Entre test positif au covid et reprise
il m'a fallu attendre 11 jours
alors pour les couvrir financièrement
j'ai envoyé un arrêt maladie
à la sécurité sociale et à mon employeur
ensuite rien ne s'est passé
aucune indemnité maladie
sur la fiche de paie
aucune nouvelle de la CPAM
alors j'ai interpellé mon employeur
qui m'a dit avoir fait le nécessaire à son niveau
et que si indemnités il y avait
c'est moi qui les toucherais
puisque je n'étais pas encore réintégrée à ce moment-là
alors j'ai appelé la CPAM
où contrairement à d'autres administrations
après quelques touches à taper
il est plutôt facile d'avoir un humain au bout du fil
alors l'humaine à qui j'ai expliqué ma situation m'a répondu
qu'elle faisait remonter pour que mon dossier soit étudié
quelques jours plus tard j'ai reçu via mon compte ameli
un courrier-type indiquant que
mon congé maternité ne pourra être indemnisé
courrier accompagné d'un récapitulatif des conditions
d'attribution des indemnités journalières maternité
il m'est également proposé
de contacter l'assurance maladie
pour obtenir de l'aide en cas de difficultés financières
enfin je suis informée que je peux
ne pas être d'accord avec cette décision
et faire un recours amiable dans un délai de deux mois
la signataire de ce courrier
a fait précéder sa signature par
"avec toute mon attention"
alors après le moment de sidération et d'effarement
sur l'erreur concernant les indemnités en question
je suis allée regarder de plus près
pour essayer de comprendre ce qu'il se passait
ensuite j'ai rappelé la CPAM
si vous ne souhaitez pas que
cette conversation soit enregistrée
tapez 7
là pas moyen de parler à la signataire du courrier
un autre humain tout à fait urbain m'a confirmé
que si on n'a pas travaillé un certain nombre d'heures
dans les trois mois - ou durant l'année - précédent le congé
on ne touche pas d'indemnités maladie
alors pour éviter la case "recours" j'ai tenté d'argumenter
j'ai dit que l'interruption du travail de plus d'un an
n'était pas de mon fait mais due à la suspension
qu'avant cela j'avais cotisé
durant 35 ans à la sécurité sociale
rien à faire
ou plutôt si
une seule chose le recours
alors j'ai demandé qu'au moins le courrier soit modifié
pour pouvoir faire un recours sur le bon courrier.
Quand on n'a plus touché un sou
depuis quatorze mois (425 jours, à peu près)
se battre pour 11 jours d'indemnités maladie
peut paraître dérisoire
et effectivement pour les sous c'est très très dérisoire.
Sauf qu'en réalité c'est 11 jours sur à peine 120 jours
de sous qui auraient dû rentrer
si rien ne se passe pour empêcher ma prochaine suspension
alors vu ainsi ce n'est pas si dérisoire
et que se serait-il donc passé
si je m'étais blessée
peu après ma réintégration ?
pas de sous, faites un recours ?
Et moi, ce que je trouve très dérisoire,
et terriblement impressionnant à la fois,
c'est l'application soigneuse
mise par chaque humain de chaque administration
à appliquer les protocoles, les règlements,
docilement, strictement, à la lettre,
à une situation totalement inédite et anormale,
une suspension sans salaire depuis autant de temps.
Aucun scrupule aucun état d'âme aucune entorse
Notre sort est suspendu aux avis
de la Haute Autorité de Santé
du Comité Consultatif National d'Éthique
attendus dans les jours qui viennent,
et qui vont déterminer, est-il dit,
la décision du gouvernement
de nous réintégrer ou non.
Si nous ne sommes pas réintégrés
que va-t-il se passer ?
Serons-nous licenciés
au mieux congédiés par rupture conventionnelle ?
Une telle issue
pour des milliers de personnes
qui n'ont commis aucune faute professionnelle,
dont énormément de soignants
consciencieux motivés soucieux de leurs patients
serait un scandale sans précédent.
Dans un tel cas,
si, à l'image de celui de la sécurité sociale,
le protocole de pôle emploi
(la "période de référence" utilisée
pour calculer l'allocation chômage)
n'était pas adapté à notre situation
certains d'entre nous se retrouveraient,
ce serait mon cas,
dans une situation de précarité financière.
J'ai posé la question à Pôle Emploi,
pas de réponse à ce jour.