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Billet de blog 7 novembre 2016

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Pour une démocratie vraie

Enumération de dénis de démocratie Proposition d'un autre constitution Transition et scénario de transition

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La démocratie n'existe plus en France, explication:

2.1 Les institutions

Le système démocratique du pays est basé sur le principe de l'élection. Pour chaque institution, mairie, département, communauté de communes, région, assemblée nationale, chef de l'exécutif, des élections sont organisées. Les partis politiques présentent des listes de candidats éligibles classés dans un ordre défini de telle sorte que le premier de la liste obtenant la majorité des voix devienne très probablement le maire, le président de conseil général, le président de communauté, le président de région, le président de la République. Pour l'assemblée nationale, c'est un peu différent : aucun des élus n'a de prérogatives particulières. Il est un des députés de l'assemblée qui vote des lois que fera appliquer l'exécutif.

Le sénat, le conseil d’État, le conseil constitutionnel, le CSA, … sont encore d'autres institutions dont le rôle peut être considéré comme mineur. Ce sont des sortes de placards pour d'anciens élus notoires. Ils sont quasi inutiles pour la démocratie. Quoique ?2.2 Le fonctionnement et ses dérives

2.2 Le système actuel

 2.2.1 Le choix des éligibles

Ce choix n'est pas fait par les électeurs citoyens mais par chaque parti politique. Dans la mesure où ce parti persiste dans le temps, ainsi que chacun de ses membres, il y a un risque certain et avéré de tractations, de népotisme, de salades internes à ce parti qui n'ont rien à voir avec la volonté des citoyens électeurs. Du coup, il est fréquent que les listes proposées par les partis aux électeurs ne correspondent en rien à l'opinion de ces électeurs, d'où un premier déni de démocratie.

 Les 'primaires' instaurées depuis 2007 par le PS et copiées en 2016 par les LR permettent aux électeurs de choisir un candidat à la présidence de la République parmi chaque parti qui organise une primaire. Néanmoins ce choix très restreint n'améliore pas beaucoup les choses ; en réalité, c'est l'impossibilité de désigner un leader du parti qui incite à utiliser cette pré-élection au sein de chaque parti qui le souhaite.

 2.2.2 Le programme proposé

Chaque liste, affiliée à un parti voire à un groupe de partis, propose un programme, normalement un projet complet et cohérent que les futurs élus s'engagent à suivre. En réalité ce programme a plusieurs défauts :

 - d'abord il est établi, non pas par les seuls éligibles de la liste, mais par les membres du parti les plus influents, puis accessoirement amendé par les éligibles de cette liste qui tentent parfois d'adapter le programme aux contingences locales. En effet, chaque parti tient à montrer sa marque de fabrique et impose donc un certain nombre de concepts, de principes qui lui sont chers et qui, pense t il, le démarque nettement des partis concurrents. 

- ensuite, voulant ratisser large et intéresser un maximum d'électeurs, les programmes sont soit très riches en multiples propositions précises, soit au contraire constitués de propositions trop généralistes. Dans le premier cas, il est quasi impossible de réaliser les propositions précises dans la durée du mandat, dans le second cas, difficile de savoir ce qui sera effectivement réalisé.

 Le programme n'est pas obtenu par concertation importante des électeurs et il y a donc peu de chance que même profondément adapté par les éligibles, il puisse correspondre à l'attente légitime des électeurs. C'est un deuxième déni de démocratie.

 2.2.3 Le vote

Les conditions de vote en France me semblent très correctes ; en effet dans chaque bureau de vote il y a toujours au moins un membre de chaque parti qui surveille (et participe) aux opérations de vote. Si ces personnes font bien leur travail à toutes les étapes et particulièrement lors du comptage des voix, la possibilité de triche est très faible. L'organisation du vote respecte le principe démocratique.

