Etre élu Président de la République par 53 % des voix autorise à satisfaire, sans la moindre gêne, une minorité de riches et faire pour les autres un cinéma populiste et médiatique. Tout cela est légitime, conforme aux lois et à la constitution. Tout cela n'est pas justifié par une campagne électorale où tout le monde a pu constater après coup qu'elle était à ce point mensongère. Que dire aussi de tous les électeurs naïfs qui se sont laissés abuser et dont le vote était légitime et non justifié. Cette contradiction entre les deux sens du mot légitime, (légal ou justifié), mérite qu'on se penche un peu sur le processus ici sous-tendu : le consensus démocratique.
Pour prendre un peu de recul, quittons le champ politique pour nous tourner vers le champ médical. Sur un sujet délicat, en général une pathologie pour laquelle on constate des divergences dans le diagnostic, les conduites à tenir, les thérapeutiques , on réunit alors une "conférence de consensus". À cette conférence sont conviés des spécialistes concernés par les différents aspects du problème. Puis on découpe le problème en autant de sous problèmes que l'on juge utile. Cette définition de la problématique est la première étape dans la recherche du consensus. Il faut alors point par point rechercher le consensus proprement dit, à la fois à l'aide d'arguments objectifs mais aussi d'analyses de la valeur.
Lorsque cette recherche s'effectue avec respect des avis et des personnes, on est toujours surpris, de voir apparaitre assez rapidement un consensus là où l'on ne le soupçonnait pas. L'unanimité n'est pas toujours la règle, on mesure alors la force du consensus par un vote démocratique. Cette valeur de consensus qui n'est pas binaire permet alors de légiférer plus subtilement car la légitimité n'est plus indépendante de la justification (ici ce sont des recommandations et non des lois que l'on institue) . Quand 53 % s des voix sont pour une recommandation et 47 % contre et que des vies humaines sont en danger on s'abstient de légiférer, de légitimer le vote démocratique. Ce système de conférence de consensus est très efficace, contrairement à ce que l'on pourrait penser si l'on respecte les modalités d'obtention du consensus.
Quelles leçons pourrait-on en tirer pour le champ politique?.
C'est évidemment à la démocratie participative que l'on pense en premier.- On ne réalise une recherche de consensus politique qu'auprès des gens concernés par le problème.
- On organise un débat contradictoire, éclairé, respectueux des arguments des différentes parties.
- On mesure par un vote la force du consensus.
- On décide, on légifère en fonction de cette force consensuelle.
- Le rôle des hommes et femmes politiques est alors de garantir le respect du processus de la recherche de consensus, et non d'imposer leur système de valeurs personnelles.
On cesse ainsi de transformer la consultation politique en match de foot voire de boxe, avec un gagnant et un perdant.
On voit alors que l'on est loin de cette démocratie archaïque brutale et sans nuances qui permet de changer le chef tout-puissant et ses sous-chefs pour d'autres chefs tout autant préoccupés de leur soif de pouvoir et si peu de l'intérêt général.
Ce mauvais système pourrait être facilement amélioré.