Produire de la valeur d'usage contre l'austérité qui frappe les peuples-classe !
Très brève contribution à la conférence-débat de la Convergence nationale des collectifs de défense et de développement des services publics de ce 16 mai 2014
http://www.convergence-sp.org/spip.php?article1456
Suite de : "Le fétiche de la croissance, un dieu qui cache la prédation oligarchique !"
Ici ou en Europe et dans le monde, produire aussi de la richesse non marchande pour les peuples-classe !
XX
I - Croissance, développement durable et service public.
Pour critiquer la notion de "développement durable", ce qui se fait de plus en plus dans l'altermondialisme, il convient de remonter au "paradigme de la croissance" (économique) comme "paradigme unificateur pour l'économie". L'idée retenue est que "la croissance économique (est) majoritairement considérée comme entrainant automatiquement une réduction des inégalités et l'amélioration du bien-être." Mais en quoi y-a-t-il un lien entre croissance et développement ? Citons notamment l'économiste Elsa Assidon : "la théorie de la croissance va exercer un effet axiomatique sur la problématique du développement en donnant à celle-ci sa dimension la plus étroite, celle d'un changement quantitatif accéléré". Or le développement ne saurait relever d'une conception étroite. Il serait beaucoup plus "multidimensionnel". Il intègre notamment deux grandes dimensions : la sociale et l'écologique.
Cette intégration des aspects sociaux et écologiques est d'ailleurs une des raisons de l'adoption du terme "développement durable" par les syndicats et l'altermondialisme qui ne peuvent s'en tenir à la notion étriquée de croissance, si répétée par les économistes orthodoxes et les dominants de façon générale. Pourtant dans l'altermondialisme, la notion est contestée, tout comme celle de croissance qui en est sa matrice, mais cette critique n'est pas unanime. Pourquoi ? Disons, pour résumer à grand trait - j'ai développé ailleurs (1) -, que pour la critique, le social et l'écologie restent deux ordres sous la domination de l'économie donc de la croissance .
Les "trois cercles" "économie (croissance), social et écologie" du schéma du développement durable (cf 1) ne sont pas égaux. Celui de l'économie est nettement plus gros et les deux autres beaucoup plus petits. C'est important ! Reste, en tout état de cause, qu'il convient au plan théorique de bien de saisir le "saut paradigmatique" un saut certes très relatif - opéré dans le passage de croissance à développement. A partir de là, on peut bien juger que ce saut est insuffisant pour entamer une critique radicale proprement anti-productiviste (2).
II - Summa divisio : Production de valeur d'échange (PVE) et production de valeur d'usage (PVU).
Dans cette critique, il convient de rappeler la grande distinction entre production de valeur d'échange (PVE) et production de valeur d'usage (PVU). Il s'agit de deux grands ordres de production . Il y a évidemment des biens utiles - des marchandises - dans la PVE. Mais l'essentiel n'est pas là. A ce niveau.
Globalement, sans aller dans le détail, la première est surtout, sauf les coopératives, production marchande pour le profit et pour des biens à obsolescence programmée, la seconde est plus production non marchande pour les besoins. Ce qui ne signifie pas que ce soit suffisant pour une production écologique. Ce n'est que le premier pour assurer un lien entre le "social" et "l'écologique" !
La production de valeur d'usage ( PVU), en mode gratuit ou à tarification progressive , qui est de nature non capitaliste (mais dominé conjoncturellement par lui), ouvre, via les services publics au plan national et européen et les biens communs au plan européen et mondial, la porte aux logiques démocratiques, sociales et écologiques ! On retrouve là les trois grands thèmes de l'altermondialisme !
Alors que la croissance est une sorte de fétiche qui cache la prédation oligarchique (2) contre le social (le peuple-classe) et la nature (thème des "générations futures")
Christian Delarue
1) Repenser les trois cercles du Développement Durable.
2) Le fétiche de la croissance, un dieu qui cache la prédation oligarchique !
Source : http://yonnelautre.fr/spip.php?article6794#forum78881