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Billet de blog 19 août 2024

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Le président de la République a-t'il failli à sa mission

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Contribution à la réflexion sur la proposition de destitution : le président de la République, Emmanuel Macron, a-t-il failli à sa mission ?

La question qu’il convient de se poser effectivement est : le président de la République, Emmanuel Macron, a-t-il failli à sa mission ? Et si c’est le cas, est-ce que le maintien à son poste n’est pas de nature à nuire au bon fonctionnement du pays ?

L’article 68 de notre constitution stipule que «  le président de la République ne peut être destitué qu’en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat. (...) »

  • Depuis sept ans, le président de la République a engagé une opération de déstabilisation du Service public, fortement préjudiciable à l’accomplissement des missions essentielles (Santé, Education, Justice, Solidarité…). Des milliers de lits d’hôpitaux ont été fermés, des milliers d’enseignants manquent dans les classes et rien n’est fait pour y remédier, ...

  • Du fait d’une politique sans cap réellement défini, des pans entiers de l’industrie ont été fragilisés. Un vrai démantèlement a été engagé, bouleversant des équilibres économiques et précarisant des milliers d’emplois.

  • Depuis sept ans, le président de la République a délaissé la question prioritaire que représente l’urgence climatique et la préservation de la biodiversité. L’État a d’ailleurs été condamné pour inaction.

  • Un malaise profond a envahi la population de ce pays face au mépris de ses dirigeants et au cynisme du chef de l’État. Du fait du comportement de celui-ci, le peuple a perdu la confiance qu’il pouvait accorder au pouvoir.

  • Ce président des riches a distribué environ 160 milliards, chaque année, aux entreprises, l’équivalant du tiers du budget de l’Etat. Ce gaspillage des fonds publics contribue à alourdir le déficit de l’État. Par ailleurs, des recettes fiscales énormes manquent au budget de la Nation. Il ne s’agit donc pas, comme le précise Macron ou son ministre de l’économie, de faire des coupes sur la dépense publique mais, au contraire, d’arrêter les dépenses inutiles et d’aller chercher les recettes là où elles sont.

  • Depuis sept ans, Emmanuel Macron s’acharne à détricoter les textes qui ont fait la grandeur de notre pays. Jour après jour, il sape les valeurs qui constituent les bases de la Nation française.

  • Les options prises par le président français sur la scène internationale ont décrédibilisé le pays et réduit fortement l’audience de la France dans le monde.

  • La question des libertés publiques est aussi un domaine sur lequel le président de la République s’est illustré de façon dramatique : la gestion du mouvement des gilets jaunes et la conception particulière et violente du maintien de l’ordre, l’initiative et la promulgation de textes qui, dans l’hypothèse où l’extrême droite arriverait au pouvoir, constitueraient aisément l’ossature de sa nouvelle politique.

  • La volonté du peuple de France est sans cesse occultée et sur de grands dossiers, le président n’a pas hésité à utiliser des artifices démontrant, en de multiples occasions, des dénis de démocratie. L’utilisation éhontée du 49-3 en est un exemple flagrant.

  • Depuis son arrivée au pouvoir, le vote exprimé pour l’extrême droite est passé de 17 à 40 %. Le président de la République porte une responsabilité écrasante dans cet état de fait.

  • Après avoir dissout l’Assemblée nationale, au soir des élections européennes, le 9 juin 2024, et convoqué des élections législatives, le président de la République a perdu son pari et perdu la majorité qu’il avait au sein de cette instance. Certes, aucun bloc n’obtient la majorité absolue, mais celui du Nouveau Front Populaire obtient sans conteste, la majorité relative. Depuis le résultat de ce scrutin, Emmanuel Macron a différé toute décision de nomination d’un(e) nouveau(elle) premier(e) ministre conforme auxchangements intervenus dans la composition de l’Assemblée nationale. Il a justifié cette décision au prétexte de la tenue des jeux olympiques. Depuis la clôture de ceux-ci aucune annonce concrète n’a été effectuée. Un gouvernement démissionnaire, censé gérer les affaires courantes, continue d’agir comme si le peuple ne s’était pas exprimé voilà près d’un mois et demi.

Cette brève énumération, qui démontre la gravité des dommages occasionnés par l’action d’Emmanuel Macron à la tête du pays, atteste sans conteste de sa responsabilité. Pour répondre aux termes de l’article de la constitution de 1958, le président de la République a commis des manquement graves à ses devoirs et, dans les quelques années de son mandat, a délibérément affaibli et déstabilisé le pays. Considérer qu’Emmanuel Macron pourrait se maintenir dans ses fonctions jusqu’au bout de son mandat est un risque éminemment grave que la France courrait. C’est pourquoi, la proposition émise par une des composantes du Nouveau Front Populaire me semble une option vitale pour le pays, à moins, naturellement, qu’un nouveau gouvernement soit investi immédiatement et dispose d’une autonomie réelle en rapport avec le mandat donné par le peuple français à l’occasion de ces élections législatives.

Pour conclure et anticiper les éventuelles objections, il convient dans ce contexte de s’interroger sur la pertinence de la démarche de destitution :

Y a-t-il eu une faute grave du président de la République, compromettant la stabilité du pays ?

Si oui, et c’est ce que j’affirme, son maintien dans ses fonctions peut-il se concevoir, sans un changement profond ? A cette question, je répondrai sans hésiter, Non !

Les dommages graves engendrés sont excessivement lourds de conséquence, il convient d’y mettre un terme rapide. C’est une question vitale pour la Nation. La proposition d’une destitution me semble être une proposition juste.

Christian DANIEL

Le 19 août 2024

Christian DANIEL est auteur de deux essais parus chez L’Harmattan :

La clique au pouvoir ( 2023)

La peste brune est à notre porte (2024)

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