 2.2.4 Le scrutin

Le vote a eu lieu, il s'agit maintenant d'attribuer des élus pris dans chaque liste ayant obtenu un minimum de voix. Ce minimum est fixé à 5 % des votes exprimés ou blancs. Cette limite, assez haute, est prétendue nécessaire pour limiter le nombre total de listes et d'élus. Ensuite, dans le mode de scrutin majoritaire utilisé actuellement en France, le parti ayant obtenu la majorité des voix obtient un nombre d'élus beaucoup plus grand que le parti en minorité. Cela a été voulu pour éviter les débats sans fin en cas de 51 % pour le parti majoritaire et 49 % pour l'ensemble des partis minoritaires. Autant, cette prime donné au parti majoritaire est valable s'il est majoritaire de peu, autant elle est injuste si le parti majoritaire l'est largement. Cette règle pratique est grossière et ne respecte pas correctement le vote des électeurs. C'est un troisième déni de démocratie.

2.2.5 Le Respect du programme 

Une fois élus, les représentants des électeurs en font trop souvent à leur guise ; d'abord, ils ne respectent que rarement le programme proposé lors du vote, ensuite ils considèrent qu'ayant été élus légitimement, ils peuvent prendre toutes décisions sans informer, sans rapporter strictement, sans écouter leurs électeurs. Il s'agit ici du quatrième déni de démocratie sans doute le plus grave ; en effet, tout élu représentant des électeurs n'est rien d'autre que le serviteur de ces électeurs ; durant tout son mandat, il devrait sans cesse rapporter l'état de ses actions aux électeurs. Il devrait faire appel aux électeurs pour tout projet qui n'est pas inscrit ou qui est contraire au programme. Toute inaction ou action contraire au programme de l'élu devrait entraîner son éviction pour faute grave !

 2.2.6 Le respect et l'utilisation des compétences de l'opposition

Les élus du parti majoritaire ont presque toujours la majorité absolue et peuvent donc décider des actions à faire sans tenir compte des partis minoritaires. Du coup, trop souvent, les élus minoritaires ne sont pas associés aux actions entreprises. C'est un cinquième déni de démocratie puisque les élus minoritaires (dits d'opposition) représentent une partie des électeurs qu'on ne saurait écarter ou ignorer. De plus il est idiot de perdre les idées, les intelligences et la bonne volonté de ces personnes.

 2.2.7 La carrière et la caste des élus

Puisque les partis existent depuis longtemps et ont une histoire et une certaine force, leurs membres ont tout intérêt à se créer des liens serrés voir des alliances au sein de ce parti. En effet, ces liens, ces alliances leur seront très utiles pour se retrouver en bonne place lors de prochaines élections. De plus, notre système électoral autorise chaque élu à proposer à nouveau sa candidature à l'élection suivante et cela autant de fois qu'il le désire (à de rares exceptions près). Pire encore, le système autorise le cumul des mandats ; par exemple, il est courant qu'un maire soit également élu dans plusieurs institutions différentes (communauté de communes, département, région, assemblée nationale, sénat). Ces pratiques sont anti démocratiques ; puisque l'élu du mandat actuel doit penser à sa future réélection lors du mandat suivant ou bien à son élection cumul dans une autre institution. On comprend bien que cet élu ne fera rien qui puisse compromettre sa future réélection dusse t il oublier de réaliser certains éléments de son programme ou pire encore renier ce programme qui pourrait nuire à sa carrière. C'est un sixième déni de démocratie très grave.

 2.2.8 La rémunération des élus et le lobbying

 Les élus sont rémunérés durant leur mandat pour plusieurs raisons ; d'abord pour leur survie puisque le temps consacré à leur mandat est autant de temps non travaillé dans une entreprise ou une administration. Ensuite parce que cette rémunération permet de payer des frais de représentation ou d'études. Enfin, paraît il, pour les mettre à l'abri des pressions exercées par des lobbies ou des notables locaux très influents. On remarquera que ce sont des élus de l'Assemblée Nationale qui votent les lois permettant de rémunérer les élus. Ainsi les élus sont ils juges et partie de leur rémunération. Ceci est contraire à toutes les bonnes règles de gouvernance. puisque l'électeur ne peut pas décider et contrôler directement les rémunérations et les dépenses des élus. Enfin chacun sait bien que même avec une rémunération hors du commun, l'élu corrompu n'hésitera pas à profiter des largesses d'un lobby en utilisant si possible les paradis fiscaux ! C'est un septième déni de démocratie.

