Nous l’avons vu présider. Dans le tapage, les volte-face, la frénésie législative, la politique des boucs émissaires. Voilà que depuis deux jours, il distribue des certificats de républicanisme. Nous l’avons vu présider. Dans le tapage, les volte-face, la frénésie législative, la politique des boucs émissaires.
Voilà que depuis deux jours, il distribue des certificats de républicanisme. A vau-l’eau, comme il a distribué la Légion d’honneur.
C’est ainsi qu’il nous a dit, non que les électeurs de madame Le Pen sont des Français comme les autres, qu’ils appartiennent à la communauté nationale régie par les lois de la République, ce que personne ne songerait à contester.
Ni que parmi eux, il y a lieu de distinguer ceux qui font corps avec les thèses xénophobes et archaïques de l’ancienne candidate, de ceux qui sont exaspérés par un monde devenu illisible, et par l’entre-soi de ceux qui détiennent d’une part l’appareil d’Etat, d’autre part les capitaux et les dividendes du CAC 40.
Ni que c’est délibérément, et avec un cynisme encore supérieur au sien, que l’ancienne candidate cambriole le désespoir et l’exaspération de cet électorat.
Ni que cette exaspération finirait dans l’impasse, finira dans l’impasse si par malheur…, sans cette volonté farouche de François Hollande de créer un cadre de vie d’apaisement, de réconciliation, de rassemblement, par des conditions de vie moins brutales et la justice sociale partout.
Non, ce candidat qui décore à tout va ne dit rien de tout cela. Il dit juste que Marine Le Pen soi-même n’est pas incompatible avec la République.
On avait déjà relevé le sophisme sur la baisse tendancielle de la hausse du chômage. Donc on a bien traduit : pas incompatible, c’est compatible.
Compatible la xénophobie, avec la République une et indivisible qui interdit toute distinction d’origine, de genre ou de croyance?
Compatible la charge contre l’avortement, quand le droit en est reconnu par la loi républicaine?
Compatibles ces discours de haine et de division, cette exclusion de Français juste pas conformes au portrait fantasmatique de ‘Français de souche’? Compatibles avec la devise républicaine fondée sur l’égalité et la fraternité ?
Comme il semble traîner ce quinquennat, comme une longue nuit de casse sociale, de défiance et d’affrontements, de jalousies et de peurs.
Nous pouvons le 6 mai faire lever l’aube.
Entendons Aimé Césaire et ne livrons pas le monde aux assassins d’aube.
(billet en ligne sur le blog de Christiane Taubira)