Que sait-il du travail ? Comment accomplit-il le sien ? Où est passée la croissance qu’il allait chercher avec les dents ? Qu’est devenu le pouvoir d’achat, son fétiche ? Et le taux de chômage promis à 5% ?
Répudiant toute décence, il pérore sur la fête des travailleurs que, dans sa course folle, il travestit en péripétie folklorique et vindicative.
Mais que sait-il de la vie de millions de citoyens exténués d’être confrontés chaque jour à la dégradation de leur situation matérielle, au risque de déclassement social, au déclassement social, à la hausse des prix des biens de première nécessité. Que sait-il de ceux qui affrontent la peur de la perte d’emploi, la perte de l’emploi, la précarisation sur le logement, le poids de prélèvements obligatoires croissants ; l’enchérissement des services publics, eau potable, électricité, transports ; le déremboursement des médicaments, le forfait hospitalier ; quand ce n’est pas carrément la désertion des services publics, avec la fermeture d’écoles, de maternités, d’hôpitaux, de tribunaux, la suppression des services culturels, des services sociaux, des commissariats, l’abandon des habitants à eux-mêmes et à une compréhensible rancœur envers la puissance publique, une rage contre la politique et parfois contre des épouvantails.
Que sait-il des effets de la suppression de milliers de postes dans la fonction publique, l’Education, les hôpitaux, la magistrature, la police, la gendarmerie.
Que sait-il de l’exaspération de ces citoyens désenchantés, écrasés par l’économie, si ouvertement oubliés par la politique. Que sait-il de ce qu’ils ressentent devant le spectacle obscène de la corruption, des mensonges, de la violation des règles et de la loi, de la connivence avec des milieux d’affaires.
Que sait-il des travailleurs pauvres. De ceux qui n’ont pas d’emploi, de ceux qui en ont un mais logent dans leur voiture, des nouveaux journaliers. Que sait-il de ces vies fracassées, des suicides, des dépressions, des divorces de désarroi, de l’angoisse quotidienne d’attendre l’annonce tant redoutée de la délocalisation.
Il ne sait même pas que chez la plupart de ces hommes et de ces femmes exposés à la violence d’une économie financière sans feu ni lieu et à la brutalité d’un pouvoir politique sans principe ni valeurs, la volonté reprend le dessus, la combativité s’aiguise, récusant le misérabilisme. Dans les entreprises menacées, souvent bénéficiaires, les salariés inventent de nouvelles méthodes de lutte, se mêlent des arrangements entre actionnaires, parfois entre actionnaires et administrateurs, proposent la reprise de leur outil de travail, font vivre l’économie sociale et solidaire, mettent ensemble leurs indemnités pour créer des coopératives.
Il n’en sait rien, mais il jacasse. Et il blesse.
Christiane Taubira, 1er mai 2012
( Lire aussi le blog de Chrisitane Taubira )