 2.3 Le système d'information, les médias

Le journalisme constitue normalement un solide rempart contre la corruption et contre la pression exercée par les grands groupes capitalistes du monde. Malheureusement, la plupart des grands médias de ce pays ont été achetés par de grands capitalistes ; même s'ils s'en défendent, les journalistes ne sont donc plus libres d'informer sans craindre les foudres du propriétaire du média. Même les journaux télévisés des chaînes publiques sont devenues partiaux et accordent trop d'importance aux sujets de peu d'intérêt pour l'humanité. Par exemple la mort de célébrités du show business est largement développée de même que les actions ou réactions sécuritaires. A l'inverse les sujets de fond (système politique, système économique, système social, solidarité entre les gens) ne sont pas suffisamment développés ou bien le sont dans le cadre de débats stériles dans la mesure où au final, il n'en ressort aucune vision et aucun plan d'actions positives. De manière générale la plupart des médias font appel à une source d'information commune, l'Agence France Presse, et sélectionnent souvent les sujets impressionnants. Cette source d'infos unique et cette tendance des rédactions à privilégier l'événement frappant nuisent gravement à l'authenticité des médias. Les dernières péripéties du Petit Journal ou des Guignols de Canal+ devenu propriété de Vincent Bolloré, illustrent bien cette main mise des capitalistes sur les médias. C'est un huitième déni de démocratie.

 3 Comment rétablir la démocratie ?

3.1 Le principe directeur du changement 

Pour rétablir une réelle démocratie, il faut supprimer tous les dénis de démocratie listés ci dessus, à savoir : 

1 Proposition des listes d'éligibles non démocratique,

 2 Programme élaboré sans concertation des électeurs,

 3 Scrutin majoritaire trop clivant,

 4 Non respect de l'exécution du programme,

 5 Non participation active et non utilisation des élus minoritaires,

 6 Carriérisme, caste des élus,

 7 Non contrôle des rémunérations et autres avantages par les électeurs,

 8 Non indépendance des médias.

 3.2 La résistance ou les opposants

Si l'idée de supprimer tous les dénis de démocratie est simple, sa mise en œuvre sera sans doute nettement plus complexe dans la pratique à cause de la résistance que vont opposer ceux qui profitent bien du système actuel à savoir les élus cumulards dans le temps et en nombre de mandats simultanés et les capitalistes puissants de ce pays ou du monde.

 3.3 La transition nécessaire

Par ailleurs, il semble judicieux de mettre en œuvre une transition depuis l'état actuel non démocratique vers un état final réellement démocratique. En effet la plupart des citoyens électeurs n'ont pas une conscience aigüe du dysfonctionnement de notre système politique ou ne sont pas enclins à un quelconque changement par paresse, découragement ou écoeurement. La transition est sans doute nécessaire pour avoir le temps de sensibiliser tout particulièrement les électeurs et leur permettre d'adopter sans faille les diverses étapes de cette transition vers la vraie démocratie. Mais cette transition a également un inconvénient de taille : elle laisse du temps à ceux qui veulent s'y opposer par tous les moyens fussent ils illicites. Le Brexit des anglais montre bien que les puissants oeuvrent pour tenter de faire aborter le processus et revenir dans le giron européen. A suivre !

3.4 Le but final 

Même si la transition semble nécessaire, il nous faut d'abord fixer clairement le cap final avant de dégager une liste d'étapes menant à ce but.

 3.4.1 Eradiquer le lobbying

Pour limiter au maximum le lobbying néfaste à la démocratie (dénis 7 et 8), il paraît judicieux d'interdire tout cumul de mandats et même d'instaurer le mandat unique pour toute une vie. Ainsi tout citoyen peut effectuer un mandat de gouvernance d'une institution une seule fois dans sa vie. On appellera ce citoyen, Membre de la structure de pilotage de l'institution.

