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Billet de blog 9 juillet 2016

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Montée du crypto-fascisme .

Penser en entre-deux est toujours risqué. Ce qui advient, ce n'est pas encore le fascisme, ce n'est plus la démocratie et l'Etat de droit comme l'Etat social s'effritent, tombent en jachère.

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Montée du crypto-fascisme .

I - Commençons par une première question en matière d'autoritarisme : Quid du "Ni Bouteldja (du PIR) ni les Le Pen (du FN)"? 

Le "Ni Bouteldja (du PIR) ni les Le Pen (du FN)" va de soi dans une certaine mesure car ce sont deux partis politiques pétris d'une féroce haine identitaire (opposée) mais, côté dangerosité, le PIR (faible en nombre) n'a que très peu d'influence (1) contrairement au FN. Du coup l'agitation autour du PIR peut apparâitre comme une dérivation, un obstacle épistémologique, un empêchement à penser.

On peut critiquer le PIR sur une base antiraciste universaliste et en refusant des identités essentialisées, figées (racialisèes) et mortifères. Le PIR se veut du côté des indigènes et des "racisés" mais ce faisant il en vient à justifier de façon inadmissible un sexisme outrancier et couvrir l'intégrisme religieux musulman et même l'islamisme radical, etc. Il y a d'autres éléments à avancer contre d'autres dérives (2).

Signalons d'emblée ici qu'une fraction des "racisés" (indigènes décoloniaux - 3) critiquent aussi et fermement l'intégrisme musulman et son sexoséparatisme hyperpatriarcal. On ne saurait donc faire silence sur la nécessaire critique des intégrismes et notamment au plan théorico-pratique la solidarité avec les « racisés » des ex-colonies (les décoloniaux) qui combattent l’intégrisme musulman et l'islamisme. Or une fraction de la gauche fait silence et couvre donc cet intégrisme au lieu d’être critique et solidaire. En ce sens cette « gauche régressive » est plus proche - malgré des critiques convenues - du PIR que de ces musulman(e)s critiques et cela pose problème.

II - Allons ensuite derrière l'apparence des chosesAutoritarisme et crypto-fascisme montant.

La plus-value européenne non vue ! Union européenne : « Repartons d’une feuille blanche pour garantir une Europe des peuples » ( https://www.youtube.com/watch?v=QOIAUDxW4Ek )

 Qui ne voit le problème d'une pseudo-démocratie accaparée à des fins répressives tout à la fois policière et anti-sociale ? Qui ne voit que tout semble passer à l'autoritarisme (cf Katia Genel), au crypto fascisme en Europe? Un ordre dur - 49-3 plus police - s'installe contre nos principes et valeurs Liberté, Egalité, Fraternité et Laïcité.

La police cogne dure sur la jeunesse et la justice française approuve alors que la corruption socio-économique d'en-haut est elle peu sanctionnée. Le "deux poids, deux mesures" est trop visible et il mine la République . Il faut donc poursuivre la constitution déjà largement entamée du "cahier des charges" à des fins de rétablissement de l'Etat de droit et de l'espoir pour la jeunesse et les catégories populaires malmenèes.

Lire outre Médiapart Bastamag : "Le maintien de l’ordre à la française n’existe plus, c’est terminé. « Montrer sa force pour ne pas s’en servir », la grande doctrine que la police française nous a vendue pendant trente ans, à tort ou à raison, est à peu près tombée en ruine ces dernières années. Désormais, on montre sa force pour s’en servir." (http://www.bastamag.net/David-Dufresne-Le-maintien-de-l-ordre-a-la-francaise-n-existe-plus )

III - Ordre policier, ordre néolibéral : le chainon caché entre deux types de violence.

De ce fait, ces deux institutions - police et justice - sont nettement accusées par divers acteurs de la société civile de soutenir, sous le terme d'Etat policier, un ordre autoritaire pro 1% d'en-haut, qui n'est pas que celui du gouvernement Valls mais qui est largement européen, celui de la "gouvernance économique" de Mme Merkel et de son oligarchie (cf l'ordolibéralisme porteur de guerre sociale et austéritaire contre les travailleurs en Europe). Nous avons deux oligarchies puissantes à combattre mais celle de l'Union européenne apparaît comme plus technocratique, plus dangereuse et très éloignée de tout lien avec les peuples. Elle a frappé le peuple-classe de Grèce sans pitié - ce qui a fait tomber les masques - et elle entend continuer partout, en France comme en Belgique et ailleurs. Cela ne souffre pas du moindre doute. La guerre de classe continue partout.

