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Billet de blog 24 octobre 2024

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Erich FROMM : Participer à la production de l'existence sociale

Erich FROMM : PARTICIPER A LA PRODUCTION DE L' EXISTENCE SOCIALE : QUELLE PLACE ? QUEL LIEU ?

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PARTICIPER A LA PRODUCTION DE L' EXISTENCE SOCIALE :

QUELLE PLACE ? QUEL LIEU ?

Illustration 1
DELARUE - FROMM © Ch DLR

Nouvelle suite de réflexions ( 4 ème article) avec et autour d'Erich Fromm : ici sur le rapport entre le "être productif" et pleinement humain 

Ce thème issu de Spinoza avec le lien entre productif et actif a déjà été développé sur ce blog :

Eric FROMM, la PRODUCTION et son ETHIQUE !

https://blogs.mediapart.fr/christian-delarue/blog/020316/eric-fromm-la-production-et-son-ethique

et ce en deux parties :

1) La conception frommienne de l'être humain (renvoi)

2) La capacité de produire comme indice de réalisation de soi

Cette seconde partie mérite, semble-t-il, un questionnement eu égard aux pratiques de ruptures des jeunes (surtout) vis-à-vis du travail aussi bien salarié que des activités associatives bénévoles (mais parfois couteuses) utiles à la société.

D'abord reproduction du chapitre tel quel

XX

LA CAPACITE DE PRODUIRE COMME INDICE DE REALISATION DE SOI .

Erich Fromm, grand lecteur de Spinoza, défendait la capacité productive des humains comme indice de maturité des individus adultes accomplis.

Etre productif, c'est une activité humaine très importante tant individuellement que socialement et les deux aspects sont liés , mais ne nous trompons pas sur le sens du mot ! 

A) Première série de précisions

il ne s'agissait pas nécessairement pour Fromm 

1 - d'un travail salarié orienté via le marché vers la réalisation d'un profit. 

2 - Il ne s'agissait même pas nécessairement d'un travail salarié dans un secteur non marchand, comme les services publics.

3 - Etre productif pour Fromm c'est produire, par un effort rationnel et une certaine discipline (que chacun se donne), des biens et services utiles à la société. Cela peut se faire gratuitement, bénévolement, dans un cadre associatif ou non. 

B) Seconde série de précisions.

4 - Etre productif, ce n'est pas de l'activisme mécanique et irréfléchi, car s'arrêter pour réfléchir à ce qu'on fait participe de l'Etre productif de même que savoir rester seul sans divertissement. On retrouve là le sens d'activité de Spinoza.

5 - Etre productif ne signifie pas absence de plaisir dans l'activité, mais il faut quand même un effort productif. 

6 - Par contre, il n'est écrit nul part qu'il faille travailler beaucoup (même si c'est parfois nécessaire dans certaines fonctions) et faire ses 25, 28 ou 30 heures hebdomadaires peuvent largement suffire pour un travail salarié, qui mérite d'être partagé et non accaparé.

7 - Par contre nul n'est exempt, sauf les handicapés, les jeunes, les vieux, de cette participation à la production de l'existence sociale. Tout un chacun(e) doit y apporter sa part. 

XX

Ensuite le questionnement du moment

ALIENATIONS et FRACTURE D' UN GRAND ECART

Entre le TROP TRAVAILLER des une.es ET le NE PLUS S'ACTIVER DU TOUT des autres!

Depuis ce texte publié en 2016 (pas si vieux), il faudrait noter un écart, que je vois générationnel (mais pas seulement - principalement), entre un monde productif en SUR-TRAVAIL par rapport à la norme des 35 H hebdomadaires ( ce qu'on pourrait nommer le travaillisme salarial) et un monde - plutôt des jeunes (20 - 35 ans) - en rupture dit-on avec la "valeur travail" .  Cette rupture, issue par hypothèse forte des excès du monde du sur-travail, de travaillisme ("jouer des coudes" pour avoir un job dans un univers concurrentiel, "crocher dedans" pour être performant dans la durée, etc ), peut prendre plusieurs formes : le chômage complet, le travail précaire, le temps partiel... et une vie modeste, "décroissante", souvent dépendantes des aides sociales (ou familiales).

Ce qui est aussi à noter, rapporté notre conception frommienne qui ne vise pas que la production pour le capital, en matière de rupture c'est aussi une certaine absence d'activité hors travail salarié et donc une absence dans le secteur associatif là ou l'on produit de la valeur d'usage hors valeur marchande, ou on produit du sens, donc avec peu d'aliénation et plus d'épanouissement, hors système d'exploitation de la force de travail.

 C'est bien là que la position de Erich Fromm interroge.

En effet si la caractéristique de l'humain pleinement vivant et développé, non aliéné (ou très peu), est d'être producteur ou productif hors de tout biais capitaliste exploiteur alors que penser des (jeunes) gens en rupture complète? Je rappelle la formule d'Erich Fromm : "Tout être humain doit apporter sa part à la production de l'existence sociale" et sans sportivisation obligée, sans souci obsessionnel de performance, mais néanmoins sa part. Sa modeste part serait requise sauf exception (handicap, âge, etc). Dés lors, la position de vie "canapé" sans aucune production intellectuelle utile pour le monde et la société n'est possible que provisoirement car le reste du temps, il convient de trouver le moyen d'apporter sa part à l'existence sociale.  

Un retour critique sur la position de Fromm semble nécessaire mais plus encore ce qui doit se faire de nos jours c'est plutôt une critique féroce du monde existant, de son concurrentialisme forcené hors solidarité et coopération, de sa logique de domination lourde et constante dans le monde du travail salarié qu'il soit orienté vers le profit ou vers la satisfaction des besoins sociaux hors profit. Cette rupture des jeunes interroge surtout le poids aliénant de notre monde productif pour le profit outre la production utile à la vie.

C'est un simple point de vue critique et pas une vérité mais c'est vers elle qu'il faut aller pour changer de base et de monde !

XX

Ouverture politique...

Il y a un enjeu de la question au-delà de la référence à Erich Fromm et à mon propos philosophique, avec ce qu'on appelle de nos jours en sociologie la "conscience triangulaire" (des citoyen.nes du RN) qui critique tout à la fois le parasitisme d'en-haut chèrement payé pour peu d'apport voir des nuisances le tout avec parfois de l'antisémitisme et le parasitisme d'en-bas contre les "bras cassés" (formule méprisante de classe lu il y a 30 ans en 1994 dans un AJDA) des français blancs ou des "issus de l'immigration" (racisme du propos). Cela va jusqu'à critiquer les gens qui travaillent réellement mais que 35H au lieu de 40 ou bien plus.

...et syndicale

Je suis pour un partage du travail et donc une nouvelle RTT à 32H sur 4 jours voire 28H/4J pour les métiers pénibles (ou par exemple on a le dos cassé avant 50 ans). Ce partage du travail se fait sans perte de salaire et avec une répartition des richesses ou le NFP section "Robin des bois" pique dans les revenus mensuels à 5 chiffres notamment avec dividendes élevés ceux qui placent, après achats immobiliers, dans les paradis fiscaux afin de redonner en-bas, tout-en-bas mais plus haut aussi notamment pour la rénovation des "passoires thermiques" . Je suis aussi pour indexer les salaires sur les prix. Ce qui passe par des grèves et des manifestations : la prochaine le 3 décembre 2024.

...et féministe

Dans cette lecture les femmes (la grande majorité, pas les féminocrates) pourront ajouter encore plus d'intensité aux perceptions des problèmes, des oppressions, exploitations, aliénations. 

Christian Delarue

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