 Difficulté : le nombre des citoyens prêts à se consacrer à un devoir civique majeur comme celui-là est malheureusement très limité semble t il. En effet, dans une très petite institution comme un conseil syndical ou une association, on constate que ce sont toujours les mêmes qui se présentent aux votes ; on constate également que le 'recrutement' de nouveaux est très difficile. Il faut donc trouver un moyen contraignant pour renouveler largement les membres des institutions du pays.

 Le vote ne semble pas être le bon moyen ; en effet, cela suppose de faire des listes de candidats.

Qui établit ces listes de candidats ? Ce ne peut être les partis politiques qui n'ont pas dans leurs rangs suffisamment de personnes nouvelles (encore plus vrai pour les petits partis) surtout si on met en œuvre le mandat unique. De plus le choix de candidats effectué par les partis est un déni de démocratie ! (déni 1)

Qui établit le programme ? Dans un système réellement démocratique, ce ne peut être les candidats de la liste alors que ce programme doit être la volonté des électeurs, sinon déni 2.

Comment font les partis pour informer des électeurs sur un choix de candidats alors que ces candidats, toujours nouveaux, sont donc mal connus et des partis et des électeurs ?

 Le tirage au sort semble un bon moyen ; en effet ce tirage est bien plus simple à organiser qu'une élection. La garantie de nouveau candidat et futur membre est facile à vérifier grâce au fichier national des identités existant.

Le tirage peut être représentatif des différentes couches sociales du pays. En effet grâce à l'Insee nous connaissons les différentes couches sociales et leur pourcentage de représentation. Par la connaissance de la situation actuelle de chaque individu, on peut donc effectuer un tirage au sort qui respecte la représentation des couches sociales. Les 3 millions de chômeurs actuels auront donc des candidats dans chaque institution à concurrence de leur pourcentage. Les plus pauvres seront largement représentés, les plus riches beaucoup moins en fonction de leur pourcentage de représentation dans le pays.

 Difficultés : on ne peut sans doute pas représenter finement toutes les classes sociales car le nombre de candidats futurs membres des institutions doit rester limité pour permettre un débat constructif ; il faudra donc inventer une liste simplifiée des classes sociales ; par exemple, chômeur, ouvrier, employé, cadre, profession libérale, retraité, actionnaire, soit 8 classes seulement. Il faut également tenir compte strictement de la parité homme-femme.

 Les tirés au sort peuvent refuser leur mandat ; dans ce cas on prend le suivant sur la liste. Pour éviter de retirer au sort plusieurs fois en fonction des désistements, on tire au sort beaucoup plus de personnes que nécessaire en respectant la représentativité des classes et la parité homme-femme. Si malgré cela il y a trop de désistements, on prend des 'volontaires d'office' en respectant la représentativité.

 Avantage immédiat : le tirage au sort élimine les dénis de démocratie 1 (pas de listes établies par les partis), 3 (pas de scrutin majoritaire), 5 (non utilisation de l'opposition) et 6 (pas de carrière ni caste des élus)

3.4.2 Eliminer les dénis 2 et 4 (programme non conforme à l'attente des citoyens, non respect de ce programme) 

Les membres tirés au sort pour exercer un mandat ont un double rôle quelque soit l'importance de l'institution qu'ils pilotent :

 1. Un rôle dit législatif, d'élaboration de lois ou programmes. 2. Un rôle dit exécutif, de mise en application des lois ou programmes.

 La première mission des membres d'une institution, tirés au sort selon les règles ci-dessus, est d'établir un programme en n résolutions qu'ils soumettent par vote aux citoyens du territoire de l'institution. Par le vote les citoyens valident ou non chacune des n résolutions. Toute résolution qui n'obtient pas au moins de 55 % des voix des électeurs votants est rejetée. Toute résolution qui obtient plus de 55 % des voix est acceptée. Si sur les n résolutions, 55 % de celles-ci sont rejetées, le programme et donc le vote sont à refaire.

Une résolution ou loi comporte un certain nombre de caractéristiques majeures comme :

 - la durée d'application ou d'activité

 - le domaine d'application

 - l'objet

 - la logique (une résolution ou loi ne peut pas être contraire, logiquement, à une autre qui a déjà été votée et est encore active)

On espère ainsi obtenir un programme conforme à l'attente des citoyens (déni 2 éliminé).

