Christian Euriat

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Billet de blog 9 août 2024

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Les petites filles

L'impitoyable regard des petites filles de quatre ans.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai beaucoup hésité avant de poster ce billet. Car en ces temps de méfiance universelle et de moralisme triomphant, puis-je écrire publiquement sans risquer l'anathème que j’adore les petites filles ? Pas seulement mes petites-filles avec un trait d'union, ça, c’est convenable et même recommandé, mais toutes les petites filles, effrontées, espiègles et cruelles. Il est vrai que je leur dois quelques-uns de mes plus jolis souvenirs.

On m’a longtemps payé avec l’argent du contribuable pour essayer de former des enseignants. J’allais dans les écoles visiter les étudiants, le plus souvent des étudiantes en réalité, que nous y envoyions en stage.

Un jour, en grande section de maternelle, j’observais la classe, un peu pensif, en me grattant le nez. Pour être précis, l’intérieur du nez. Bon, soyons franc, j’avais un doigt dans le nez. Alors une petite fille, toute mignonne, blondinette, se plante bien droite devant moi avec toute la réprobation du monde dans les yeux et me lance : « T’es dégoutant, Monsieur ! ». Merveilleux moment de grâce enfantine. Un de mes plus attendrissants souvenirs que je dois à cette gamine dont je ne sais même plus le prénom.

Souvent, les élèves voulaient savoir qui j’étais. Au Cours Moyen, des garçons me demandaient avec le plus grand sérieux si j’étais l’inspecteur. Déjà bien entrés dans le moule, les gamins. Et dire qu’il se trouve des esprits chagrins pour déplorer que l’école n’inculque plus le sens de l’ordre.

Les petites filles de la maternelle, c’était autre chose. Leur question était : « Monsieur, t’es le papa de la maîtresse ? ». Quand on sait que pour des enfants de cet âge, le papa est en fait le mari de la maman, je me trouvais plutôt flatté de me voir ainsi rangé dans la classe d’âge des mes étudiantes. Mais le jour où une délicieuse petite fille, forcément délicieuse, m’a balancé sans rire : « Monsieur, t’es le papy de la maîtresse ? », j’ai su qu’il était temps de prendre ma retraite. J’adore les petites filles.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.