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Billet de blog 8 avril 2023

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Une manière de continuer à tester notre résistance ?

Le 5 avril, Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de Santé a été entendue par la commission des affaires sociales du Sénat sur le rapport d'analyse prospective de la HAS et sur les obligations vaccinales.

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Le 5 avril, Dominique Le Guludec, présidente du collège de la Haute Autorité de Santé a été entendue par la commission des affaires sociales du Sénat sur le rapport d'analyse prospective de la HAS et sur les obligations vaccinales.

L'intégralité de son intervention est visible ici, et des extraits concernant l'obligation vaccinale ici.

Elle se félicite de l'indépendance de la HAS, de la transparence de son travail, de l'utilisation de méthodes reconnues sur un plan international et d'un savoir-faire datant de vingt ans (la HAS existe depuis 2004).

"Nous avons rendu des avis en huit jours", dit-elle.
Rien de tel pour l'obligation vaccinale contre le covid des soignants et assimilés, puisque sur demande de la DGS son réexamen a eu lieu dans le cadre d'un travail global concernant toutes les obligations vaccinales actuelles des soignants et a duré plus de quatre mois.

L'argument principal de D. Le Guludec pour justifier l'obligation vaccinale covid préconisée par la HAS à l'été 2021 est la trop faible couverture vaccinale des soignants à ce moment-là en France. Mais dans ce cas, pourquoi avoir maintenu l'obligation à l'été 2022, alors qu'il était affirmé que le nombre de suspendus - donc de soignants non vaccinés - était très faible ?

"Il faut être très prudent dans les obligations vaccinales et toutes les suites qu'elles entraînent".
Certes...
À cela il n'aurait pas été inutile que la HAS réfléchisse bien plus tôt, en tous cas dès l'été dernier ou même depuis, dans la mesure où la loi du 30 juillet 2022 stipule qu'elle pouvait s'autosaisir sur la question de l'obligation vaccinale covid.

"Il y a des critères pour imposer une vaccination à des personnes en fonction de leur métier, ces critères sont clairs, c'est qu'une maladie soit sévère, grave, qu'il y ait un risque particulier pour eux, ou un risque particulier pour les personnes dont ils ont la charge, et puis évidemment qu'il y ait des vaccins sûrs et efficaces".
Très bien.
Avec de tels critères, pourquoi suis-je interdite depuis près de dix-neuf mois d'exercer mon métier auprès d'enfants qui ne présentent pas de fragilité somatique, au détriment des soins psychiques dont ils ont besoin ? Pour eux, les conséquences d'un tel défaut de soins sont très graves, mais il semble bien que cela soit indifférent aux diverses instances décisionnelles puisqu'elles ont poursuivi le forcing en toute connaissance de cause. En effet, une parmi beaucoup d'autres, je les ai alertées de manière répétée depuis le 15 septembre 2021 sur les effets des suspensions en terme de carence de soins et d'impact sur le travail de tous, en l'occurence au CMPP dont je témoigne.

Je ne m'engagerai pas dans une discussion sur la "sûreté" ou "l'efficacité" du vaccin covid. D. Le Guludec finit par glisser qu'il faudrait "absolument leur imposer un rappel tous les trois mois, pour que ça soit parfaitement efficace". Or dans les faits cela n'est même pas totalement vrai puisque de nombreuses personnes contractent le covid dans les jours ou les semaines qui suivent un rappel vaccinal. Il n'y a donc aucun moyen d'avoir une protection "parfaitement efficace" grâce au vaccin covid. Je rappelle simplement encore une fois qu'à l'été 2022 l'obligation vaccinale a été maintenue par la HAS, mais que les rappels n'ont ensuite pas été exigés.

Les milliers de professionnels suspendus sans salaire depuis plus d'un an et demi attendent toujours que la date de leur réintégration soit annoncée.

Car depuis que la HAS a annoncé le 30 mars qu'elle ne considère plus que la vaccination covid doit être obligatoire pour les soignants mais seulement "fortement recommandée", que fait le ministre de la santé ? Il consulte les fédération hospitalières, les organisations syndicales et les ordres professionnels pour que les réintégrations se passent "le moins mal possible".

Voici la réaction de Caroline Fiat, la députée qui a porté au mois de novembre à l'assemblée nationale le projet de loi de réintégration, projet dont le vote n'avait pas pu avoir lieu puisque le gouvernement avait fait obstruction. Aux arguments de C. Fiat, le ministre oppose qu'il ne veut pas "créer une nouvelle crise".

...

Quand serons-nous enfin réintégrés, et dans quelles conditions ?

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