 La deuxième mission des membres est de faire exécuter les résolutions ou lois qui ont été retenues par les électeurs du territoire de l'institution.

 Tous les 6 mois, les membres d'une institution sont tenus de rendre compte aux citoyens des résultats obtenus. A l'inverse les citoyens, à l'issue d'une pétition recueillant au moins 5 % des voix, peuvent faire faire un audit des résultats du programme ou encore obtenir la destitution d'un membre en faute grave. Ils peuvent également destituer l'ensemble des membres pour non respect du programme. Les membres destitués sont immédiatement remplacés par un nouveau tirage au sort. Si tous les membres ont été destitués, les remplaçants doivent élaborer un nouveau programme. On espère ainsi éliminer le déni 4 (non respect du programme).

 Remarque 1 : Il n'y a plus besoin de séparer le législatif de l'exécutif puisque les deux rôles sont bien contrôlés par les citoyens.

 Remarque 2 : Le président est toujours élu et choisi par les membres et eux seuls. A part ses capacités personnelles, ce président n'a pas plus de pouvoir que chacun des membres. Le président de l'institution nationale peut être considéré comme le président de l’État.

 Remarque 3 : Le gouvernement ancien (exécutif) et le parlement (législatif) sont fondus dans la seule institution nationale. Il n'y a plus ni Assemblée nationale, ni Sénat. Il n'y a plus de ministres ou secrétaires d'état. Et donc plus d'avantages divers et variés exorbitants alloués. L'institution nationale fonctionne selon les mêmes règles que toute autre institution.

 Remarque 4 : L'institution nationale est sous le contrôle de tous les citoyens du pays. Les résolutions ou lois imaginées sont mises au vote de tous les citoyens. L'institution nationale se doit ensuite de faire appliquer les lois adoptées par les citoyens.

 Remarque 5 : Une loi ou une résolution d'un programme peut avoir une durée limitée au mandat ou une durée plus longue voire perpétuelle. La Constitution qui définit les règles de fonctionnement ici décrites est un exemple de loi à durée perpétuelle. Les membres sont tenus de faire appliquer toutes les lois ou résolutions actives.

 Nombre de membres : il est fonction du schéma simplifié des couches sociales d'une part, de l'importance du territoire d'autre part. Ce nombre est au minimum de 3 (très petite commune par exemple) et au maximum de 50 (assemblée nationale) ; le nombre moyen pour une commune moyenne par exemple correspond au nombre de couches sociales retenues pour faire le tirage au sort soit 8 selon notre exemple précédent.

 Remarque 1 : dans le cas d'une très petite commune il est quasi impossible de respecter la représentation de chaque couche sociale et même la parité homme – femme sur un mandat. Dès lors la parité homme_femme et la représentativité des couches sociales devra se vérifier sur plusieurs mandats selon une 'rotation' ou une 'alternance'.

 Remarque 2 : dans chaque commune, le tirage au sort se fera par rapport aux classes sociales existantes de la commune. Par exemple s'il n'y a ni chômeur, ni retraité dans une commune, le tirage au sort portera sur les classes sociales restantes. De même si une commune ne comportait que des femmes, la parité homme-femme ne peut plus être respectée.

 Remarque 3 : toute commune d'importance, une communauté de communes, un département, une région, la nation est réputée contenir toutes les couches sociales et vérifier la parité homme-femme.

 Remarque 4 : 50 membres maximum pour une grande institution peut sembler peu. En fait c'est largement suffisant pour que le débat ne s'éternise pas lors de l'élaboration des résolutions. C'est également suffisant pour faire exécuter ces propositions et communiquer les résultats aux citoyens du territoire. En effet, les membres sont une structure de pilotage qui s'appuie sur des fonctionnaires spécialisés et compétents de l'institution.

