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Billet de blog 23 décembre 2014

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Le marché selon Hayek, un projet fou?

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          LE MARCHE SELON HAYEK, UN PROJET FOU ?                 

Friedrich Von Hayek, philosophe, psychologue et économiste viennois, a été l'un des principaux penseurs du néo-libéralisme le siècle dernier. Il développe dans l’épilogue de ses trois derniers ouvrages (1980),et qui représentent la synthèse de ses travaux, les fondements de « l'ordre politique d'un peuple libre » . Thatcher a été très influencé par ses théories. Influence qui a eu des effets considérables sur l'idéologie qui sous tend la construction européenne, aidé en cela par les libéraux allemands dont Von Eucken . C’est la représentation de l’ordo-libéralisme allemand qui figure au travers des termes «  une économie sociale de marché hautement compétitive » dans le traité de Lisbonne . La Grande Bretagne a présidée, sous Thatcher, la rédaction de l’acte européen, devenu ensuite l’acte unique grâce à Jacques Delors qui a mis tout cela en musique. Membre une partie de sa vie, de l'école de Chicago dont il a été l’invité, Hayek a très activement participé à la mondialisation de la pensée unique néolibérale avec Milton Friedman . Il obtint également le prix Nobel d’économie en 1974 et remplaça Von Eucken à sa mort, à l’université de Fribourg. Churchill, Reagan et Raymond Barre qui l’a traduit en France et bien d’autres, se sont également beaucoup inspirés de ses travaux.

Il est également bon de rappeler qu’il rend responsable de la dernière guerre les différents socialismes, et que dès lors il n’a de cesse de combattre toute forme de projet raisonné des hommes.

Dans l'épilogue de ses derniers ouvrages « Droit, législation et liberté », il écrit " La culture n'est ni naturelle, ni artificielle, elle n'est ni transmise génétiquement ni rationnellement élaborée. Elle est transmission de règles de conduite apprises, qui n'ont jamais été inventées et dont la fonction reste habituellement incomprise des individus qui agissent". "C'est cette évolution culturelle que seul l'homme a subie" qui le différencie des animaux. Hayek introduit ainsi l'évolution par sélection des règles et pratiques concomitante à l'évolution biologique de l'homme. On le voit la raison n’existe pas, mais il ne se prive pas lui-même, de l’utiliser.

A signaler qu’il s’inspire tout comme l’école autrichienne d’économie, d’ Herbert Spencer sociologue, philosophe et psychologue anglais qui est le fondateur du « Darwinisme social »et de la théorie organiciste. Spencer est l’auteur de l’expression « sélection des plus aptes ». Ce dernier construit sa pensée selon des conceptions évolutionnistes, contrairement à Darwin qui lui use d’une conception plus dialectique.

Hayek écrit : "L'esprit est enrobé dans une structure traditionnelle et impersonnelle de règles apprises, et son aptitude à mettre en ordre son expérience est une réplique héritée du canevas culturel que chaque esprit individuel trouve tout fait". "Le cerveau est un organe qui nous permet d'absorber la culture mais non de l'inventer". Les éléments des structures complexes possèdent des régularités de comportement, des aptitudes à suivre des règles. D’où selon lui, l’idée d’ordres spontanés.

L'un des plus important ordre spontané auto-généré , est la vaste division du travail qui implique l'ajustement mutuel des activités des gens qui ne se connaissent pas. "Ce fondement de la civilisation moderne fut en premier compris par Adam Smith en termes du fonctionnement d'un mécanisme de rectification par contrecoup" ce qu’il appelait « la main invisible » et qu’à présent, la science cybernétique expliquerait, mais nous attendons toujours l’explication. Le processus du marché fonctionnerait grâce à l'utilisation de signaux impersonnels de celui-ci, qui disent aux gens comment faire pour adapter leurs activités à des évènements dont ils n'ont pas connaissance directement. L’imagination d’Hayek le conduit ainsi à créer ainsi un mécanisme humainement totalitaire.

 La reconnaissance du troc, de la propriété privée du sol, la concurrence, la variabilité des prix, les prêts d'argent moyennant intérêt sont des normes. Toutes ces normes furent des brèches dans la solidarité qui unissait les groupes restreints de chasseurs et qui ont ainsi fait advenir la liberté individuelle.

"L'homme n'a pas adopté de nouvelles règles de conduite parce qu'il était intelligent; il est devenu intelligent en se soumettant à de nouvelle règles de conduites" L'homme n'a jamais inventé ses institutions droit, langage, morale qui sont le fruit d'une croissance spontanée et non d'un dessein.

La revendication d'une juste redistribution afin d'allouer à chacun ce qu'il a droit est un atavisme fondé sur des émotions originelles: le partage au sein du groupe primitif de chasseurs. "Et c'est à cette sensibilité largement prédominante que font appel prophètes, philosophes, moralistes et constructivistes en proposant de créer délibérément un nouveau type de société"

Bien entendu selon Hayek, toute cette construction ne peut pas être une construction imaginé par l’homme et c'est donc au nom de la science qu'il développe ces valeurs. La science économique ainsi conçue, devient la théorie générale du comportement humain, ne laissant place à aucune autre pensée. Il termine ses trois ouvrages, par une violente critique de Freud, qu’il traite quasiment de sot et de superstitieux, toujours au nom de la science. La conscience et l’inconscient n’ont pas lieu d’être.

Il est également important de rappeler que Peter Drucker, viennois comme Hayek, qui a été proche de celui-ci, est devenu « le pape » du management aux USA .   

Et puis comment peut-on faire l’apologie de la liberté et de la démocratie et ne retenir le progrès humain que comme le seul produit de la sélection la plus avantageuse pour l’humanité. Dans l’épilogue d’Hayek, Il n’est jamais question ni de responsabilités ni de choix, alors à quoi bon la politique ? Quand au « peuple libre » qu’il appelle de ses voeux, il n’aboutit CERTAINEMENT pas au sujet libre.

Résultat d’un travail à plusieurs

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