L'Islam s'est constitué comme une version améliorée du monothéisme sémitique, plus radical, plus efficace pour développer entretenir et satisfaire le sentiment religieux.
Exit les formes compliquées d'un homme fils de Dieu, mort par amour pour nous, mort pour racheter nos péchés. Exit le récit de la vie d'un Dieu venu vivre parmi nous pour nous servir d'exemple. Exit les miracles, exit les restes de pensées grecques. L'interprétation personnelle ou rationnelle du Coran est interdite. On interprète le Coran pour l'appliquer pas pour l'expliquer. Après un long combat il fallut aussi renoncer à la science.
En lieu et place un système eschatologique simple et des règles sociales morales et politiques précises, dictées par Dieu lui-même et adaptées à son époque le VII ème siècle.
Certains historiens contemporains(G. Lüling,I. Wansbrough), se basant sur des analyses linguistiques du Coran, dans son contexte historique , font l’hypothèse que ce texte serait issu de textes chrétiens liturgiques plus anciens transformés, avec des passages spécifiquement islamiques rajoutés. Le tout aurait été destiné à une nation arabe païenne et matriarcale, afin de créer dans cet espace un monothéisme patriarcal arabe concurrent du christianisme. Des réarrangements successifs ont permis de gommer le caractère trop violemment antichrétien pour permettre de convertir ceux ci plus facilement. Il fut aussi réalisé un habillage littéraire plus conforme à la littérature et la poésie arabes. Ce travail commencé bien avant Muhammad aurait été poursuivi après sa mort pour fournir le texte définitif.
L’Islam connaît depuis sa création un succès jamais démenti. Il balaya le Christianisme sur la majeure partie de la Méditerranée et pour arrêter son développement en Europe, il dut être combattu militairement. Il gagna l'Asie Mineure, l’Inde, l'Indonésie, l’Afrique ,etc .
Mais cette radicalité qui fit sa force et son succès lui donne aujourd'hui un lourd et dramatique handicap. Le Coran , simple, précis, pratique, dicté par Dieu lui-même, est figé et ne peut suivre l'évolution des sociétés contemporaines marquées par le développement scientifique et technique , la confrontation mondialisée des croyances et valeurs, la montée de l'individualisme, les charmes du matérialisme.
Face à cette quasi impossibilité d’évolution qui curarise les intellectuels musulmans, on assiste à une fuite en arrière chez les islamistes radicaux, selon le principe bien connu « si ça ne marche pas bien c’est qu’on en fait pas assez ». Il faut donc insister et retourner aux fondamentaux radicaux qui firent les succès de l’Islam au septième siècle. Il faut ainsi proclamer la guerre sainte, imposer jusqu'à la caricature des règles de vie d'un rigorisme absurde. Dès lors le vieux fond d'islamophobie de la tradition chrétienne ressort spontanément, déclenche à son tour fureurs et passions qui bientôt se retournent contre la majorité des musulmans sincères et pacifiques.
La lutte contre le fondamentalisme violent ne peut se satisfaire des fouilles dans les aéroports, des guerres injustes contre des populations qui subissent les extrémismes. Une lutte plus efficace contre les abus de l'islamisme consiste à mieux comprendre l'Islam, ce qu'il a de positif, où se situent ses blocages et comment aider à les lever et tout au moins ne pas les favoriser. Ce sera l'objet des quatre billets suivants.