 Durée de travail dans le mandat : dans la plupart des cas les membres sont à temps partiel dans leur mandat ; néanmoins pour de grandes institutions, le mandat peut exiger un temps plein. La durée du mandat est proposée au vote des électeurs qui en décident au final. Le mandat à temps partiel est compatible avec le maintien de l'actuelle activité du membre tant que le taux de ce temps reste < 50 % . Au delà il semble intéressant de passer au mandat à temps plein. Mais le mandat à temps plein exclue toute autre activité du membre et ne peut convenir qu'à des personnes qui acceptent de quitter totalement leur activité durant la durée du mandat.

 Durée du mandat : 7 ans en rotation ; toutes les institutions ne changent pas de membres par tirage au sort en même temps ; tous les membres d'une institution ne sont pas renouvelés en même temps mais au contraire en rotation sur 7 ans.

 Remarque 1 : à l'initialisation du processus on tirera au sort 1/7 ème des membres, plus un autre 1/7ème l'année suivante et ainsi de suite pendant 7 ans. La 8ème année le premier 1/7 sera renouvelé et ainsi de suite.

 Remarque 2 : tout départ de membre pour faute grave, maladie grave ou décès, rejet par les élus, est remplacé immédiatement. Sauf, cas de cette nature, tout membre reste en fonction 7 années au plus.

 Rémunération des membres : les membres sont subventionnés par l’État à hauteur de leur rémunération avant mandat et au prorata du temps effectué. Les membres à temps plein retrouvent de plein droit leur job à l'issue de leur mandat. Les membres à temps partiel gardent leur activité et peuvent voir leur rémunération actualisée en fonction d'une éventuelle augmentation de salaire durant le mandat. Les membres retraités avant mandat gardent leur retraite entière et ne sont pas subventionnés par l’État. Les membres actionnaires avant mandat ne sont pas subventionnés par l’État.

 Frais des membres : pour l'exécution du programme, les membres peuvent avoir des frais ; ces frais sont remboursés sur justificatifs et sont plafonnés. Tout dépassement de ce plafond ou toute justification falsifiée, erronée ou manquante est considérée à priori comme une faute grave pouvant être sanctionnée par une destitution demandée par les électeurs (5%).

 Qualification et compétence des membres : les nouveaux membres découvrent le job ; tout se passe comme s'ils étaient en apprentissage. Pendant la première année de leur mandat ils sont donc dépendants des autres membres et relativement influençables. Néanmoins, la durée du mandat étant de 7 années, ils disposent d'un crédit temps estimé comme suffisant pour acquérir leur libre arbitre. Par ailleurs, la formation continue, valable pour tous les citoyens dont les membres d'institution, devrait aider à l'acquisition des connaissances et des moyens nécessaires.

 Certains membres, de la classe ouvriers, par exemple sont considérés par les intellectuels comme inaptes à l'exercice d'un mandat ! C'est faux : tout individu quel que soit son niveau d'instruction est capable de prendre une décision de bon sens et celle-ci doit être respectée par les autres membres ; bien entendu, le débat entre les membres, les explications, les notes d'information devraient aider à prendre les décisions les plus justes. La volonté de représentativité proportionnelle des classes sociales donne plus de poids aux classes chômeur, ouvrier, employé, retraité qu'aux classes cadre, profession libérale ou actionnaire. C'est voulu pour une réelle démocratie. Remarquons que les intellectuels de toute classe sont présents parmi les membres et donc capables d'élever le débat si nécessaire.

 Structure de pilotage des membres et fonctionnaires : Le système démocratique proposé se limite à priori à la structure de pilotage. On peut imaginer que le système traite également du fonctionnariat c'est à dire des personnes gérant les institutions à temps plein, sélectionnés sur leurs compétences et dont la durée de mandat serait assez longue pour assurer la stabilité de ces institutions. En effet, ce personnel fonctionnaire est payé par l’État tout comme les membres. Ce personnel travaille à temps plein pour l'institution. Doit il pour autant travailler toute sa vie pour la même institution ? C'est vraisemblablement peu souhaitable, tant pour le renouveau de l'institution que pour l'évolution de carrière de l'individu. Du coup, le nouveau fonctionnaire pourrait avoir un contrat à durée assez longue mais limitée, par exemple de 15 années. Le fonctionnaire et le membre sont rémunérés par l’État. Néanmoins, le fonctionnaire n'est pas tiré au sort, mais choisi, embauché en fonction de ses compétences. Ce qui le différencie nettement du membre de la structure de pilotage. C'est d'ailleurs cette compétence qui permet au fonctionnaire d'apporter au membres l'éclairage nécessaire pour prendre les décisions en connaissance de cause.

