Assis devant un ordinateur et son clavier les analyses péremptoires sur les faiblesses de la gauche et la faillite socialiste sont nettement plus faciles que celles faites sur le terrain à la rencontre des gens pour les écouter et chercher à mieux comprendre leurs attentes et leur perception politique.
Je suis donc allé sur les marchés distribuer des tracts pour inviter les citoyens à voter aux primaires socialistes et à s'exprimer autrement que dans des sondages bidonnés.
Les marchés de mon quartier sont populaires avec beaucoup de chômage, des petites retraites, des minorités visibles très visibles.
Ce qui, est le plus frappant c'est le dégoût affiché pour la politique et surtout pour les mensonges et promesses non tenues. On mesure ici très bien que la politique marketing ne trompe pas les gens malgré les moyens mis en œuvre.
Face au mur de la manipulation télé, les gens modestes n'ont pas accès à des informations alternatives solides, ils le sentent bien et se détournent de la politique dans l'amalgame classique tous pourris. En discutant un peu on sent bien que pour beaucoup, face à leurs inquiétudes, existe un réel besoin de « politique honnête ».
Autre constatation très frappante, c'est le racisme rance, poisseux, violent, qui est permanent et s'exprime sans la moindre pudeur. Merci Jean Marie, merci Marine, vous faites du bon travail pour pousser notre beau pays dans une régression sordide. Votre petite entreprise familiale a besoin de la crise pour prospérer, vous voilà servis.
Si l'on pousse l'argumentation sur la candidature de Ségolène Royal les opinions se nuancent.
On a bien toujours du Ségolène bashing classique comme celui que cesse de nous rabâcher certains commentateurs sur Médiapart et ailleurs. Sa démarche de la politique par la preuve est inconnue faute de preuves jamais données par les média.
Sur le versant féminin et féministe du personnage on sent souvent une vraie complicité avec les femmes sans que cette complicité ne s'affiche vraiment, les maris ne sont pas loin. Il y a aussi pour certaines un rejet brutal, affectif, non argumenté assez difficile à comprendre.
Le plus nouveau et le plus intéressant, c'est l'accueil chaleureux réservé à sa candidature que nous avons rencontré auprès des femmes musulmanes jeunes et moins jeunes. Visiblement elles sont très sensibles à son discours sur la jeunesse et les banlieues. Le printemps arabe n'est surement pas étranger à des positions aussi affirmées.
Ma première impression mais ce n'est qu'une impression, c'est que la primaires socialiste ne devrait pas avoir beaucoup de succès auprès des classes modestes mais que sur ce segment SR semble la mieux perçue et pourrait bouleverser ce jeu dont l'issue avait été écrite par les média.