Forcément ces chiffres de personnes encore réellement suspendues ont diminué, car qui peut vivre aussi longtemps sans salaire ou de petits boulots sans aucune visibilité, sans envisager une reconversion ?
Mais en répétant que seules peu de personnes sont concernées, un petit pourcentage, avec même une expression si joliment imagée, un "fond de cuve", en se reposant inlassablement cette question pour constater que les chiffres diminuaient, il a fortement et activement été travaillé à faire du sujet des "suspendus" une non-question.
Pourtant la réalité est tout autre.
En effet,
outre les personnes encore effectivement suspendues,
il y a
celles qui sont en congé de maladie,
celles qui ont pris une disponibilité ou un congé sabbatique,
celles qui sont parties à la retraite prématurément,
celles qui ont démissionné.
Il y a également les soignants libéraux qui ont été contraints de fermer leurs cabinets.
Michèle Rivasi, député européenne et vice-présidente de la "Commission spéciale sur la pandémie de COVID-19: Leçons tirées et recommandations pour l’avenir" au Parlement Européen évoque le chiffres de 130 000 personnes.
Parmi l'ensemble des professionnels soumis à l'obligation vaccinale covid qui ont refusé de se faire vacciner, un très grand nombre sont des soignants, et beaucoup d'entre eux sont donc déjà perdus pour toujours pour le système de soins.
Alors parler d'un millier d'infirmières et de quelques dizaines de médecins encore suspendus, en faisant simplement comme si les autres n'existaient pas, c'est inqualifiable.
Il ne faudrait par ailleurs pas oublier les personnes opposées ou réticentes à la vaccination mais qui ne sont pas visibles, car elles sont à leur poste : ce sont celles qui travaillent avec de faux certificats de vaccination, et toutes celles qui se sont fait vacciner contraintes et forcées, contre leur volonté. Ces dernières aussi ont été maltraitées d'une manière grave.
Si, au lieu d'annoncer des nombres faibles de suspendus, on comptabilisait les personnes soumises à l'obligation vaccinale qui s'y sont soumises par conviction et de bon cœur, je me demande à quel pourcentage on arriverait. Au mois de décembre, seuls 20 % avaient fait leur deuxième rappel, cela donne une idée.
Pour l'instant, ce rappel vaccinal contre le covid n'est en effet pas obligatoire. Comme un rappel n'offre qu'une protection très courte contre l'infection (si toutefois cette dernière ne lui succède pas rapidement, comme c'est souvent le cas), la grande majorité des soignants actuellement au travail ne protègent personne par leur vaccination.
Pendant ce temps, les soignants non-vaccinés qui ne sont pas encore partis faire autre chose et espèrent encore leur réintégration restent interdits d'exercer et vivent des situations de précarité et de non-droit jamais connues auparavant. Et ceux d'entre eux qui contractent le covid ne peuvent retravailler dans les faits que pour moins de quatre mois.
Pendant ce temps, dans tous les autres pays les soignants travaillent, vaccinés contre le covid ou pas.
Je laisse cela à votre réflexion.