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Billet de blog 16 septembre 2016

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La drague n’est pas la séduction

La drague n’est pas la séduction, ni le harcèlement de rue. Essai de distinction.

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La drague est surtout masculine (pas que) et dans l’espace public. Un homme aborde une femme sur n’importe quel prétexte afin de partager du temps avec elle au bar en buvant un verre.

Cela - au passage - n’a rien à voir avec la suite de propos sexistes (franchement humiliants ou faussement positifs) adressée par plusieurs hommes à n’importe quelle femme qui passe dans le but d’assoir une domination masculine via le harcèlement de rue. La drague n’est pas harcèlement de rue par les beaufs machistes qui n’entendent eux entreprendre aucune relation avec une femme. Ils ne prennent aucun risque. Ils s’arrogent tous les droits pour déconsidérer, humilier une femme sexy ou non. Dans le harcèlement, la femme n’est pas choisie car jugée jolie (par exemple). Toute femme peut subir la chaîne des injures sexistes. Les jolies femmes en ramassent plus peut-être.

Revenons à la « drague ». Ce passage au bar par le « dragueur » (catégorie réductrice) est souvent conçu comme une étape vers le fameux « et plus si affinité ». Dans ce passage, de nombreux hommes se font éconduire et font plus ou moins durement l’épreuve que le « peut-être » se termine par un « non » ferme qui casse toute anticipation joyeuse. Ce qu’on nomme vulgairement « se prendre un râteau » . Pourtant de nombreux hommes recommencent. Le sociologue Simmel a expliqué (&) que les hommes prennent gout à cette tension, à cette incertitude entre ce qui est donné et ce qui est refusé par les femmes.

Le « peut-être » est cet espace de séduction ou se lit ce qui est donné et ce qui est refusé . Le « peut-être » est aussi ce langage des signes corporels, verbaux et infra-verbaux adressé à l’autre dans la séduction. « Refuser et accorder, c’est ce que les femmes savent faire à la perfection, et elles seules », écrit Simmel (1). Dans ce jeu il y a un enjeu : il importe de bien saisir le premier instant car soit il est vécu comme agréable soit comme gênant. Si vous indisposez alors , pour ne pas passer pour ou devenir un « mec lourd » (cf Natacha Henri - Laffond 2003), n’insistez pas. Ecartez-vous immédiatement si vous êtes près d’elle. Et un « désolé » ou « excusez-moi » peut être bien venu pour rattraper la mauvaise « accroche » !

Il y a aussi le risque inverse de réduction de l’homme - être humain digne et respectable - à son regard, à sa pratique mais en préjugeant ici un manque d’estime et de respect pour les femmes et donc à un statut de « dragueur » méprisé. La suite du « non c’est non » ce n’est pas le mépris mais la montée en dignité mutuelle et respect. Et donc le maintien de ce qui va avec : la politesse ordinaire qui est la marque de la dignité assurée.

 Lire :

Simmel, pour ce que j'en ai lu, me semble un peu daté mais Natacha Henry est elle d'une lecture instructive :

LES MECS LOURDS ou le paternalisme lubrique de N Henry (note C Delarue)

http://amitie-entre-les-peuples.org/LES-MECS-LOURDS-ou-le-paternalisme

Harcèlement de rue - L'Entretien avec Gaïa - YouTube

https://www.youtube.com/watch?v=wLq26kgW1WM

LA MINI-JUPOPHOBIE - La haine de la séduction du corps ! | Le Club de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/090416/la-mini-jupophobie-la-haine-de-la-seduction-du-corps

L’engagement authentique dans la relation amoureuse : un détour via Valérie DAOUST - Solidarite des peuples-classe

http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/01/26/1907001_l-engagement-authentique-dans-la-relation-amoureuse-un-detour-via-valerie-daoust.html

Pour l’homme, écrit Francisco Albéroni dans L’érotisme (p77) 
« la séduction n’est pas un motif de triomphe mais d’émerveillement. Elle engendre un sentiment de reconnaissance et non de supériorité ». Albéroni n’est pas Sade.

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