VOILE : Dérives du combat identitaire
entre liberté totale et interdit partout (du hijab)
Le "combat racial" avance sous couvert de "combat civilisationnel" et le "choc des identités" (cf article Médiapart évoquant notamment Eugénie Bastié - qui mène aussi par ailleurs un combat classiste en faveur des classes possédantes et dominantes) .
De nos jours, et plus qu'avant peut-être mais c'est récurrent, ce sont les musulmans et surtout les musulmanes qui sont constamment visé-e-s et sont souvent victimes de racisme. Il y a là un défaut grave de considération adelphique et de vivre ensemble à égalité sans discrimination.
Combat identitaire maximal entre deux camps
On assiste, en fait, à un combat de camps opposés de type identitaire avec des excès de chaque camp concernant ce qu'on nomme depuis mars 2004 "les signes ostensibles de religion" mais qui concerne surtout le voile des musulmanes. D'un côté, on a les identitaires du combat civilisationnel et raciste qui exigent l'interdit du voile islamique absolument partout (cf RN), et ce contre le principe général de s'habiller librement (sauf exceptions ) dans les Etats de droit. De l'autre côté on a, en face, le camp du "pro-voile partout" sans aucune exception.
Cette dernière position fait l'affaire des intégristes religieux sexyphobes qui sévissent encore dans quasiment tous les pays à religion musulmane dominante. Ces intégristes n'ont pas disparus à la fin de la décennie noire algérienne. Certains ont abandonné le terrorisme mais on continué l'autoritarisme patriarcal de recouvrement complet des musulmanes de la tête au pieds. On voit ainsi que ce thème du voile ne vient pas du féminisme mais de son contraire. Mais comme dans les identitaires d'en-face la leçon de féminisme est biaisée par le racisme (le groupe Némésis ne parle de viol que quand il s'agit d'un africain et n'est nullement féministe) les choses deviennent complexes. Et une vigilance s'impose.
Entre ces deux extrêmes, il a plusieurs positions en équilibration.
Comme de nombreuses personnes, je défends le principe de liberté qui connait des exceptions. Quand il y a interdit ce ne peut être que ponctuel, pour un lieu ou une situation précise. Et il n'y a pas alors à exiger une sorte de privilège de foi ou de privilège de religion pour ne pas se découvrir de façon ponctuelle. Le principe d'égalité vient alors complèter l'exercice de l'exception au principe de liberté.
Face aux conservatismes de moeurs qui accompagnent la montée des autoritarismes divers et des processus de fascisation il importe de défendre tout à la fois le principe de liberté de s'habiller librement et la possibilité de poser des interdits d'exception, le tout dans une atmosphère de considération réciproque. Cela vaut pour le "trop couvert" comme pour le "pas assez couvert". Dans les deux cas, ce sont les femmes qui se retrouvent à avoir tord, car jugées provocatrices.
Autre chose, il n'y a pas dans notre société qui veut lutter contre l'islamisme a stigmatiser constamment les musulmanes voilées en les ramenant à la figure de l'intégrisme religieux sexiste (une sexyphobie patriarcale venue de loin : Tertullien) . Il faut ici encore adopter le principe de considération adelphique. Un devoir d'être civilisé et respectueux.
Christian Delarue
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