http://www.votresante.org/suite.php?dateedit=1304757094
Il faut attendre un nouveau scandale avant de retirer l’Actos du marché Le député PS Gérard Bapt, président de la mission parlementaire sur le Mediator, réclame la suspension de la commercialisation d'Actos® et du Competact®, médicaments issus du laboratoire japonais Takeda qui contiennent de la pioglitazone, indiquée dans le contrôle de la glycémie chez les patients diabétiques.
Or, pour le professeur Jean-Paul Giroud, pharmacologue, “il ne suffit pas qu'un médicament fasse baisser la glycémie pour être qualifié d'antidiabétique. Il faut aussi qu'il réduise la mortalité et la morbidité chez les patients traités”. Et cette absence de “bénéfice” pour les diabétiques a provoqué la demande de suspension de leur utilisation par la commission de pharmacovigilance, d’autant que leurs effets secondaires sont semblables à ceux provoqués par l’Avandia qui a été retiré de la vente en Europe en septembre 2010 après conclusion de l’EMA (Agence européenne des médicaments), sur un rapport bénéfices/risques cardiaques négatif.
Ce médicament, cousin germain de l'Actos® et du Competact®, lui aussi à base de pioglitazone de la famille des glitazones, augmentait le risque d'infarctus du myocarde et de mortalité d'origine cardiovasculaire de 43 %.
En outre, la pioglitazone est accusée de favoriser la survenue de cancers de la vessie car 15 cas en lien avec cette substance ont été notifiés en France à l'Afssaps.
Mais le laboratoire Takeda a réalisé une étude sur cinq ans visant à analyser la relation entre Actos® et le cancer de la vessie, et a déclaré qu’il n'apparaît pasd'association statistiquement significative entre l’utilisation du médicament et l’augmentation du risque de cancer de la vessie, dont la prévalence est estimée à 20 pour 100 000 personnes par an et semble être plus élevée dans la population des personnes diabétiques.
Mais le grand public doit à présent savoir que les études menées par les fabricants d’un produit sont peu valables et il n’existe aucune raison de penser qu’Actos® puisse être moins nocif qu’Avandia®. Aussi, toute la classe des glitazones devraient être interdite avant d’avoir causé de nombreux accidents, souvent mortels.
Pour l’instant l'Afssaps a lancé le 19 avril une “mise en garde” à tous les médecins et pharmaciens à ce sujet, ce qui ne change pas grand-chose, mais les avis des experts divergent sur la question d'une suspension immédiate ou non. En effet, la Commission nationale de pharmacovigilance de l'agence s'est prononcée pour la suspension de ces deux médicaments, mais la Commission d'Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), réunie le 7 avril dernier, s'est prononcée “à une large majorité” pour le maintien de leur commercialisation.
Le Dr Gérard Bapt a immédiatement réagi : “Vous remplacez le mot Mediator par Actos et vous avez les mêmes interlocuteurs qui vous disent les mêmes choses”, a-t-il déclaré à l'AFP. À ses yeux, la commercialisation de ce produit sans bénéfice avéré pour le diabétique est un “remake” du scandale du Mediator, dans lequel l'intérêt du patient n’a pas été pris en compte.“Le cancer de la vessie étant susceptible de se développer en 3 mois, qui portera la responsabilité des cas qui seront détectés dans les prochains mois ?” a-t-il demandé.
Pour sa part, le professeur Christian Riché, pharmacologue, présent lors des débats du 7 avril, a expliqué à l'AFP que ce risque de cancer de la vessie était “inacceptable”.
Ils ont parfaitement raison, mais doivent bien savoir qu’en France, malgré ses récentes promesses, notre ministère de sa Santé a pris l’habitude d’attendre un nouveau scandale avant de retirer du marché un médicament non seulement dangereux mais d'une efficacité jugée “faible” par la Haute Autorité de santé ?
http://www.votresante.org/suite.php?dateedit=1304757094
Sylvie SIMON
07 05 2011