Un despotisme embryonnaire
J’avais consacré un essai au personnage, en 2023, paru chez L’Harmattan et intitulé « La clique au pouvoir » puis un autre, publié chez le même éditeur, évoquait le passage que l’intéressé était en train de préparer afin d’aboutir, en 2027, à l’arrivée de l’extrême droite à la tête du pays : « La peste brune est à notre porte ». Je n’imaginais pas que cette transition serait engagée aussi tôt dans le temps.
Emmanuel Macron a atteint, en sept ans, un stade jamais observé sous la cinquième République. De pantin à la solde de la finance, il est devenu une forme de despote en devenir, toujours prompt à fouler les nobles valeurs de notre pays. Certes, le personnage n’a pas encore égalé ses modèles mais, depuis quelques mois, il n’a cessé de fragiliser la démocratie en faisant la démonstration d’une succession de dénis patents.
Si les faits sont indéniables : l’extrême droite est passée de 17 à 40 % sous la présidence Macron, la nomination du Premier ministre le 6 septembre a permis de constater qu’il y a une forme d’accord tacite avec le Rassemblement national pour valider ce choix. Macron a donc refusé l’évidence du résultat des législatives pour privilégier un « accord avec le diable ».
Après une décision de dissolution irresponsable, prise à l’insu de ses collaborateurs les plus proches, et au mépris du peuple français, « le petit monarque » vient de commettre l’irréparable : la confiscation du vote qu’il avait pourtant lui même provoqué. Il a refusé de reconnaître les résultats de ces élections législatives convoquées par lui au soir du scrutin des élections européennes. Cet homme d’État, pratiquant sans cesse le mépris, a commencé par différer de près de deux mois, sans justification, la réaction qui devait être légitimement prise au lendemain d’élections nationales de cette importance, puis il a fini par nommer un Premier ministre issu d’un parti, Les Républicains, qui avait largement perdu ces échéances. Les résultats, au soir du 7 juillet, n’avaient certes pas permis de dégager une majorité absolue mais présentaient, sans contestation possible, un groupe arrivé en tête qui, de fait, obtenait une majorité relative, Le Nouveau Front Populaire.
Dans toute démocratie, le vote du peuple est respecté et donne lieu à une mise en œuvre au regard de l’expression souhaitée par les électeurs. Pas dans la France de 2024 ! Depuis sept ans, le président de la République a passé son temps à soliloquer, s’évertuant à donner des leçons à la population du pays, à l’opposition, et à tous les autres pays dans le monde. Ridiculisé sur la scène internationale pour ses comportements immatures, il n’applique en rien les principes qu’il reproche aux autres de ne pas mettre en œuvre. La France de 2024 n’est plus celle qui faisait l’admiration de tous les pays, elle vient de changer d’option : sous la conduite de son président, elle rejoint peu à peu la clique des dictatures recensées sur le plan international.
Despotisme, dictature… Certains vont faire les offusqués en prétextant que notre belle France est toujours une démocratie, que mon propos est excessif mais pourtant, reprenons les définitions de ces mots : « Régime politique dans lequel un seul homme gouverne de façon arbitraire et autoritaire », « on appelle dictature un régime dans lequel une personne ou un groupe de personnes, disposant du pouvoir absolu, s’y maintient de manière arbitraire ». Ce qui se passe dans le pays aujourd’hui est-il réellement éloigné de ces définitions ? Par ailleurs la manière dont le maintien de l’ordre est appliqué en France depuis le mouvement des gilets jaunes est indubitablement un signe d’intensification de l’autoritarisme.
Aucune orientation politique, depuis sept ans, ne va dans le bons sens. Aucun cap n’est donné pour prendre en compte les vraies priorités, l’exécutif a laissé péricliter les services publics : le système de santé va très mal, l’éducation manque cruellement d’enseignants, la Justice de magistrats… ; l’exécutif, et particulièrement le président, ont démontré un désintérêt flagrant pour l’urgence climatique, la préservation de la diversité ; l’écart entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien se creuse, rien n’est fait pour lutter contre les inégalités. Quelle démocratie se respectant peut aisément fonctionner quand l’ensemble du gouvernement, au moment crucial de la rentrée, est démissionnaire depuis de longues semaines parce que le président de la République n’a pas su assumer ses responsabilités ?
Cette situation ne peut perdurer. Il est d’une urgence absolue que le fonctionnement du pays retrouve de la sérénité, que des axes soient définis pour prendre en compte enfin l’intérêt général. En l’état, pour ce faire, il n’y a qu’une seule alternative, le départ de celui qui provoque le chaos.
Christian DANIEL, le 8 septembre 2024