Je commence à écrire alors que les hélicoptères survolent Strasbourg depuis quelques heures.
Certains s'inquiètent de la manifestation contre l'OTAN. Mais les casseurs redoutés à juste titre, et
qui ont déjà fait des dégâts depuis quelques jours, ne servent pas la cause qu'ils prétendent
défendre. On ne change pas la société en se battant contre les forces de l'ordre ou en détruisant
des abribus.
Les manifestants dans leur majorité, quelles que soient leurs appartenance politique, veulent
manifester de manière démocratique. Contrairement à ce que les medias laissent supposer les
manifestants sont majoritairement issus de mouvements démocratiques, altermondialistes
comme ATTAC, syndicats, ou organisations politiques.
Je reprends mon texte une fois revenu de la manifestation. Les manifestants se sont retrouvés
piégés dans un quartier dont ils ne pouvaient pas sortir. Les casseurs étaient mêlés aux
manifestants, ce qui constituait un risque permanent. Nous avons dû sortir rapidement du
jardin des Deux Rives car la police envoyait des gazs lacrymogènes sur les manifestants qui
attendaient le départ. Tout le long de la manifestation nous étions des cibles entre les casseurs
et la police. Nous étions piégés, et sans possibilité de sortir puisque le pont d'Anvers et le pont
Vauban étaient fermés par la police qui n'a pas voulu laisser passer les manifestants, au motif
que la manifestation n'étaient pas terminée. Certains manifestants ont pris la direction du pont
allant vers la Robertsau, d'autres ont pris la direction du Neudorf . Je n'ai jamais vu cela de ma
vie.
Pendant ces quelques jours se sont retrouvés livrés à eux-mêmes d'une part les habitants du
Stockfeld (où se tenait le village autogéré des anti-OTAN) et les habitants du quartier du Port du
Rhin où devait se dérouler la manifestation, d'autre part les manifestants eux-mêmes. A qui
imputer la responsabilité de ce capharnaüm ? Les casseurs ont empêché l'expression de la
démocratie et ont fait le jeu de ceux qu'ils prétendent combattre. La municipalité se retrouve
à gérer la casse alors que la sécurité incombait à l'Etat. Idem pour les commerçants qui ont dû
fermer boutique ce weekend, le remboursement du manque à gagner incombe également à
l'Etat.
Christian Dufrechou