Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

78 Billets

0 Édition

Billet de blog 8 octobre 2022

Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

Obligation vaccinale contre le covid, déontologie et droits

Au moment où la pression à la vaccination est arrivée à son comble avec le vote du pass vaccinal, ceux qui franchissaient le pas étaient qualifiés de "repentis".

Christine LETZ

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pour n'en rester qu'à la connotation morale du terme, ne pas se faire vacciner a donc été considéré comme une faute, sous-entendant que ces personnes ne s'étaient auparavant pas bien conduites, n'avaient pas agi de manière citoyenne et solidaire comme cela m'a été dit un jour. La notion de solidarité pouvait s'entendre tant que l'on pensait qu'être vacciné protégeait les autres, mais ensuite ?

Pour les soignants, va-t-on en rester à l'affirmation que devoir se faire vacciner contre le covid relèverait de la déontologie professionnelle, ou sera-t-il possible de prendre en compte le fait que cette vaccination n'est pas ordinaire, pour se demander si son obligation est compatible avec les droits fondamentaux ? Soulever cette question est pour l'instant balayé, au prétexte que la loi a estimé que la protection de populations vulnérables justifiait l'obligation vaccinale au même titre que d'autres vaccins sont obligatoires. La vaccination contre le covid est banalisée, alors qu'elle n'a rien de banal. Par ailleurs elle n'empêche pas la transmission du virus.

Ailleurs, que pense-t-on de ces questions ? Partout des soignants contestent cette obligation vaccinale, toujours avec les mêmes arguments.

En Angleterre elle devait entrer en vigueur en avril mais n'a pas été appliquée car le ministre de la santé l'a jugée disproportionnée à la situation sanitaire. En Belgique le même principe de proportionnalité est pris en compte.

En Allemagne, alors qu'une obligation vaccinale générale était envisagée au printemps, des juges et des procureurs ont écrit aux députés une lettre dans laquelle ils développaient divers arguments et soulignaient en particulier que forcer quelqu'un à se faire vacciner avec les vaccins actuels contre le covid, susceptibles d'effets secondaires graves pouvant aller jusqu'au décès, contrevient entre autre à plusieurs articles de la Convention Européenne des Droits de l'Homme. La loi n'a pas été votée. L'Allemagne qui avait juste auparavant imposé aux soignants l'obligation vaccinale est en train de revenir en arrière.

Si la France ne parvient pas à reconnaître que dans l'état actuel des connaissances et de l'absence de recul sur ces vaccins une obligation ne respecte pas le droit à l'intégrité physique, pourra-t-elle au moins reconnaitre la disproportion et remettre au travail les soignants suspendus qui le souhaitent encore, de manière ce qu'ils retrouvent le droit à exercer sa profession et à en vivre ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.