Le moyen classique de la soumission populaire par la fabrique du consentement, par l'adhésion à l'idéologie néolibérale via les médias semble perdre de son influence, il ne reste alors - outre les dérivatifs (foot ou autre) -  que l'autoritarisme et la répression. Ce qui fait décliner plus encore la démocratie réellement existante mais aussi l'Etat social chargé de la satisfaction des besoins sociaux et populaires au profit d'un crypto-fascisme montant qui s'accommode lui des inégalités sociales, des bas revenus, du chômage et de la précarité.

IV - Perspective démocratique et sociale difficile.

Soit on change tout le système ordolibéral européen en faisant "descendre" la démocratie accaparée vers le bas, vers les citoyens dans toute l'Europe - ce qui mérite débat sur les moyens de la rupture (changer toute l'ingénièrie institutionnelle n'est pas simple) - , soit on en sort façon Brexit mais ici, absolument rien ne dit que les politiques économiques néfastes vont changer, et que l'on va s'attaquer à l'austérité, à la logique du capitalisme financiarisé et productiviste. Un Brexit peut parfaitement donner le pouvoir à une oligarchie nationale droitière peu encline à construire des services publics à bas tarifs voire gratuits, à défendre la sécurité sociale et la retraite par répartition contre les fonds de pension et la finance, la RTT, etc... sans parler de la peste brune du nationalisme xénophobe ! Sortie (ne plus être membre) n'est pas rupture .

Or ainsi que le dit Eric Toussaint, l’affaiblissement de l’UE est une bonne nouvelle et maintenant « il peut y avoir une alternative de gauche en faveur d’une intégration des peuples en faveur des peuples ». L’intégration qui a été réalisée dans le cadre de l’UE telle qu’elle existe a été réalisée contre les peuples et en faveur du grand capital. Il s’agit d’une intégration où prime totalement la défense des intérêts particulier du 1% le plus riche contre l’immense majorité de la population et contre les biens communs. Nous sommes profondément internationalistes et donc antiracistes, nous voulons une refondation de l’Europe, ce qui implique un véritable processus constituant. (cf : http://cadtm.org/Le-BREXIT-peut-ouvrir-une)

Christian DELARUE

1) En 2008, le constat du sociologue Abdellali Hajjat était déjà sévère sur le MIR : « un phénomène essentiellement parisien intra-muros », un « investissement dans le champ médiatique » et une « inexistence politique dans les banlieues françaises » (citation de Ph Corcuff in  Indigènes de la République, pluralité des dominations et convergences des mouvements sociaux - En partant de textes de Houria Bouteldja et de quelques autres - Médiapart - https://blogs.mediapart.fr/philippe-corcuff/blog/100715/indigenes-de-la-republique-et-convergences-des-mouvements-sociaux#_ftn38 )

2) Pour Bouteldja, « le philosémitisme d’État » serait le principal « lieu de production » de l’antisémitisme aujourd’hui en France. Gageons que la récente "sortie" du DILCRA en Israël a du renforcer ce positionnement contestable (cf Ph Corcuff là encore)

3) Le DECOLONIAL, écrit Philippe Corcuff, se présente comme une boussole globale imparfaite (comme tout outillage théorique dont le sexoséparatisme ajouterais-je), mais une boussole utile dans les dédales du réel, en offrant par ailleurs des prises pour une action émancipatrice. 

Parler d’oppression postcoloniale, c’est associer une série d’inégalités, de discriminations et de contraintes structurelles affectant l’immigration postcoloniale dans les sociétés comme la France, en faisant la double hypothèse d’éléments de continuité historique entre les colonisations européennes et les processus actuels, mais aussi d’analogies entre les deux périodes, et donc à la fois des proximités et des différences. Cependant, quand le postcolonial prétend absorber toute l’intelligibilité, comme on le verra par la suite, la boussole se transforme en BULLDOZER aplatissant les rugosités et les contradictions du réel comme les résistances telles qu’elles émergent concrètement.

 Je comprends qu'un certain "décolonial"  empêche a prise en compte de l'intégrisme sexoséparatiste mais pas tous. Un certain "décolonial" permet cette opposition . Et de fait, on a bien des musulman-e-s qui sont critiques de l'intégrisme musulman tout en fustigeant l'islamophobie qui frappe les musulman-e-s. 

Illustration 1
contre tous les fascismes

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