Islamogauchisme, du soupçon à la critique pédagogique.

Islamogauchisme, du soupçon à la critique pédagogique.
5/12/2010 sur Le Post
1) Le sens premier : Islamogauchisme comme défenseur du voile islamique.
Pour Laurent LEVY, l'accusation remonterait à 2003 et 2004 au moment du débat sur le voile et à propos des collectifs anti-loi de mars 2004 contre les signes religieux ostensibles. Il écrit : "L’une des caractéristiques de ces collectifs est qu’ils rassemblaient des militantes et des militants dont les références intellectuelles et culturelles étaient très variées, des mécréants et des religieux d’origines diverses et d’horizons politiques différents. Ils constituèrent des lieux de rencontre tout à fait inaccoutumés, des lieux de convergences, d’intelligence collective, d’imagination, de réflexions, de confrontations et d’enrichissement mutuel d’une grande intensité."
cf. Aux sources de l'islamogauchisme - Les mots sont importants (lmsi.net)
http://lmsi.net/Aux-sources-de-l-islamogauchisme
2) La critique islamogauchiste n'est pas unifiée mais elle a un point commun et un seul.
a) Il y a le plan factuel qui voit la riposte générale lors des défilés où ""l’extrême-gauche"" côtoie les islamistes sous le drapeau du Hamas en hurlant" Israël assassin" ou "mort aux juifs". En fait ici ces critiques ne distinguent pas le NPA du PAS (parti anti-sioniste) ou du PIR (parti des indigènes de la république) ou du CRI . Le NPA comme beaucoup d'associations remarquent que le HAMAS est reconnu par le peuple palestinien lui-même. Il faut donc négocier la paix avec lui au lieu de le qualifier de terroriste. Mais cela ne va pas plus loin. Le PIR par contre laissaient l'expression libre à des membres du Hamas . Des vidéos le montre sur internet.
b) Voici ce qu'en dit Marianne
Marianne a toujours combattu l’islamo-gauchisme qui, in fine, vise à absoudre les pires exactions ; Marianne est fière d’avoir accompagné, soutenu, les luttes des musulmans démocrates, précisément disqualifiées par les islamo-gauchistes au prétexte d’être des «suppôts de l’impérialisme» ; Marianne n’a jamais voulu confondre islam et islamisme.
http://www.liberation.fr/monde/0101575707-marianne-et-l-islamo-gauchisme
c) Le MRAP oppositionnel de 2004 à 2006.
Marianne n’a jamais voulu confondre islam et islamisme. Mais ils étaient aussi nombreux à l'époque dans le MRAP, celles et ceux qui ne voulaient pas confondre islamophobie et "islamistophobie". Pour autant les positions pouvaient être variables dans le concret. Quid de Tariq Ramadan ou de Christine Delphy ? C'est le vieux débat entre Burgat et Caroline Fourest . Mais il y a un bougé aujourd'hui : on ne peut plus incriminer que les salafistes. Le mal s'est étendu sans que l'on puisse mettre une frontière doctrinale précise entre des courants formalisés. La distinction demeure mais la limite est incertaine.
3) Schéma des positions théoriques
1 - Ceux qui font un amalgame entre islam radical au plan des mœurs et au plan politique avec l'islam tout court pour stigmatiser tous les musulmans sans distinction. C'est ce qui se réalise avec les identitaires mais aussi avec une alliance en cours avec Riposte laique.
2 - Ceux qui font une distinction entre islam radical et islam. Ils étaient nombreux dans le MRAP oppositionnel mais avec des nuances car l'opposition d'alors n'était pas homogène.
3 - Ceux qui mettent dans une même communauté forcée (communautarisme) les musulmans radicaux et les musulmans ordinaire mais à l'inverse du groupe 1 pour les protéger.
4) Qu'est-ce qui a fait que j'ai repris ce terme (que j'employais très très peu).
Au plan national :
1 - La montée du radicalisme. Derrière le voile intégral j'y ai vu l'islam radical. Pas que des islamistes radicaux puisque certaines femmes affirmaient porter librement ce voile total ou quasi total.
2 - La montée du racisme anti-musulman fondé sur la non distinction entre l'islam radical et l'islam tout court, entre l'islamiste radical et le musulman ordinaire.
3 - La montée d'un populisme droitier qui a peu de frais arrivait à embrigader politiquement les ouvriers et employés dans le refus d'un islam globalement réactionnaire.
Au plan international :
4 - Une structuration clivée idéologiquement à partir d'une géopolitique de type campiste orient contre occident. Un tel campisme aboutit à défendre ( justement ) le taliban agressé par l'impérialisme mais en oubliant (à tort) de dire qu'il était taliban à savoir une forme d'hypersexisme inimaginable avant qu'on en parle.
5) Je ne tiens pas non plus à ce que le concept d'islamophobie serve de cache-sexe international pour l'offensive de l'islam radical. Il faut combattre l'islamophobie mais sans laisser les religieux empêcher toute critique de l'islam, qu'il s'agisse du Coran ou de la Charia.
5) Un autre usage est possible pour peu qu'il ne soit pas accusatoire mais explicatif.
Il s'agit d'être pédagogique et de pointer des différences à chaque fois que nécessaire. Dénoncer l'amalgame, la communautarisation.
Il s'agit aussi de reconnaitre l'islamophobie comme forme de racisme visant les musulmans. Ce qui ne signifie pas empêcher la critique de l'islam ni interdire le blasphème.
Christian Delarue