Mesdames et Messieurs les responsables des partis politiques et les élus membres de la NUPES :
Marine Tondelier (EELV, les écologistes), Olivier Faure (Parti socialiste), Fabien Roussel (Parti communiste), Manuel Bompard (La France insoumise) et tous les parlementaires de ces composantes,
Citoyen engagé, auteur de l’essai « Une clique au pouvoir » paru chez L’Harmattan avant l’été, fortement préoccupé par la situation politique actuelle, je considère qu’il est de mon devoir de vous interpeller sur votre rôle. Mon appel s’inscrit dans le prolongement de la lettre ouverte que j’ai adressée au président de la République le 11 octobre dernier.
Si, en 2022, Macron a été réélu, c’est en grande partie parce que les uns et les autres n’avez pas su prendre la mesure du contexte en refusant de travailler sur une candidature unique de la Gauche et des écologistes. Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ont clairement démontré que la présence de quatre candidats de Gauche a, de fait, bloqué toute perspective de présence au second tour. Cette grave erreur a engendré, pour la troisième fois en un peu plus de vingt ans, un duel entre l’extrême droite et l’autre candidat arrivé en tête au premier tour, à savoir en 2022, Emmanuel Macron.
Votre incapacité à faire l’union a toutefois été atténuée quand, au lendemain de cette funeste réélection, dans la perspective du scrutin des législatives, vous avez créé la Nouvelle union populaire, écologique et sociale, la NUPES, en présentant partout des candidats et en déterminant une base programmatique ambitieuse. Cette initiative salutaire était d’autant plus symbolique qu’elle réunissait les forces politiques qui n’avaient pas su, jusqu’alors, trouver le chemin de l’Union.
La NUPES sut démontrer très vite sa pertinence et parvint à susciter un réel espoir. Les premiers mois de la nouvelle législature furent dynamiques. Il faut saluer le travail de ces députés investis par la Nouvelle union. Très vite pourtant, des tensions apparurent ; la NUPES fut attaquée de toutes parts. La combativité des nouveaux parlementaires généra des craintes, tant au niveau du pouvoir, qu’à droite et à l’extrême-droite. Certes, ces signes étaient encourageants puisqu’ils démontraient l’efficacité de leur travail d’opposition.
Pourtant, d’autres voix s’exprimèrent pour critiquer l’existence de cette jeune coalition. Elles venaient d’abord de personnages qui avaient pu appartenir à la gauche ou se prétendre comme tels, le président Hollande et son ancien premier ministre notamment. D’autres se manifestèrent à l’intérieur même de certaines des composantes de la NUPES :
dans l’une, la direction, très attachée à l’existence de cette entité, était mise en difficulté par une forme d’opposition interne,
dans une autre, le secrétaire national manifestait des désaccords profonds avec certains responsables et annonçait vouloir se retirer,
ou encore, dans une autre, des problèmes internes au fonctionnement du parti rejaillissaient sur la NUPES.
Toutes les composantes de cette coalition ont failli, à des degrés divers. Vous portez, Mesdames et Messieurs, une lourde responsabilité dans cette perte de crédibilité.
Toutefois, il est encore temps d’agir et de prendre les bonnes décisions : près d’un an et demi après sa création la NUPES doit être renforcée. C’est une démarche essentielle et prioritaire, c’est la seule voie qui pourra éviter au pays le chaos. Je ne peux entendre telle ou telle raison fallacieuse qui viendrait justifier une rupture : Vous avez le devoir de vous remettre ensemble au travail.
Face aux enjeux du moment, à l’action de destruction de nos valeurs perpétrée par le président de la République depuis plus de six ans, face à la spectaculaire montée de l’extrême droite, face à l’urgence climatique, la NUPES est la seule alternative en capacité de remonter le pays et de porter des orientations fortes. Il importe donc, pour ce faire, de stopper ces comportements qui fragilisent la Nouvelle Union et la gangrènent, alors qu’il faut en solidifier les bases.
Aujourd’hui, il convient d’admettre que, si des erreurs ont été faites, il importe de fixer un vrai cap pour qu’à l’avenir elles ne se reproduisent plus. Le parlement de la NUPES, instance essentielle annoncée en mai 2022, moteur nécessaire à sa bonne marche, n’a jamais fonctionné. Il est impératif de le relancer et de l’investir d’un pouvoir réel. C’est une exigence de démocratie et de transparence.
Humblement, mais avec toute ma conviction et ma ferme volonté de citoyen engagé, je vous demande de vous ressaisir et de redonner à votre action toute l’ampleur et l’énergie nécessaires pour répondre aux attentes du peuple de France.
Christian DANIEL, le 25 novembre 2023