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Billet de blog 19 septembre 2022

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Soignants suspendus, que deviennent-ils ?

Au nom de quoi continuer à interdire à des citoyens d'exercer leur profession, et jusqu'à quand cela va-t-il durer ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis plus d'un an, des personnes qui ont fait le choix de ne pas se faire vacciner contre le covid sont mises au ban de la société et dans une situation de non-droit totalement inédite. Leur suspension les prive en effet de leur salaire et des cotisations qui y sont liées : sécurité sociale, retraite.

Le 15 septembre 2021, des milliers de professionnels ont été interdits de franchir les portes de leurs lieux de travail. Parce qu'ils avaient refusé de se faire vacciner, on a estimé nécessaire de suspendre des soignants, et d'autres (dont certains ne croisent jamais un patient), pour "protéger des populations vulnérables".

Est-il légitime de forcer quelqu'un à mettre potentiellement sa santé en danger, au nom d'une protection d'autrui qui s'est rapidement révélée peu évidente ? Très vite on a en effet constaté que les vaccins contre le covid peuvent entrainer des effets secondaires parfois graves, et n'empêchent ni de contracter la maladie, ni de la transmettre. Malgré cela, les soignants non vaccinés sont restés interdits de travailler, au détriment des soins. Quant au souci de la protection d'autrui, évident dans ces professions, d'autres moyens que le vaccin sont très efficaces pour y répondre.

Peut-être a-t-on pensé faire taire des voix discordantes en agissant de la sorte, et en prétendant que ces professionnels n'avaient pas de déontologie, n'aimaient pas leur métier, ou étaient mal informés. Leur parole, leurs questions dérangent-t-elles à ce point ?

Un an plus tard, alors que toutes les mesures étaient levées, il a été dit que la réintégration dépendrait de la situation sanitaire. Au plus bas de l'épidémie, il a été jugé préférable de continuer à laisser des professionnels à l'écart plutôt que de profiter de leurs compétences. Comme cet été, pour les pompiers.

Aux abois financièrement, des soignants travaillent en usine, tiennent la caisse au supermarché, sont veilleurs de nuit. D'autres travaillent à l'école ou en crèches, sans exercer leur métier et au prix de pertes financières importantes. Beaucoup dépendent de la solidarité de leur entourage.
Après un deuil parfois douloureux de leur profession, il y a ceux qui ont tourné la page et s'en sont allés vers un ailleurs qui leur redonne espoir. Et il y a ceux, très nombreux, qui restent dans l'attente d'un dénouement toujours repoussé.

Usés, au bout de leurs forces et de leur résistance, certains demandent maintenant à être soit réintégrés, soit licenciés. Faut-il être désespéré et acculé, pour en arriver là. S'ils devaient être licenciés plutôt que réintégrés, ils dépendraient ensuite de la solidarité de la collectivité en attendant des jours meilleurs, après avoir été suspendus en pleine crise sanitaire alors que l'on manque de soignants.
Ne serait-ce pas honteux et insensé ?

N'est-il pas grand temps de revenir à la raison, en réintégrant ceux qui le veulent encore et en abrogeant l'obligation vaccinale contre le covid, à l'instar de pays voisins ?

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