DEBAT : RTT 28 H pour travail pénible et après 60 ans.
Pour aller plus loin que mon précédent texte portant sur l'importance de la revendication syndicale d'une RTT à 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire .
"Qui n'a pas la RTT 32H sur 4Jours SPS bien placé dans son discours et convaincant pour sa mise en application n'aura pas mon vote" sur
La RTT à 32 heures hebdomadaires sans perte de salaire c'est la suite historique de l'application du grand principe solidaire "travailler moins pour travailler tous en travaillant autrement" Elle a pour référence en France - pour n'en citer que trois qui nous sortent du XIX siècle - :
1) le Front populaire et juin 1936 pour les 40 heures,
2) puis l'arrivée de la gauche Mitterrand et la loi du 16 janvier 1982 (anniversaire bientôt - image ci-dessous) qui pose les 39 heures (et la 5ème semaine de congés payés),
3) puis au tournant du siècle sous Jospin, le 19 janvier 2000 pour les 35 heures (avec une loi de 1998 pour préparer la transition).
Les 32 heures par semaine serait donc la poursuite d'un paradigme de civilisation contre un retour de "barbarie et égoïsme" des forces politiques conservatrices et réactionnaires . Mais il y a aussi à considérer l'âge de la retraite : passer de 60 ans à 62 ans puis à 64 ans obligé , c'est aussi le même parcours réactionnaire du travaillisme (faire travailler plus encore celles et ceux qui travaillent déjà). A moins de baisser à 28 heures par semaine le temps de travail après 60 ans pour celles et ceux qui se trouvent contraint individuellement à travailler en âge tardif. Il est dit individuellement car il faut refuser les 64 ans de la droite et même revenir aux 60 ans comme âge de retraite pour tous et toutes .
Mais avec le système actuel global, dans sa pleine compréhension, on aura longtemps des travailleurs âgés entre 62 et 67 ans et même entre 60 et 67 ans si on passe à 60 ans. D'ou cette mise en débat.
Et plus on s'approche de 67 ans plus c'est difficile quasiment partout car les modalités contemporaines du travail salarié sont pénibles du fait des changements incessants des cadres de travail. L'informatisation porte de fausses promesses quand elle fonctionne bien, ce qui est loin d'être le cas pour les mega-systèmes tant privé que public (exemple logiciel de Pole Emploi récemment mais ce n'est pas le seul). Nul besoin de monter sur des toits en hiver - risque et pénibilité avérée - pour connaitre la pénibilité et la souffrance insidieuse au travail. C'est qu'il y a des degrés dans la souffrance au travail. Ce n'est pas tout ou rien comme on le conçoit trop souvent.
A droite : le travaillisme est un classisme : une domination de classe d'une minorité exploiteuse!
Au Sénat la droite du fric et des exploiteurs a récemment voté une élévation de cette barre de retraite à 64 ans, le maxi restant à 67 ans pour les fonctionnaires. Cette droite veut aussi, non pas aller vers les 32 heures par semaine mais au contraire casser les 35 heures en passant aux 40 heures (retour à juin 36) voire avant car la mentalité dominante à droite est toujours la libre exploitation de l'homme (patron) par l'homme (travailleur-ses salarié-es) sans loi de progrès ni syndicat de salarié. Elle veut donc aller en arrière et augmenter le temps de travail sur deux grands paramètres (si on laisse de coté le paramètre congés payés et la grille des augmentations de salaires) d'exploitation de la force de travail salarié : la durée hebdomadaire (la semaine) et la durée de travail salarié sur la vie. Par ailleurs, cette droite ne propose nullement le versement d'une allocation décente aux privés d'emplois alors qu'avec pareille politique le chômage est structurel. Il se reproduit d'ailleurs depuis presque 40 ans avec de faibles variations : depuis la politique d'austérité de 1983 .
Les chômeurs et chômeuses se trouvent pris entre deux politiques réactionnaires et morbides source de souffrances et de suicides : d'une part le travaillisme pour celles et ceux qui travaillent déjà et la misère pour qui en exclus avec culpabilisation en plus.
Sur ce dernier point, on ne s'étonnera pas d'avoir alors une idéologie de haine de classe à plusieurs niveaux : 1) contre les travailleurs et travailleuses trop peu efficace, trop fatigués, 2) contre les syndicats et les gauches vraiment à gauche; 3) enfin, contre les chômeurs et chômeuses qui ne cherchent pas ou plus d'emplois .
Comme d'autres, mais çà fait débat à gauche, je suis favorable - je l'ai déjà dit et je le répète (depuis mes années de militantisme à AC ! avant même que je sois à la CGT et ATTAC) - à ce que "tout un chacun-e, participe à la production de l'existence sociale" à la mesure de ses capacités et qualifications . Nul sauf exception n'en est exempt ! Mais cela suppose un système productif privé et public inclusif avec un management inclusif, ie tourné vers la reconnaissance du travail de tous et toutes et non vers la promotion des seul-es méritant-es (au comportement proche du prototype du travailleur rationnel, hyper efficace, infatigable, disponible, etc).
On m'oppose que l'on peut être actif hors du salariat - certes - mais on voit surtout : 1) des chômeurs non actifs partout, des passifs complets crées par le système, non celui des allocations (faibles) évoqué par la droite, mais celui proprement systèmique du travail non inclusif et du travaillisme exploiteur et 2) des actifs hors salariat qui sont aussi salariés voir "vieux travailleur" pour nourrir les enfants adultes chômeurs sans revenu.
Christian DELARUE
