Au CMPP dont je parle pour témoigner des dégâts causés par les mesures prises pour imposer l'obligation vaccinale contre le covid, les suspensions de plusieurs psychomotriciennes et psychopédagogues ont gravement désorganisé le travail depuis plus d'un an.
Au cœur de la pratique en CMPP, il y a la synthèse. Chaque semaine, assistante sociale orthophoniste psychiatre psychomotricienne psychopédagogue psychothérapeutes secrétaire marquent un arrêt dans les consultations et l'accueil pour se réunir. La synthèse, c'est le travail à plusieurs, le croisement des discours et le creuset où s'élabore chaque proposition thérapeutique, repensée ensemble au fil de l'accompagnement parfois très long des patients.
Suite aux suspensions, l'absence des psychopédagogues qui interviennent sur des petits temps a pu à peu près être compensée, mais les conséquences de celle des psychomotriciennes sont majeures.
Le 15 septembre 2021, quatre équipes de synthèse sur cinq se sont en effet retrouvées sans psychomotricienne. La richesse des échanges en a été affectée, fini les bilans psychomoteurs, terminé l'éclairage qu'ils apportent sur la façon dont l'enfant s'est approprié ou non son corps, investit l'espace et les objets, se repère, peut entrer en relation.
Dans ces synthèses, la thérapie psychomotrice - modalité thérapeutique qui aurait été indiquée pour de nombreux enfants - n'a plus pu être proposée.
Compenser les absences par des embauches est techniquement compliqué à organiser, et recruter est par ailleurs difficile, beaucoup de postes sont non pourvus en CMPP.
On constate une augmentation des troubles mentaux depuis la crise du covid, ce qui n'a pas empêché de mettre en œuvre et de maintenir des mesures qui dégradent l'offre de soins psychiques. Une telle incohérence laisse perplexe.
La loi du 5 août 2021 stipule ce qui suit : "Un décret, pris après avis de la Haute Autorité de santé, peut, compte tenu de l'évolution de la situation épidémiologique et des connaissances médicales et scientifiques, suspendre, pour tout ou partie des catégories de personnes mentionnées au I, l'obligation prévue au même I"
La maladie est devenue moins grave et les connaissances sur les vaccins montrent qu'ils n'empêchent pas la contamination.
Pourtant rien n'a changé pour les professionnels suspendus, ils continuent à subir des mesures qui mettent à mal leurs droits fondamentaux et impactent le travail de leurs collègues.
Pourquoi ?