ALTERMONDIALISME : De « nous sommes les 99% » au concept de peuple-classe
On ne peut couper "Occupy Wall Street » (2011) de son slogan « nous sommes les 99% » (we are the 99%) . Premier point sur :
Ensuite, ce slogan a donné lieu au concept de peuple-classe (en France, dans ATTAC ). On passe alors d’un slogan à un concept explicatif .
I - Un minimum de note explicative s’impose :
Notion n'est pas concept : "peuple 99%" n’est qu’une notion très simple , de type "peuple social" (peuple-partie différent de peuple-tout dirait Irène Temba) aisément compréhensible, mais "peuple-classe" est lui un concept donc un outil explicatif du réel avec des éléments qui peuvent bouger selon les utilisateurs à condition de respecter ce qui assure sa fonction proprement explicative.
1) Son coeur c'est de poser un rapport social de classe donc avec un extérieur à lui-même. En général au-dessus du peuple-classe. On y reviendra.
2) En interne à lui même, son contenu donc, on peut lui faire dire qu’il rassemble plusieurs classes sociales dominées deux ou trois ou même une seule dite alors fondamentale. Tout dépend des analystes et de leur corpus théorique.
3) On peut aussi coupler ou non le terme avec une analyse non marxiste dite stratificationiste en pourcentage (%) (depuis Picketty surtout): ce qui donne la formule mixte « peuple-classe 99% » mais ce n'est nullement obligé. Et le % peut être moins parfois en fonction du contexte.
L’essentiel du concept, que n’a pas la notion de peuple 99% (soit un simple peuple social), c’est qu’il pose un rapport social de classe entre la (ou les) classe(s) dominante(s) (bicéphale ou non) et les classes sociales dominées. Le classisme , entendu comme domination de classe, est alors au coeur de ce rapport . Il est central .
Variation : On peut même cibler plus la domination au coeur du rapport et la décrire que de surtout cibler sa source soit la classe dominante proprement dite. Avec, en plus, la question à l'aide de qui et quoi domine la classe dominante ? Renvoi aux oligarques et à des classes d'appui sous le 1% soit une fraction de la sous-bourgeoisie.
Ce jeu de concept constitue évidemment un apport explicatif très important. Au plan pédagogique il instruit, il ouvre un enrichissement, une compréhension du monde. Cela ouvre aussi sur un processus de travail, tout à la fois de recherche et de pédagogie.
II - Pour aller plus loin.
On comprend aussi qu’il s’agit d’expliquer ce qu’est cette domination de classe, ce classisme et notamment que ce classisme fonctionne en ce sens dans et hors travail-emploi et, de plus, à suivre J-M Harribey, que le social est couplé à l’environnemental (cf son livre En finir avec le capitalovirus), du moins, pour l’inverse, l’environnement est nécessairement couplé au social et à ses rapports sociaux. On ne peut mettre l’environnemental en « hors sol ». Ce à quoi j’ai pu ajouter - je me suis pour çà, avec J-L P-B, de SGCDV à Assises Nantes - pour y adjoindre le démocratique.
III - Pratique militante et niveau intermédiaire.
A un niveau intermédiaire de langage on propose deux triptyques articulés , discutables évidemment :
1) - En résistance ou en rejet on a : Ni classisme, ni sexisme , ni racisme.
Sexisme est ici entendu comme un terme générique qui renvoi par exemple à contre le patriarcat, pour le féminisme des 99% (livre de 3 autrices)
Classisme comme domination de classe se distingue ici d'oppression (soit mépris ou soit discrimination)
2) - En émancipation conjointe on a : le social, l’environnemental et le démocratique.
Le débat démocratique dument instruit ajoute ou retranche des termes.
Christian Delarue
Comme jeune militant du MRAP jadis (fin des années 70) puis comme étudiant en droit international (UBO ) j'ai pu creuser la notion de peuple ("amitié entre les peuples" - "droit des peuples à disposer d'eux-même", etc ) . Puis il y eu les révolutions arabes de 2011 articulant le démocratique et le social qui ont fait rebondir la problématique, notamment à l'AG d'ATTAC de Rennes de fin novembre 2011 (pas celle de juin 2006 - ne pas confondre ! celle de 2011 fut conviviale)
NB : Le dictionnaire Alter n'a pas de rubrique "peuple" mais depuis cette époque plusieurs livres ont été publiés sur les occurrences du terme.
texte modifié par ajout du lien en introduction