 Difficulté : Il est possible que les fonctionnaires spécialisés dans leurs taches et plus pérennes que les membres de la structure de pilotage, puissent influencer ces derniers. Néanmoins, la soumission au vote des citoyens de toute loi/résolution ainsi que le contrôle de bonne exécution de celles-ci devrait limiter ce risque d'influence.

 4 Scénarios de transition

 4.1 Scénario 1

 On garde tels quels les partis politiques existants ou nouveaux.

 - On peut commencer par la suppression de toute possibilité de cumul. Certes, les partis pourront mettre en place des sous fifres et avoir ainsi l'impression de contourner le non cumul ; mais c'est sans compter sur la personnalité des individus qui peuvent prendre leur indépendance et goûter au jeux de pouvoir. Et puis à la fin d'un mandat de 7 ans, le sous fifre doit être remplacé !

 - Poursuivre par la limitation à 3 mandats maxi pour tout élu. (durée totale de carrière limitée à 15 ou 21 ans selon la durée de chaque mandat). Cette règle pouvant être durcie ensuite à 2 mandats seulement puis à un seul.

 - Révision du système de scrutin, ni majoritaire, ni proportionnel mais fonctionnel.

 Principe : si l'écart de voix entre deux listes est très faible, de l'ordre de 1 voix à 5 %, on applique une règle du système majoritaire en donnant plus d'élus à la liste leader. Par contre si l'écart de voix est plus grand, on applique une règle du système proportionnel en donnant un nombre d'élus proportionnel au nombre de voix.

Exemple : si un scrutin donne 49 % et 51 %, et qu'il y a 50 élus au total, on fera une sorte d'arrondi à 20 élus pour le minoritaire et 30 pour la majoritaire. Si un scrutin donne 10 %, 30 % et 60 % et qu'il y a 50 élus au total, on donnera respectivement 5 élus, 15 élus et 30 élus.

 - Révision du fonctionnement des institutions

 Principe : les élus d'opposition participent aussi à tous les projets des institutions. Non pas sous forme de représentation minoritaire sur chacun des projets, mais en obtenant la charge de développer et soutenir entièrement quelques projets à concurrence du % d'élus d'opposition

 Exemple avec 20 élus minoritaires et 30 majoritaires ; supposons qu'il y ait 20 projets à mener sur la durée du mandat. Les élus minoritaires auront en charge 8 dossiers et les élus majoritaires 12 dossiers à monter et à défendre. Le choix des dossiers se fera par tirage au hasard afin d'éviter toute manipulation des élus majoritaires.

 -Révision du système de rémunération 

 Principe 1 : l'élu ne pouvant plus faire toute sa carrière dans la politique, il faut lui assurer son retour dans la vie active. De plus le ou les mandats étant la parenthèse dans une vie active (privé ou public), aucun avantage ne doit être attribué au mandat d'élu. Par exemple, durant son mandat, l'élu continue à comptabiliser ses points de retraite comme s'il travaillait, ni plus, ni moins.

 Principe 2 : le mandat fixe un pourcentage de temps alloué exclusivement à ce mandat. Selon l'importance de l'institution objet du mandat, ce temps est plein ou partiel. Par exemple dans un village de moins de 500 habitants, le temps, partiel est fixé à 10 %. Pour une commune de plus de 20.000 habitants, le temps est plein (100%). L'élu n'exerce plus dans la vie active.

