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Billet de blog 18 juillet 2023

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Révélations Uber Files. Rapport d'enquête parlementaire sur Uber en date de ce jour

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Aujourd'hui, la Commission parlementaire d'enquête sur Uber-Files a rendu son rapport, à cette occasion, j'ai souhaité livrer quelques lignes de mon livre " Une clique au pouvoir" paru chez l'Harmattan en avril dernier.

Révélations Uber Files

Dans son édition du 11 mai 2022, le quotidien Le Monde titrait « Les manœuvres d'Uber pour s'imposer en France » et abordait, sur quatre pages, les éléments d'une vaste enquête conduite par le Consortium international des journalistes. Le journal mettait en lumière le rôle joué par Emmanuel Macron alors qu'il était encore ministre de l’Économie et reprenait les termes des conclusions du Groupement de journalistes qui affirmaient que celui-ci aurait rencontré plusieurs fois le fondateur de l'entreprise américaine.

« Les dirigeants d'Uber sont d'autant plus ravis de l'accueil extrêmement cordial du ministre de l'économie, que le reste du Gouvernement leur est très hostile ».

Le journal Libération, au lendemain de la publication de ces révélations, indiquait que « L'intérêt de la firme américaine pour notre pays tient aussi à certaines dispositions législatives avantageuses ». Le statut d'auto-entrepreneur était une vraie opportunité pour la start-up dont le modèle repose sur les travailleurs indépendants.

« Depuis dimanche1, les révélations de plusieurs médias sur la proximité entre les lobbyistes de la multinationale américaine et le chef de l'État, alors Ministre de l'économie de François Hollande, sont un nouveau pavé dans la mare, une ènième épreuve pour un pouvoir aux abois qui, comme ce fut le cas au moment de l'affaire Benalla, touche directement et personnellement le président en exercice ».

Dans son dossier, Le Monde mettait l'accent sur « ce qu'il faut savoir », donnant ainsi les clés de lecture :

« Uber Files est une enquête sur 124 000 documents internes transmis par une source anonyme au quotidien britannique « The Gardian » et partagés avec le Consortium international des journalistes d'investigation et 42 médias partenaires, dont le Monde. Les documents en question datant de la période de 2013 à 2017, présentent une mine d'informations sur le fonctionnement de lobbying de la start-up (Uber) qui cherchait à s'implanter » dans le monde entier, malgré un contexte réglementaire défavorable et dévoilant des pratiques volontairement en marge de la loi. En France, l'enquête révélait qu'Emmanuel Macron, à l'époque ministre de l'Économie, s'était démené dans l'ombre pour soutenir, contre l'avis du Gouvernement, une entreprise visée par de multiples procédures judiciaires et fiscales, jusqu'à conduire, avec son PDG, un « deal » secret favorable à Uber.

Médiapart dans le même temps, évoquant la séance de l'Assemblée nationale en date du 11 juillet 2022, introduisait l'affaire en donnant la parole à Mathilde Panot, Présidente du groupe des Insoumis, qui concluait son propos devant la Première Ministre : 

« Qui est d'accord ici, pour la politique de casse et d'injustice sociale ? Le retour du passe sanitaire ? Qui est d'accord avec le président des lobbies qui roule pour Uber ? ». « Le mot est lâché en plein cœur de l'Assemblée nationale ».

En effet, les réactions qui suivirent entraînèrent une certaine effervescence dans l'hémicycle, avec des interventions virulentes de députés de la NUPES : ainsi, la députée écologiste Sandra Regol : « Dans n'importe quel autre pays, un Président ou un premier ministre mis en cause démissionnerait immédiatement (…) ». Une indignation que partageait la députée insoumise de la capitale, Danielle Simonnet, celle qui s'était battue bec et ongles contre Uber aux côtés des taxis parisiens, n'a pas été surprise : Emmanuel Macron, était le rapporteur de la Commission Attali sur la libéralisation de la croissance.

Même la droite, par la voix de la députée (LR) Annie Genevard, n'épargna pas le Chef de l'État : « Cette histoire révèle à tout le moins les curieuses pratiques qui étaient à l'époque en vigueur au sein d'un même gouvernement. Le Premier ministre et des ministres très méfiants, voire hostiles à Uber et, dans le même temps, le Ministre de l'économie qui lui ouvre le marché français ».

« Quels intérêts sert Macron : ceux des Français ou d'une multinationale ? », interrogeait le Député Insoumis Paul Vannier.

Le commentaire de la journaliste de Médiapart est d'une grande clarté. Je vous en livre une partie :

« La facilité2 avec laquelle Uber, à partir de 2015, a trouvé, non pas une oreille attentive, mais complaisante, en la personne d'Emmanuel Macron, alors Ministre de l'économie, démontre le degré de collusion intellectuelle qui sévit dans l'appareil d'État. Les dix-sept rendez-vous cachés entre Emmanuel Macron et le fondateur d'Uber, Tracy Kalanick, les 50 échanges pour faire lever les obstacles réglementaires, bloquer les investigations judiciaires et fiscales, les manœuvres pour réécrire la loi, nous renvoient pour notre plus grande honte, à des pratiques de république bananière, où certains, profitant de leur position, entendent favoriser les intérêts privés au détriment de l'intérêt général, où la duplicité et la déloyauté à l'égard de toutes les formes de démocratie deviennent la norme ».

1 Médiapart Pauline Graulle 11 juillet 2022.

2Médiapart Martine Orange 12 juillet 2022

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