettons en question la nature du régime de l’État d’Israël, soit l’affirmation que l’État israélien est l’État du peuple juif, que sa terre appartient au peuple juif, et donc pas à ses habitants palestiniens. Cela nous apparaît comme contraire à la définition de toute démocratie moderne. En France, par exemple, tous les citoyens sont égaux. Ils participent tous de la Nation française. En Israël ce n’est pas le cas : il n’est pas l’État de tous ses citoyens. Il y a une différence entre la citoyenneté, qui peut aussi être accordée à des citoyens d’origine palestinienne, et la nationalité, qui ne l’est pas. Les Palestiniens vivant en Israël sont des citoyens israéliens de nationalité arabe. Or, la nationalité juive confère des droits refusés aux Palestiniens. L’État est de nationalité juive, la terre appartient à la nation juive. Cela aboutit à des dizaines de lois discriminantes à leur égard, faisant d’eux des citoyens de seconde catégorie. Sans parler de l’occupation et de la colonisation qui continuent... en violation du droit international." (UJFP)

NB : Commentaires sous texte précédemment publié (dont celui-ci était déjà en lien) :

Universalisme d’égaliberté : Etat laïque ou Etat communautariste ?
https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/040218/universalisme-d-egaliberte-etat-laique-ou-etat-communautariste

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