 Principe 3 : le montant de la rémunération de l'élu doit être égal au montant de sa rémunération dans la vie active. Par exemple, s'il avait un revenu de 25.000 euros annuel dans la vie active et que son temps partiel est fixé à 20 % pour son mandat, cet élu recevra 20.000 euros de son employeur et 5000 euros de l’État. Le gestionnaire et propriétaire de son entreprise s'alloue un salaire, lissé sur les 3 années précédent le mandat, qui servira de base à ce calcul. Pour une profession libérale, il faudra déterminer le revenu net en utilisant les données fiscales ; etc …

 Réduction du nombres d'élus

 Dans la vie active, une équipe de 10 personnes au plus est gérée par un responsable. Cette règle empirique est garante d'une bonne gestion et d'une bonne coordination de l'équipe. De même dans un mandat, le nombre d'élus de premier rang est limité à 8 : un 'chef' et 7 membres. Chaque membre de 1er rang pouvant avoir au plus 7 'sous' membres ; au total le nombre d'élus est donc de 50 membres. Lorsque l'institution est petite, seuls les membres de premier rang existent soit 8. Même si l'institution est énorme, le nombre maximum de membres reste limité à 50. En effet, dans cette hypothèse, les membres élus sont secondés par une administration importante.

 Pour une très petite institution comme une commune, le nombre de membres peut être réduit à 3.

 A l'issue de la mise en œuvre complète du scénario, compte tenu de la réduction drastique des ténors de parti, le passage au système de recrutement des membres de gouvernance d'institutions par tirage au sort deviendra sans doute facile et bien plus économique que le vote sur listes. Et une fois le tirage au sort mis en place, l'élaboration du programme devient la responsabilité des membres et non des partis ; et les membres sont tenus et contrôlés par les citoyens de respecter strictement le programme préalablement voté par ces citoyens.

 Le rôle des partis n'est pas nul pour autant dans ce scénario ; chaque parti peut proposer son modèle de programme. Et les membres des institutions comparer, débattre et élaborer leur propre programme en puisant dans les divers modèles qui leur sont proposés. Néanmoins rappelons nous que, du fait du tirage au sort, aucun des membres n'est à priori affilié à quelque parti que ce soit. De plus le programme est proposé sous forme d'une liste de résolutions soumise au vote des citoyens.

 4.2 Scénario 2

 On donne immédiatement le pouvoir d'établissement du programme aux citoyens.

 - Etablissement du programme par les citoyens

 La difficulté réside ici dans la façon d'obtenir les desiderata des citoyens de façon impartiale. Néanmoins, en utilisant les moyens de communication internet, les modèles de classement des informations existants, on peut espérer mettre au point un questionnaire assez exhaustif, assez précis avec une liste d'items pour lesquels chaque citoyen pourra donner l'une des opinions suivantes : ne sais pas, pas d'avis, avis positif, avis négatif, question partiale, question ambiguë, question hors programme. Le dépouillement de l'enquête a pour but de faire apparaître les points obtenant un large avis positif.

 Néanmoins si le nombre des opinions ne sais pas, pas d'avis, question partiale, question ambiguë ou question hors programme cumulées est supérieur aux avis positifs, le point sera rejeté. D'autres règles sont sans doute à élaborer pour qu'une telle enquête débouche sur un programme sans distorsions importantes.

 - Soumission du programme citoyen aux partis existants

 Les partis prennent connaissance du programme, désignent des éligibles (listes électorales classiques) lesquels élus sont tenus de respecter strictement ce programme.

 - Vote 

 Mise en place des révisions de scrutin, de fonctionnement, de rémunération et de réduction des membres tels que décrites dans le scénario 1

 4.3 Comparaison des scénarios et choix

 Le premier scénario supprime les castes politiques mais permet encore aux partis d'exercer une influence sur les membres via le programme qui n'est pas élaboré ou choisi par les électeurs. Néanmoins dès que l'on met en place le contrôle du programme (acceptation/rejet) par les citoyens, l'influence du parti ou des lobbies à la manœuvre devient beaucoup plus faible.

 Le second scénario met en place le programme citoyen dès le début, sans remettre en cause le cumul des mandats et les castes politiques. Néanmoins le contrôle de base du programme par les électeurs restreint fortement toutes les magouilles politiques. L'élu a pour rôle de faire appliquer le programme élaboré par les électeurs, il est désormais le serviteur de ces électeurs citoyens qui peuvent remettre en cause les divers avantages pécuniers que se sont attribués les hommes politiques jusqu'à présent.

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